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Qu'est-ce que cela signifie ? A peine fini un livre sur le changement de moi (L'Homme-dé), voilà que je me

plonge dans un roman Changement de décor ! Deux romans des années 70 et deux auteurs anglophones en plus !

Celui-ci au moins est à la fois divertissant, drôle et enrichissant. Sur un rythme alerte, nous découvrons un sujet aussi sérieux que la comparaison des systèmes universitaires anglais et américains des années 70. En effet, Morris Zapp l'Américain, spécialiste de Jane Austen quitte son université de Plotinus à Esseph pour un échange de six mois avec l'université de Rummidge en Angleterre. Il laisse en suspens la séparation que demandait son épouse Désirée. Philip Swallow l'Anglais est un universitaire a priori moins brillant. C'est lui qui prendra un poste à Plotinus pendant six mois, laissant le soin à son épouse, Hilary, de s'occuper de leurs enfants. le premier chapitre peut sembler un peu long, les deux protagonistes sont en avion et se dirigent en sens inverse. Déjà, pourtant, une surprise de taille : Morris Zapp réalise soudain que dans son avion, il est le seul homme ! L'explication ne tarde pas : aux Etats-Unis, l'avortement est à cette époque interdit alors qu'il est légal en Angleterre. Toutefois l'expérience des deux protagonistes révèlera ensuite à quel point l'Angleterre est restée traditionnelle et conservatrice alors que les USA sont en perpétuelle ébullition. A la fin du roman, Philip et Hilary, Morris et Désirée se retrouvent en Amérique : il s'agit de décider qui vivra où et avec qui !

La comparaison des deux décors est saisissante :

"Lorsqu'il tirait les rideaux de sa salle de séjour tous les matins, le panorama remplissait tout le cadre de sa baie vitrée comme par l'un de ces tours de force[2] que réservait le Cinérama à ses débuts. Au premier plan, à sa droite et à sa gauche, les maisons et les jardins des professeurs les plus riches d'Euphoria s'accrochaient avec pittoresque aux flancs des collines de Plotinus. Juste en dessous de lui, là où les collines plus basses descendaient en gradins jusqu'aux rives de la Baie, s'étalait le campus avec ses bâtiments blancs et ses allées boisées, son campanile et sa plaza, ses amphithéâtres, ses stades et ses laboratoires, bordé tout autour par les rues rectilignes du centre ville de Plotinus. La Baie remplissait le panorama au milieu, s'étendant à perte de vue de chaque côté ; l'oeil était entraîné naturellement dans un mouvement semi-circulaire qui balayait tout le paysage : il suivait l'Autoroute de la Côte toujours très encombrée, s'écartait et traversait la Baie en suivant le long Pont d'Esseph (seize kilomètres d'un péage à l'autre), avant d'atteindre la masse impressionnante de la ville, avec la ligne sombre des gratte-ciel du centre ville qui se détachaient contre les collines résidentielles toutes blanches, et de là il franchissait la Porte du Pacifique, épousant les courbes gracieuses du pont suspendu de l'Arche d'Argent, pour retomber sur les pentes vertes du Comté de Miranda, célèbre pour ses forêts de séquoias et sa côte spectaculaire. Même très tôt le matin, ce vaste panorama était sillonné par tous les moyens de transports connus – bateaux, yachts, voitures, camions, trains, avions, hélicoptères et hovercrafts – qui se déplaçaient tous en même temps, ce qui rappelait à Philip la couverture somptueusement illustrée d'un livre, Les Merveilles du transport moderne à l'usage des petits garçons, qu'il avait reçu pour son dixième anniversaire.

[...] Morris Zapp était, quant à lui, infiniment moins séduit par sa vue – une longue enfilade de jardinets humides, de cabanes pourrissantes, de linge dégoulinant, d'énormes arbres disgracieux, de toits crasseux, de cheminées d'usines et de flèches d'églises – mais il avait très vite abandonné ce critère lorsqu'il s'était mis à chercher un meublé à Rummidge. On pouvait s'estimer heureux, comme il l'avait très vite compris, si on réussissait à trouver un logement qui voulût bien se maintenir à une température adaptée à l'organisme humain, qui offrît tous les conforts les plus élémentaires de la vie civilisée, et qui ne vous donnât pas envie de vomir au premier coup d'oeil avec les couleurs et les motifs bigarrés de la tapisserie. Il avait envisagé un moment de vivre à l'hôtel, mais les hôtels autour du campus étaient encore pires, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, que les maisons privées. Finalement, il avait pris un appartement au dernier étage d'une immense maison ancienne qui appartenait à un médecin irlandais et à sa nombreuse famille."
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Avec David Lodge, on est sûr de passer un bon moment et de beaucoup rire (même s'il se répète un peu dans ses différents romans). Thèmes de prédilection : le microcosme universitaire, des intellectuels centrés sur eux-mêmes persuadés d'être indispensables et les Catholiques : ici les deux thèmes se rejoignent, les psys.
Fin années 1960 : deux professeurs aussi dissemblables que possible échangent leurs postes pour six mois. L'un est un dragueur impénitent, brillant, spécialiste de Jane Austen exerçant dans une Californie en pleine effervescence. L'autre exerce dans la triste région industrielle des Midlands en Angleterre, région beaucoup moins libérée que la Californie de l'époque, marié, catholique, coincé, terrifié à l'idée d'agrandir encore sa famille et qui n'a jamais rien publié.
Beaucoup d'humour, quiproquos, situations cocasses.
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Savoureux et délectable. Quel humour ! Et quelle subtilité dans l'association de la critique à la fiction. Un de ses meilleurs.
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Du danger des échanges académiques ou comment deux universitaires que tout oppose (un Anglais conventionnel et conformiste et un Américain qui n'est ni l'autre) acceptent de passer six mois dans l'université de l'autre. Echanges de postes entre ce qui pourrait être Birmingham (il y a mieux) et ce qui est certainement Berkeley (pas mal)… Echanges de postes, de lieux de résidence et plus si affinités.

On peut trouver cela un peu vieilli mais il faut oublier le temps présent et replacer Changement de décor (publié en 1975) dans les années soixante : révolution sexuelle, campagnes contre la guerre du Viet Nam, fumette généralisée et sit-in sur les campus… Un peu daté certes, mais on lit bien encore Dickens. D'ailleurs le sous-titre du roman « A tale of two campuses » fait directement référence à « A tale of two cities ». Mais l'humour cynique de David Lodge est toujours là et la critique (gentille) des universitaires reste encore d'actualité. Bonne lecture de vacances.
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David Lodge s'amuse beaucoup à plonger ses personnages d'universitaires britanniques dans des situations susceptibles de les déstabiliser. Cette fois, il décide de confronter universitaires britanniques et américains ; via un programme d'échanges entre universités, Morris Zapp l'américain spécialiste de Jane Austen et Philip Swallow l'anglais professeur émérite d'une université des Midlands échangent leurs postes pendant six mois. Forcément, tout ceci ne se fera pas sans quelques dégâts... Un délice pour le lecteur !
Lien : http://motspourmots.over-blo..
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Changement de décor/ David Lodge
Philip Swallow est un professeur anglais plutôt médiocre, un peu coincé, exerçant dans une université un peu perdue des Midlands. Sa spécialité : concocter des épreuves d'examen. Il est marié à Hilary et a trois enfants.
Morris Zapp est un brillant professeur américain spécialiste de Jan Austen dans une grande université de la côte Pacifique. Il est marié à Désirée et a deux enfants ; il est aussi un peu dragueur.
Ils décident d'échanger leur poste durant six mois. le roman commence quand leurs avions se croisent au dessus du pôle Nord. Nous sommes en 1969, époque de contestation estudiantine et de mouvement de libération sexuelle. Par une suite de hasards qui constituent la première partie du roman, les deux professeurs vont se retrouver locataires de la femme de l'autre restée au pays avec les enfants. On peut imaginer la suite…Mais il faut compter avec les caractères très différents des deux professeurs qui voient les relations extraconjugales sous un angle totalement opposé.
C'est une comédie de moeurs complètement décalée et pétillante menée tambour battant que nous offre ici David Lodge avec des moments qui touchent au burlesque quand les deux professeurs découvrent chacun de leur côté une société à laquelle ils n'étaient pas préparés que ce soit dans la rue ou dans le microcosme universitaire. L'humour est de règle et le style évolutif de l'auteur est parfaitement adapté aux personnages. Un roman léger et sans prétention.
Citation : Désirée Zapp qui constate amèrement : « Chaque génération s'instruit pour gagner assez d'argent pour instruire la génération suivante, et personne en définitive ne se sert véritablement de son éducation. Vous vous crevez le derrière pour donner de l'instruction à vos enfants et eux à leur tour vont se crever pour en donner aux leurs. À quoi ça sert tout ça ? »

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Changement de décor est une histoire de tour de passe-passe, ayant pour ressort narratif le choc des cultures. L'université de Rummidge, située dans les Midlands, et celle de Euphoric State University, au États-Unis, sont jumelées, en raison d'une lubie de leurs architectes respectifs, une reproduction, fort libre, de la célèbre tour de Pise. La version américaine, en pierre blanche, comme on pouvait s'y attendre, est d'une hauteur double à l'originale et sa cousine britannique, hideusement constituée de brique rouge, est moitié moins grande que le monument toscan. En revanche, les deux édifices présentent une belle et impeccable verticalité. En foi de quoi, ces institutions ont mis en place un programme régulier d'échange de professeurs pour une durée de six mois. Si le poste proposé dans l'établissement américain attire les convoitises, en raison du traitement alléchant, de l'intérêt de la mission et du cadre de vie agréable de cette contrée qui évoque San Francisco, celui dévolu au candidat américain, au sein d'une université pas vraiment cotée, dans l'atmosphère on ne peut plus maussade d'une ville qui ressemble furieusement à Birmingham, dans le climat rien moins que paradisiaque du centre de l'Angleterre, ne peut prétendre approcher, de quelque façon que ce soit, l'attrait du job proposé outre-Atlantique. Et pourtant, curieusement, seront-on tenté de dire, un universitaire reconnu, exégète de Jane Austen, se porte candidat, pour la simple raison, que son couple battant de l'aile, sa femme, lassée de ses frasques, lui a intimé l'ordre de prendre la tangente ou c'est le divorce immédiat. Son homologue britannique, Philip Swallow, une nullité en comparaison, pas même titulaire d'un doctorat, gracieux comme un porte manteaux, s'est vu proposé perfidement l'enviable échange, afin de l'éloigner provisoirement, pour proposer à son détriment, une promotion à un jeune collègue, bien plus doué que lui.

Le roman qui se situe en 1969, dans un climat en pleine ébullition, sous la poussée d'une jeunesse revendicatrice, est donc le récit en parallèle de deux personnages dissemblables, aux prises avec les singularités et les particularismes parfois fort déroutants de deux cultures, dont ils ne maîtrisent pas toujours les codes. le résultat est absolument savoureux, d'autant plus que le récit est magistralement conduit, notamment grâce aux variations de technique narrative : récit classique quoique fort singulier et drolatique, échanges épistolaires, coupures de journaux locaux, narration affectant l'aspect d'un film, avec les différentes techniques mises en oeuvre dans le septième art. Complètement sous le charme, me rendant compte, in extremis, que Changement de décor était le premier volet d'une trilogie, dont j'avais, curieusement, par ailleurs, le troisième volume, je me suis précipité en catastrophe c'est mon bouquiniste, absolument ravi de trouver un exemplaire, complètement défraîchi, de la suite, intitulée un Tout petit monde, trop content de poursuivre mon commerce avec ces personnages et leur créateur.
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David Lodge ici exerce un petit jeu de scènes parallèles dans les milieux universitaires. Il rend compte des avatars de tentative d'adaptation de deux héros dont les situations respectives sont échangées en jouant sur le parallélisme et le contraste. Résultat : surprise, humour, gros rire mais aussi beaucoup de superficialité mais aussi du vide et de l'ennui.
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L'écriture de Lodge est facile à lire, il ne s'encombre pas de millier de détail, on rit très souvent aux mésaventures de ses deux professeurs et on se rend compte au fur et à mesure qu'ils ne vont pas faire qu'échanger leur poste. Les personnages sont attachants, il n'y en a pas un qui m'a agacé ce qui est rare!
On apprend pas mal de chose sur la situation des universités américaines pendant la guerre du Viet Nam et la libération sexuelle.
C'est donc le premier tome d'une trilogie qui a pour thème le changement de vie. Je vais mettre de côté, Un tout petit monde car je ne compte pas en rester là avec cet auteur!
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Deux professeurs de littérature, l'un britannique et l'autre américain, échangent de poste pour une durée de 6 mois à la fin des années 60. Ils n'ont pas grand chose en commun mais ce "changement de décor" va bouleverser leurs vies...

Mon premier David Lodge, pas le meilleur, d'après les amateurs, mais j'ai tout de même aimé cet humour décapant et le style bien particulier de l'auteur. J'ai dévoré ce roman et je suis impatiente d'en connaître d'autres. Si vous avez des suggestions, elles sont les bienvenues ! ;-)
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