Lettre sur la tolérance

Cette édition GF-Flammarion est assez étonnante. Elle se compose d'une introduction qui approche les 100 pages, pour une Lettre sur la tolérance de John Locke dépassant tout juste 50 pages... L'entrée en matière de Jean-Fabien Spitz relève plus de l'analyse critique que de l'introduction. Si elle joue son rôle de présentation de l'oeuvre et de son contexte, elle n'est pas avare de répétitions et de redondances. Mais revenons à l'essentiel: l'appel à la tolérance de John Locke. Dans une Angleterre (et plus largement une Europe) secouée par des querelles religieuses et cléricales, dans un temps où religion rimait avec pouvoir et domination (ce temps est-il révolu?), parler de tolérance était un acte de courage. Bien qu'il ne conçoive pas encore la possibilité de l'athéisme, Locke défend la liberté religieuse en s'appuyant sur les valeurs fondatrices de l'Eglise chrétienne et sur les principes de l'autorité politique.

Ouvrage à vertu irénique. John Locke argumente en faveur de la tolérance entre les différentes sectes chrétiennes, la tolérance envers les musulmans et les juifs. Il oublie simplement de prôner la tolérance pour les catholiques et pour les athées, qu'il sermonne assez violemment.

Quand il argumente pour la tolérance, le style est fluide, les arguments semblent justes, quand on lit ça on pense qui oserait soutenir le contraire ? Nous ne pouvons persuader intimement par la violence. Nous ne pouvons violer une pensée intime et la modeler à notre guise par le poids du fer.

Il s'appuie sur le contenu pacifique néotestamentaire. Il soutient un principe de laïcité qui peut effectivement trouver sa justification dans la bible : " Rendez à César ce qui appartient à César, et rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu." Diminuer l'emprise de l'Eglise sur la société, visée laïque tout en demeurant dans une pensée chrétienne.