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Critique de ster


Ma première lecture d'Antonio a été son Livre de Chroniques IV. Il a beau discréditer ses chroniques en insistant avec force qu'il ne s'agit pour lui que d'exercices d'assouplissement du poignet avant de véritablement écrire (comme dans Mon nom est légion), j'ai été littéralement impressionnée par la traduction de Michelle Giudicelli qui fait de la prose poétique de l'auteur un exemple émouvant de virtuosité littéraire au service d'une grande sensibilité. Ce qui me touchait, c'était la saisie de milliers de petites choses que nous remarquons sans forcément nous les dire comme cette grand-mère, qui devient nôtre, ayant absolument besoin de ses soucis pour être heureuse...
Le regard d'Antonio Lobo Antunes est perçant et tendre et pour le restituer, il use de pirouettes et d' audaces stylistiques qui témoignent d'une grande liberté littéraire.
La lecture des Chroniques s'étant révélée suffisamment étonnante, j'ai sauté dès la parution sur la dernière traduction parue de Michelle Giudicelli qui ne peut qu'être poète elle aussi, traductrice et poète, et j'ai lu, lentement, en savourant, parfois en m'exaspérant mais le plus souvent en m'émerveillant Mon nom est légion.
L'expérience en est véritablement une. Elle est à déconseiller à tous ceux et celles qui aiment garder leurs repères, il faut aimer se perdre, perdre le fil, parfois la tête, les retrouver pour goûter et poursuivre la lecture de Mon nom est légion. Dès le départ, le compte-rendu officiel du flic, premier protagoniste, est un flux déconcertant de texte administratif, pensées, souvenirs, rêveries. Tout s'écrit, c'est ce qu'Antonio enseigne au lecteur. C'est une expérience humaine aussi, celle de pénétrer dans une pensée raciste-mais-pas-que, sensible, complexe. Puis, les je, les voix s'enchaînent et parfois s'interpénètrent, le lecteur ne sait plus très bien qui s'exprime puis il retrouve le fil et le reperd. Selon les moments de disponibilité, d'écoute au texte qu'est la lecture de chacun, cette construction circulaire en courtcircuitages et retours momentanés à une linéarité, ce procédé peut agacer (était-ce ma fatigue après le travail ou indisponiblité ? j'ai plusieurs fois posé le texte en cours de chemin), fatiguer ou permettre de grands et incroyables moments de poésie dont on ne peut nier l'intensité.
Snob Antonio ?
Absolument et pas du tout. Il permet une nouvelle (et déjà présente en chacun) appréhension de ce qui se passe dans la pensée, il s'agit d'écriture qui s'élabore avec la logique mais aussi la confusion des voix en nous (souvenirs, présence des autres en nous) et donc dans le livre. Lire Mon nom est légion, c'est être à l'écoute de ce qui se passe en chacun différemment mais avec un caractère universel, de ces voix qui rôdent au milieu, au cours de notre « propre? » fil de pensée, c'est une expérience de vérité.
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