Oui, j’aimerais devenir une grande journaliste respectée. Décrocher le scoop de ma vie. Mais il y a certaines choses que je ne veux pas faire. Que je ne ferai jamais. Forcer une mère bouleversée par la disparition de son enfant à m’accorder une entrevue contre son gré. L’obliger à faire étalage de sa douleur et de son drame devant toute la population. C’est contre mes principes. Si j’étais cette mère, je serais la première à rager contre le manque d’humanité et de respect de ces journalistes qui profiteraient de mon calvaire pour faire mousser leurs cotes d’écoute.
La danse s’est présentée à elle comme une façon d’entrer en contact avec le peuple et sa culture. De se lier d’amitié avec certaines personnes. Elle s’est souvent demandé si du sang africain, même de source très lointaine, ne coulait pas dans ses veines.
Ce genre d’événement, lié aux troubles mentaux ou à la folie, est délicat et occupe une place de choix dans le palmarès des nouvelles difficiles à aborder et à traiter. Ce type de misère humaine est une patate chaude pour les bulletins de nouvelles, qui s’éloignent de plus en plus des bulletins d’informations pour devenir des « shows » d’informations. Comme toute autre émission de télévision, c’est le divertissement qui domine. Suprématie des cotes d’écoute oblige.
Ces hommes-là détestent les artistes. Ils entraînent notre pays, supposément démocratique et ouvert, vers des idéologies d’extrême droite qui font régresser notre société à grande vitesse. Ils nous méprisent. Ils font reculer les droits de l’homme et la liberté d’expression et de création, qu’on a acquis peu à peu à force de bagarres. Ils musellent les libres penseurs, les créateurs, ceux qui travaillent à l’avancement des idées, de l’art, de la science !
S’il vous plaît, ne restez pas tranquille, petite. La vie est trop courte pour se taire.Quand j’écoute et regarde Richard, je me demande si les gens savent à quel point ces personnes qui travaillent dans l’ombre et qui ne s’expriment pas haut et fort sont souvent mille fois plus intéressantes et sensées que celles qui ont une tribune publique. Richard est comme madame Pauline. Une perle rare qui a choisi de rester dans son coquillage.
Entrevue - Elisabeth Locas