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Critique de Davalian


Merci à Babelio et aux éditions Libretto d'avoir proposé (et surtout de m'avoir offert dans le cadre de l'Opération Masse critique) cet exemplaire du Journal secret de Napoléon Bonaparte. Avoir fait le pari de rééditer ce chef d'oeuvre aujourd'hui tombé dans l'oubli de Joseph-Marie Lo Duca mérité d'être salué. Lors de ces premières années, cet ouvrage avait attiré l'attention, interrogé sur la paternité de l'auteur de ses lignes (Napoléon ou Jomini ?) et bénéficié d'une préface de Jean Cocteau.

L'ouvrage se présente comme un journal intime qui aurait été composé par Napoléon Bonaparte puis par Henri Jomini. L'histoire qui relie les deux hommes rappelle que l'auteur devait sa notoriété première à ses écrits de science-fiction, même si les pistes ici proposées relèvent davantage de l'imaginaire au sens le plus large. Ses origines italiennes influent également puisque Do Luca nous présente un Napoléon davantage inspiré par l'Italie que par l'Orient.

Si l'on fait l'impasse sur ces éléments, nous aurons le plaisir de découvrir un roman qui est essentiellement crédible, qui donne beaucoup de place aux citations de l'empereur (et du spécialiste militaire). Les éléments historiques présentés ici sont tout à fait crédibles. Les faits, les paroles, les anecdotes parleront aux spécialistes de la période. L'importance donnée à l'île d'Elbe puis à Sainte-Hélène étonne puis interroge : les textes auraient-ils été composés à ce moment-là ?

L'ouvrage s'adressera davantage aux personnes qui possèdent un solide bagage historique. Les ellipses sont nombreuses. Certains évènements sont passés sous silence, d'autres sont à peine évoqués : ainsi le 18 Brumaire. Si les explications sont parfois évidentes (ainsi un futur empereur qui doit beaucoup à d'autres, qu'il critique ensuite), cette pratique peut dérouter. Ces silences ne seront appréciés que par les initiés. le récit ne débute qu'au cours de l'expédition égyptienne, ce qui complique également la lecture, même si une nouvelle fois ce choix s'explique (en donnant l'impression que le choix d'écrire est venu à un moment où le destin de Napoléon était déjà bien avancé). Les retours en arrière sont hélas trop peu fréquents.

Il est également dommage que l'éditeur n'ait pas inséré de petites aides pour faciliter la lecture (en rappelant au moins le passage des ans) ou quelques petits bonus (de reproductions de tableaux, de cartes…). Débourser 10€ pour un format intermédiaire entre le livre de poche et le beau livre, même pour une édition sur un papier de qualité, reste un acte quelque peu onéreux.

La forme du récit, privilégie la réflexion personnelle et un jeu étrange avec le lecteur. Celui-ci devient de fait une sorte de voyeur qui pense avoir accès à l'intimité des pensées du grand homme. Do Luca a produit un travail de grande qualité : il est assez facile de croire qu'il s'agit ici d'écrits authentiques. La dernière partie de l'ouvrage peut toutefois lui est être reprochée, tant celle-ci est courte et aux ellipses trop nombreuses. Les réflexions relatives à Napoléon III sont quelque peu déroutantes et un brin trop convenues.

En somme voici une pièce rare, dont la réédition va surtout plaire aux inconditionnels de l'épopée napoléonienne. Ceux-ci devront apprécier cette touche de fantaisie opposée à la sèche rigueur historique. En revanche, ils accepteront avec plaisir le jeu qui leur est proposé (s'agit-il d'une pièce authentique ?), même si la réponse est aujourd'hui connue et confirmée par une quatrième de couverture trop maladroite.
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