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Carlos Batista (Traducteur)
EAN : 9782020362108
529 pages
Seuil (09/03/2000)
3.99/5   81 notes
Résumé :
A travers les monologues alternés d'une mère et de ses trois enfants, derniers rejetons déchus d'une riche lignée de colons portugais en Angola, ce roman dresse le sombre bilan d'un processus historique d'avilissement d'une catégorie d'êtres humains. Au fil d'évocations tragiques et de scènes bouffonnes, entrelaçant l'atmosphère d'un pays déchiré par la guerre et celle des temps de la prospérité coloniale, ces personnages dévoilent les arcanes de leurs vies antérieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Récit à voix multiples, La Splendeur du Portugal raconte la fin du colonialisme portugais en Angola. le lecteur est immergé dans la révolution et la guerre civile à travers la vie d'une famille d'origine portugaise.
Une mère, veuve, et ses trois enfants Carlos (fils naturel du père avec une jeune femme noire), Clarisse (fille que la mère aurait eu avec son amant et qui va mener une vie dissolue, enchaînant les relations amoureuses et sexuelles avec des hommes mariés, de l'âge de son père) et Rui le jeune fils (seul véritable enfant du couple et qui est un simple d'esprit, atteint d'une tare héréditaire et fait des crises de démence et d'épilepsie). C'est un peu le récit de la famille impossible, soit il y a trahison, tromperie, soit il y a tare, anormalité.
Chaque nouveau chapitre projette comme des flashes les pensées et réflexions intimes, sans censure, d'un personnage.
La petite histoire, celle de la famille, est comme projetée sur un écran, à des époques très différentes de la vie des personnages (enfance, jeunesse, vie d'adulte ou vieillesse de la mère) sans soucis de la chronologie.
Le temps est éclaté. D'un chapitre à l'autre, on passe de 1984, à 1995, 1978, 1980 et si la date peut être un indice pour savoir qui parle, il faut à chaque fois un moment d'adaptation au lecteur pour comprendre qui parle.
Le roman débute le 24 décembre 1995 et c'est Carlos qui, à Lisbonne, a invité sa soeur Clarisse et son frère Rui à passer le réveillon de Noël. Mais son attente sera vaine.
Il a épousé Lena, une femme blanche des bidonvilles (surnommée la « bidonvillaine ». Et cette femme, connaissant ses origines refuse d'avoir un enfant avec lui. Elle ne veut pas d'un enfant métis. Dans la société coloniale et post-coloniale il est plus stigmatisant d'être noir que d'être pauvre ... le rejet de l'autre et la ségrégation ont aussi leur hiérarchie.
Au-delà de l'histoire de la fin du colonialisme portugais en Angola, le roman illustre l'impossible communication entre les êtres. Chacun monologue, n'entend pas les autres, interprète, transforme à travers son propre prisme. C'est sans doute ici le psychiatre Antonio Lobo Antunes qui parle. Chacun occupe une place d'où il perçoit les choses. de même chaque protagoniste parle sans suivre de fil conducteur, au gré de ses pensées, comme cela lui vient. Un peu comme sur le divan d'un psy où il se laisserait aller et se raconterait sans plan prémédité, sans trier, sans juger.
La Splendeur du Portugal est un roman puissant qui marque d'autant plus que la violence du colonialisme, de la révolution et de la guerre sont illustrées au travers de l'empreinte profonde et indélébile qu'elles laissent dans le psychisme des êtres.
A lire donc, tant pour se documenter sur cette période de l'histoire de l'Angola et du Portugal, que pour entamer une réflexion sur L Histoire et les histoires individuelles (qui n'en sont pas moins universelles) ...
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Superbe livre, un des meilleures que j'ai pu lire,
certes difficile à situer certaines situations, pas toujours simple à la compréhension, mais un bijou rempli de sentiment de poesie et de folie,
laissez vous emportez par les mots de antonio lobo antunes comme si quelque vous racontais ca vie, il faut peut etre pas ce borner a tout de suite tout comprendre laissez vous emporter par ses pensé et vous finirez en plein dedans comme si c'etait vous qui pensiez emportez par ce cauchemars et ressentans n'importe quel sentiment qu'il a pu passer. Je suis pas un grand lecteur, mais pour moi antonio est un génie il écris comme il pense ca va dans tout les sens. mais laisez vous emportez vous ne le regretterai pas.
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comme certaines personnes, je n'ai pu terminer la lecture
le style n'est pas agréable
c'est affreusement triste tout ce que les colonisateurs
ont fait subir aux Africains
le roi des belges vient de lancer ses excuses pour l'horreur
effectuée en Afrique ...
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Carlos décide d'inviter son frère et sa soeur pour Noël. Cela fait quinze ans qu'ils ne sont pas revus. Ce roman est un roman polyphonique dans lequel s'expriment tour à tour la fratrie et la mère, restée en Angola sur cette terre qu'elle chérit tant qu'elle n'a pas voulu la quitter, même quand il a fallu mettre à l'abri ses enfants en les renvoyant au Portugal. Ces voix se mêlent souvent de telle sorte qu'il me fut parfois difficile de dêmêler les propos des uns et des autres.

J'aurais aimé aimer ce roman. Parce que c'était mon premier auteur portugais, parce que j'adore la couverture de Points, parce qu'il ne fait aucun doute que j'avais dans les mains un vrai roman littéraire mais je me suis noyée dans ces pages sans points, dans ses relations familiales dénuées d'amour entre les couples, et même entre parents et enfants dans certains cas. Si je ne l'avais pas lu dans le cadre d'une lecture commune avec Hebelit, je l'aurais abandonné assez vite.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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La lecture de ce livre est fascinante mais le destin tragique des protagonistes m'a vraiment perturbé.
Il faut avoir le coeur solide pour suivre l'auteur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(…) puisque notre malheur
expliquait mon père
C’est d’être né dans la vieillesse de Dieu comme d’autres naissent dans la vieillesse de leurs parents, d’être nés avec un Dieu déjà trop vieux, égoïste et fatigué pour se soucier de nous, n’écoutant plus que ses propres organes avec une attention fébrile, l’automne de son estomac, les élégies de son foie, l’oignon ou le chrysanthème de larmes concentriques de son cœur, un Dieu tombé dans l’oubli de lui-même et qui nous considère de son fauteuil avec une stupeur farouche
expliquait mon père
tout comme les cubains dans la forêt qui séparait Dala de Marimbanguengo, lorsqu’ils tombaient sur les mercenaires de l’Unita ou les pelotons de Katangais dont on ne savait pas au juste pour qui ou contre qui ou pour quelle raison ils se battaient de la même façon qu’on ne savait pas qui les commandait et les payait, ils s’exprimaient dans une langue qui était une sorte de français aboyé, avançaient parmi les broussailles dans une anarchie féroce qui consternait les corbeaux, empalaient ceux qui leur barraient le chemin sur la pointe des huttes, je me souviens de la reine de Dala embrochait avec ses enfants sur le mât du drapeau que les Portugais avaient laisséà l’entrée du bourg, du pilote sud-africain planté sur une hélice enfoncée dans le sol, une guerre où ce n’était pas les vivants mais les morts qui combattaient en se terrassant les uns les autres à coup d’odeurs nauséabondes et molles (…)
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( …) non pas des bandes de sauvages ivres, non pas des groupes organisés par les communistes russes ou hongrois ou roumains ou yougoslaves ou bulgares, non pas une ligue, un mouvement, un parti qui aurait voulu diriger l'Angola, décider de l'Angola, nous remplacer dans les compagnies, dans les administrations, dans les bureaux, s'emparer de nos maisons et de nos plantations, nous entasser sur les quais les bras chargés de bric-à-brac sans valeur, nous expulser, par haine ou vengeance
(pourquoi Dieu du ciel, de la vengeance pourquoi?)
ou impuissance et révolte, mais seulement un gosse bailundo de huit ou neuf ans avec son sac de haricots sous le bras, seulement un gosse à la tignasse décolorée tapi dans la brousse comme un blaireau, comme une portée de belettes, un hérisson, rien qu'un gosse sous le fusil d'un caporal, mon père le mouchoir sur le visage
Non
me confirmant que l'Angola pour moi c'était fini, pas seulement Baixa do Cassanje, pas seulement notre coton, notre riz, notre maïs, mais l'Angola, l'Angola entier.
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J'ai compris que les morts avaient commencé à mourir et la maison avec eux, le squelette de la maison aux os duquel pendent les morceaux de cartilage des portières et des tableaux, le squelette de la maison sans personne excepté moi, les servantes et la plante grimpante de la véranda en train de nous ensevelir sous un linceul d'insectes. C'est sûrement pour ça que Damiao est parti : en me réveillant ce matin il ne portait ni gants ni veston ni boutons dorés : il était là sans chaussures, sans brillantine, avec une chemise de mon mari que je lui avais donnée voilà des lustres à condition qu'il ne la porte pas devant moi, il était devenu comme les soldats du gouvernement qui occupent à cette heure le village et qui, en attendant les guérilleros de l'Unita ou les Sud-Africains ou les mercenaires, poursuivent les porcelets que les Cubains ont oublié d'emporter lorsqu'ils s'enfuyaient vers ce qu'ils croyaient être la direction de Luanda et n'était autre qu'un guet-apens au premier ou au deuxième détour de la piste, l'armée du gouvernement avec un indigène cabinda en espadrilles et lunettes noires qui se disait sous-lieutenant montant l'escalier de la porte principale, frappant, exigeant mon lit pour lui et le reste de la maison pour ses soldats abrutis de marijuana qui tenaient leur bazooka à l'envers et plantaient du manioc dans mes mares de riz. 
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(je me souviens de l'odeur des azalées piétinés, du tabac bon marché et de celle plus lointaine d'argile et de racines croupies, du parfum de la Française sur le pull-over de mon père lorsqu'il revenait en sifflant du couvent et de ma mère m'embrassant à me faire pleurer
- Je prends le gosse et je m'en vais Eduardo je te jure que je prends le gosse et jamais tu ne nous reverras
un parfum acide et sucré et chaud qui perturbait les oeillets dans leur vase)
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Notre malheur
expliquait mon père
c'était d'être nés dans la vieillesse de Dieu comme d'autres naissent dans la vieillesse de leurs parents, d'être nés avec un Dieu déjà trop vieux, égoïste et fatigué pour se soucier de nous, n'écoutant plus que ses propres organes avec une attention fébrile, l'automne de son estomac, les élégies de son foie, l'oignon ou le chrysanthème de larmes concentriques de son cœur, un Dieu tombé dans l'oubli de lui-même et qui nous considère de son fauteuil de malade avec une stupeur farouche. 
(Christian Bourgois Editeur - page 342)
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Vidéo de Antonio Lobo Antunes
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Et si pour comprendre les racines de la violence, on écoutait ceux qui traquent la violence et ceux qui s'y adonnent ? Quitte à plonger au coeur du mal…
« Mon nom est légion » d'Antonio Lobo Antunes, c'est à lire en poche chez Points.
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