Le prêtre se leva et, très agité, marcha de long en large à travers la chambre jusqu'au moment où le pauvre Molygruber se sentit complètement étourdi par cette forme noire qui, tel l'Ange de la mort, voletait devant ses yeux.
- J'ai feuilleté, une fois, le livre d'un gars qui vit près d'où je travaillais, un gars appelé Rampa. Il écrit un tas de niaiseries aussi sur la vie après la mort. Tout le monde sait que c'est des bêtises - la mort, c'est la mort; et plus longtemps on reste mort, plus on sent mauvais. J'en ai ramassé quelques-uns de raides dans ma vie - ivrognes ou autres, et après un temps - pouah! - pas possible de s'en approcher.
Ah, pasteur, vous ne me ferez jamais croire qu'il y a un Dieu. Prenez votre cas; vous avez un beau paquet d'argent, à ce que je sais, et pour faire quoi? Pour dire quelques paroles sur une chose qui n'existe pas. Prouvezmoi,
monsieur le pasteur, qu'il y a un Dieu; amenez-Le ici et laissez-moi Lui serrer la main. Aucun Dieu n'a jamais rien fait pour moi. (Il s'arrêta, fouilla longuement dans ses poches jusqu'au moment où il en ramena une cigarette à moitié fumée; puis, ayant trouvé une allumette, il l'enflamma d'une pichenette contre son ongle, et reprit :) Ma mère, c'était une de ces dames qui font ça - vous voyez ce que je veux dire - pour de l'argent. Jamais su qui était mon père; probablement tout un gang de gars responsables.
Molygruber regarda vers le bas de la route et vit un fauteuil roulant électrique qui pénétrait dans un immeuble.
- Oh! lui! dit Molygruber tout en envoyant au sol un crachat qui s'en alla atterrir sur le soulier d'un passant, c'est un gars qui vit par ici. Il écrit des livres, je crois; il s'occupe de fantômes et autres balivernes du même genre et de ce qui arrive aux gens quand ils sont morts. (Il renifla d'un air supérieur et reprit :) Tout ça, c'est des bêtises, vous savez : quand on est mort, on est bien mort, comme je dis toujours. Il y a des prêtres qui vous disent qu'il faut faire une ou deux prières et qu'ensuite, peutêtre, si vous dites les mots justes, vous serez sauvé et vous irez au ciel; sinon ce sera l'enfer.
Première bande enregistrée par Lobsang Rampa en 1960, sous-titrée en français (traduction tirée du livre "Les apocryphes et autres inédits de Lobsang Rampa" aux éditions lulu.com)