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EAN : 9782330066543
128 pages
Jacqueline Chambon (07/09/2016)
3.33/5   15 notes
Résumé :

Chaque été, une Simca cerise conduit la famille du narrateur sur une côte sauvage de Majorque.

Alors commence les liturgies quotidiennes des vacances : les bains, les promenades en montagne, la présence biblique des chèvres, les lectures, l'observation des étoiles.

Du souvenir de ces étés surgit la figure du père et un territoire vital pour l'univers de l'écrivain Llop.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Le paradis est toujours une métaphore du bonheur et Proust disait que tous les paradis sont des paradis perdus. Comme l'est l'enfance", dit José Carlos Llop qui nous raconte dans ce court roman, le paradis des étés de son enfance, Majorque.

Fils d'un militaire , il y passe l'été avec ses parents et ses frères, à Betlem, au sud de l'île,dans une zone militaire interdit au public. Un endroit désert, au climat âpre, où hormis la famille, quelques soldats, un mulet fou, des rats, des lézards et des grillons, il n'y pas âme qui vive.

Un roman solaire poétique, riche en sensations qui relate la découverte de la vie et du monde à travers le regard d'un enfant,
regard sensuel d'un écrivain en herbe sur la nature, la mer, la maison -la Batterie-,et le paysage sec et biblique qu'il appelle " un fragment d'Afrique au milieu de la Méditerranée",
regard émerveillé sur les parents , le père, un homme détenteur d'un bonheur serein / la mère qui "irradie une force de même nature que la force aimantée du centre de la terre......".
Et regard imaginatif, truffé de références mythologiques et littéraires, de l'adulte qui se souvient de ce paradis perdu le temps de l'été, "époque de consolidation et de jouissance de la vie qui a éclaté au printemps", où l'on prend conscience de l'essentiel, ("Le temps de Betlem fut le temps de la vérité. le temps où il n'y avait pas de faux pas et où tout était vérité, où tout était essentiel. Je veux dire que l'envers de la vérité –s'il y en avait un –n'était pas le mensonge mais le silence").

À la recherche de la pièce manquante du grand puzzle de la Vie, Llop nous emmène loin, à une époque révolue, celle d'une enfance à jamais disparue, la sienne....et la nôtre.

Très beau texte foisonnant de couleurs,d'odeurs et de sensations, et de très belles réflexions sur la vie et la mort.

"Quand le paradis disparaît, souvent la littérature apparaît ".

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Une Simca couleur cerise, début août. Comme chaque été. Comme chaque année. Elle est le signe d'un mois de vacances sous le soleil de Majorque. le petit José se souvient, devenu écrivain. Il prend sa plume, face à la mer, cette Méditerranée d'un bleu azur, souvenirs d'enfance des années soixante. Et avec cette quête d'enfance et d'antan, ressort toujours un brin de nostalgie conjuguée à de la mélancolie.

De Majorque, il y a cette caserne, son père lieutenant, et cette distinction de deux mondes. le sien, zone militaire interdite au public, et celui extérieur, avec ses civils. Il y a ce soleil brûlant qui impose les siestes avant d'aller se baigner dans le bleu profond. Il y a cette sécheresse autour de lui, un sol brûlé qui fait penser au début du Maroc. Il y a ces cactus, ces herbacées, ces fleurs, ces plantes et le bruit des cigales. Les souvenirs deviennent un moment de nature-writing, à l'image des écrivains américains. A cette évocation, il y a aussi cette plume solaire pour ce « solstice » d'été.

De Majorque, avec ce soleil qui me cogne sur la cabeza, je décapsule una San Miguel. Olé ! La bière est fraîche et la poésie de José Carlos Llop se fait lumineuse. Proche de la nature, les parfums du soleil s'évaporent des pages, odeur de paella et de moules fraîches. Je plonge dans l'eau chaude et légèrement salée. Une autre époque y est décrite, les touristes en bikinis colorés ou en strings unis n'avaient pas encore envahis les plages, les discothèques ne déversaient pas encore le bruit de leur musique devant chaque plage, les bars où les serveuses ne servaient pas encore en mini-short jouaient la carte de l'intimité solaire permettant une fusion avec sa propre choppe de cerveza.

Tous ces étés n'en font qu'un, un seul unique, un moment présent, une vie de l'instant. le passé n'existe plus, le futur n'est pas encore présent. Juste cette envie de profiter de ces jours d'août, de ce soleil profond, de cette mer azure. Et de ces étés, naquit probablement un écrivain, José Carlos Llop.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Parce qu'on ne peut faire que trois choses avec le paradis : l'aimer, le perdre et s'en souvenir.”

José-Carlos Llop est passé par ces trois étapes dans son paradis des Baléares. Au départ de Palma de Majorque, la famille partait le premier août dans la Simca couleur cerise et ne rentrait que le 31. La destination ? Un lieu de villégiature pour militaires, son père étant lieutenant-colonel.
Là, au milieu des oliviers sauvages, des pins maritimes et des murs blanchis à la chaux, l'enfant qu'il était se souvient. Il ne se passe pas grand chose dans ce court roman car comme il le dit, tous les étés se ressemblaient mais il parvient à capter une atmosphère empreinte de nostalgie dans une écriture poétique et sensuelle.
Le goût des pastèques et des melons donnés par quelques voisins, la senteur du romarin, le chant des cigales nous transportent dans son petit paradis, dans ce petit bout d'Afrique au milieu de la Méditerranée.

Challenge Multi-Défis 2023
Challenge Riquiqui 2023.
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José Carlos Llop je l'ai découvert parce que le philosophe Jean-Louis Bailly m'en avait parlé alors qu'il me rendait visite à la libraire. J'avais donc fait l'acquisition de la Cité engloutie et j'avais ainsi découvert Palma de Majorque par le biais de l'autobiographie discrète de Llop - un enfant de l'île. Mais ce livre était bien plus que cela. En effet, à la façon d'un Sebald ou d'un Benjamin et dans une forme de documentaire littéraire, Llop mêlait les faits historiques concernant Majorque avec des éléments liés au passage sur l'Île de nombreuses personnalités artistiques : Joan Miro, Jean Seberg, Ava Gardner, Ornella Mutti, Errol Flynn… et des écrivains, beaucoup, comme George Sand, Camus, Borges, Giono, Yeats, Cocteau, Gertrude Stein, D.H. Lawrence, Ernst Jünger, Anaïs Nin etc. le livre laissait ainsi transparaître que l'île devait beaucoup à la littérature et c'est bien ce sentiment que l'on retrouve intact dans ce court texte mémoriel intitulé Solstice, et qui est en quelque sorte un prolongement de la Cité engloutie. José Carlos Llop plonge à nouveau dans ses souvenirs d'enfance et nous fait partager son "paradis" : ce lieu de vacance bien particulier puisqu'il passait quand même ses étés sur un bord de plage idyllique où, paradoxalement, ne résidaient que des militaires (nous sommes encore dans l'Espagne de Franco). L'auteur détaille les paysages, sa famille (son père, militaire gradé ; sa mère, distante du monde mais si proche de ses enfants) ; il décrit l'atmosphère étrange de cet endroit dont il dit que "la beauté avait échoué sur l'île en fuyant un maléfice capricieux auquel elle ne put échapper complètement et qu'elle nous laissa en héritage" ; il parle aussi de l'intrusion de la littérature, de la musique, lors de visite d'amis de ses parents, et il l'indique bien dès les premières lignes de son récit : "En fin de compte, quand le paradis disparaît, c'est toujours la littérature qui apparaît." Vous l'aurez compris, ce livre est aussi le prétexte à penser l'écriture, le souvenir et le temps, et donc la littérature. José Carlos Llop est un écrivain majorquin, outre cette éventuel exotisme, c'est surtout un écrivain qu'il serait bon de lire pour la qualité et l'originalité de ses écrits parce que ses deux derniers livres sont véritablement magnifiques.
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Solstice de José Carlos Llop est un roman traduit de l'espagnol dont l'action se passe sur l'Ile de Majorque. le titre Solstice n'a rien à voir avec la Saint-Jean, le jour le plus long de l'année, non c'est une sorte de métaphore pour nous dire que la période décrite correspond au point dominant de bonheur de l'auteur, période qu'il qualifie de paradis. En fait, il faut bien classer les oeuvres, l'éditeur l'a qualifiée de roman mais en réalité, il n'y a pas de fiction, l'auteur nous raconte puis s'analyse et rapporte le sens d'une période de son enfance. Ce n'est pas non plus une biographie, l'auteur ne nous raconte pas sa vie, seulement le sens de vacances vécues entre l'âge de 5 et 12 ans. C'est pourquoi, il s'agit plus d'un essai une sorte de réflexion philosophique d'un intellectuel adulte sur le bonheur de ces étés de l'enfance. Pourquoi cette période représente-t-elle le Solstice de l'existence de l'auteur ? Il nous le dit avec art mais je retiens un passage qui me semble clé au regard de la compréhension : "Tous les étés étaient le même été. Toutes les mers étaient la même mer. Notre vie était identique chaque mois d'août. Et c'était justement ce qu'on recherchait dans ma famille. Ou du moins ce que recherchait mon père. Grâce à lui, j'ai découvert l'unité du temps, ou plutôt j'ai ébauché ma première conception de cette unité : en été il n'y avait pas de passé, ni de futur ; seulement le présent, et ce présent se projetait sur le reste de la vie comme un royaume ancien se projette sur les civilisations qui lui succèdent. Un présent solaire, méditerranéen, classique." Voilà je ne veux pas en dire plus, il ne faut que donner l'envie de le lire, c'est très beau, puissant et certainement un enseignement qui reste vrai en vue du bonheur des enfants de tous les temps, un bonheur qui laisse la marque d'un solstice dans une vie.
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critiques presse (1)
LeFigaro
23 septembre 2016
L'auteur catalan, indissociable de Palma de Majorque, encense la beauté nostalgique de son terrain de jeu.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Le soleil brille avec une puissance écrasante ; les papillons tricotent l'air en tâches de couleur jusqu'au milieu du mois d'août et alors les libellules les remplacent ; les oiseaux recherchent l'ombre et chantent avec force (sauf à l'heure de la sieste, où ils se taisent, anesthésiés par la chaleur) ; les chrysalides sont vides, abandonnées comme des costumes d'une autre saison ; les insectes usurpent n’importe quel territoire, faisant démonstration de la puissance de leur infanterie, de leur cavalerie et de leur aviation, pour que les choses soient claires ; la chair, fraîche et rouge, des pastèques dispute à la figue le titre de meilleur symbole de sensualité de cette saison ; le melon est un parfum raffiné qui fond dans la bouche pour apaiser notre soif ; le raisin en grappes est à partager, mais quand on est enfant on ne le sait pas ; la mer est un palais baroque – sous-marin, naturellement -, dont le toit en verrière atteint à la dimension de grande fresque picturale où les lumières varient au fil de la journée. Ses habitants sont parés de leurs plus beaux habits et de leurs cuirasses et se promènent sous l'eau comme des dames babyloniennes, des scribes assyriens et des prêtres égyptiens. Les requins bleus et les requins-taupes sont les barbares qui guettent la civilisation. Ou les détachements avancés aux frontières, qui les protègent. La mer est la splendeur et le retour à la maison, mais aussi l'immensité de la tragédie : personnelle (quand elle atrophie) et collective (quand elle est une saignée). Bref, la tragédie méditerranéenne, à laquelle, pourtant, elle survit toujours.
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Les nuits de lune nous entendions les rats aller et venir nerveusement sur les branches de pin, et les jours de soleil - c'est à dire tous les jours - les abeilles se gorgeaient de nectar sédatif de la passiflore, dans la chaleur du mois d'août. La tonnelle avait un petit air japonais - Art déco japonais, même si à la maison personne ne m'avait parlé de l'Art déco - et quelque chose de la peinture moderniste, de Fortuny, par exemple, ce qui contrastait avec son côté mystique. Les pistils lilas de la fleur formaient la couronne du Christ et les étamines safranées, les cinq plaies. La fleur, outre le blanc, avait des tonalités de carême et le nombre de pétales et de sépales avait également un rapport avec la Passion.
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Il y avait deux mers dans la baie. La première était placide et silencieuse, bleu pâle, presque blanche, veinée de différents tons de vert quand on s'en approchait. Les barques, peu nombreuses, flottaient de telle façon qu'elles avaient l'air de montgolfières et le fond sous-marin, d'une masse d'air emprisonnée par un merveilleux scénographe dans un grand récipient de cristal liquide. L'autre mer était tempétueuse et rugissante, bleu foncé, à la surface éclaboussée de bave blanche et avec de grandes vagues rageuses qui vomissaient des giclées d'écume blanche en arrivant à la côte, comme sur une estampe d'Hokusai.
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"Le temps de Betlem fut le temps de la vérité. Le temps où il n'y avait pas de faux pas et où tout était vérité, où tout était essentiel. Je veux dire que l'envers de la vérité -s'il y en avait un - n'était pas le mensonge mais le silence. Le mensonge viendrait plus tard. Après le début de la jeunesse et de ses faux départs. Dans le temps dont je parle, avant l'entrée dans le royaume inconnu des faux-semblants, il n'y avait pas d'écriture. La lecture oui, il y a toujours eu de la lecture. Mais pas l'écriture. Si le paysage mégalithique des environs était un paysage d'avant la littérature, il se produisait quelque chose de semblable avec mon paysage intérieur. Je n'étais pas encore écriture - et je ne savais pas, je ne soupçonnais pas que je le serais un jour. Comme les hommes des talayots et des dolmens à moitié recouverts par la rude végétation, dont la vie était étrangère à l'écriture, la mienne aussi l'était ; mais, à cause de mon père elle n'était pas étrangère aux Écritures. De la protohistoire à la protolittérature. Mais il y a aussi le pressentiment que c'est là que toute a littérature a pris naissance. Dans toutes ces années et dans leur perte : la perte du lieu, plus que tu temps. Ensuite, je suppose que d'autres pertes ont suffi - et la vie était une succession de pertes - pour que s'articule à travers l'écriture une façon de comprendre la vie et, surtout, de la vivre. Parce que la vie de quelqu'un qui revient tout les étés à l'endroit des étés de son enfance n'est pas la même que celle de celui qui ne revient jamais, ce qui déclenche la perte définitive et spéculaire de deux paradis de la mémoire. Je veux parler de paradis préservés uniquement par la mémoire, comme nous conservons des livres qui nous ont rendus heureux mais que nous refusons de relire, pour en garder cela, justement : les dons qui ont rendu notre vie différente de ce qu'elle aurait pu être. Comme l'ont fait, dans la civilisation, les grand maîtres de la peinture, les maîtres primitifs ; mais la prose marque la distance. Il y a un parallèle entre la vie d'un homme et l'histoire de la civilisation à laquelle elle appartient. Un parallèle et une symbiose. C'est pourquoi ce livre naît aussi du désir de défendre un caractère indéchiffrable de la beauté. Son mystère. Un livre réactionnaire, dans la mesure où il s'inscrit en faux contre la liquidation de l'art promue par le XXe siècle. Le siècle de la mégamort, également insatiable dans son acharnement à détruire la beauté en désarticulant son mystère, en une constante leçon d'anatomie menée par des gens qui ne connaissent même pas l'anatomie. Oui, c'est pourquoi ce livre est un livre ancien qui revendique son besoin d'être ancien pour être. Il est né dans son paysage, un paysage propre, noble et ascétique, qui de tout temps a fini dans la mer."
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Tous les étés étaient le même été. Toutes les mers étaient la même mer. Notre vie était identique chaque mois d’août. Et c'était justement cela qu'on recherchait dans ma famille (et dans tant d'autres familles à l'époque). Ou du moins ce que recherchait mon père. Grâce à lui, j'ai découvert l'unité de temps, ou plutôt j'ai ébauché ma première conception de cette unité : en été il n'y avait pas de passé, ni de futur ; seulement le présent, et ce présent se projetait sur le reste de la vie comme un royaume ancien se projette sur les civilisations qui lui succèdent. Un présent solaire, méditerranéen, classique.
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