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Laurent Dufour (Traducteur)
EAN : 9782869305045
242 pages
Payot et Rivages (15/11/1991)
3.73/5   770 notes
Résumé :
Que fera Adam Appleby s'il perd encore à ce jeu qu'est la "Roulette du Vatican", seule forme de contraception autorisée par l’Église ? Ce jeune thésard catholique est hanté par la peur d'être père pour la quatrième fois, et Barbara, son épouse, observe fébrilement la courbe des températures.

Dans son troisième roman, La Chute du British Museum, David Lodge s'amuse à nous raconter les pérégrinations d'Adam Appleby dans le brouillard de Londres, et fait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 770 notes
Panique chez les Appleby.
Jeune couple à la tête de déjà 3 enfants, débordé par leur progéniture, voilà-t-y pas qu'un quatrième va peut-être pointer le bout de son nez.
Alors enceinte ou pas? Suspense.

Adam, le jeune père de cette grande famille, n'en dort plus. Brillant étudiant en fin de cursus, il prépare sa thèse sur "la structure des phrases longues dans trois romans anglais modernes". Faut avouer que ça en jette bien. Et ça justifie donc toutes ces heures passées au British Museum, deuxième maison d'Adam, le nez dans les livres du matin au soir.
Mais le coeur n'y est plus. L'angoisse de la marmaille à élever le ronge.
Seigneur Jésus Marie Curie, faites que madame ne soit pas enceinte.

Faut dire qu'on est dans le Royaume-Uni des années 60, et que les Appleby sont de fervents catholiques. Et donc, de contraception point question tant que l'Eglise n'aura pas donné son aval et légiféré sur le contrôle des naissances.
Sexe pour procréer oui, pour le reste walou. Et oui mon fils, le Seigneur ne reconnaît pas le plaisir charnel.
Pour l'heure, les rapports se planifient donc sous l'oeil fiévreux du thermomètre et l'étude assidue des températures, on gère comme on peut en priant tous les saints que la graine ne prendra pas.
Pauvre Adam, égaré à des années-lumière de la sexualité trépidante et orgasmique dont il rêve.
 
Dans la préface de l'édition de 1991, David Lodge nous éclaire sur le contexte de cet ouvrage et ses motivations. Il admet s'appuyer sur sa propre expérience de catholique pratiquant paumé dans les saintes directives en matière de sexualité et d'épanouissement du couple.
De plus, Lodge se fait plaisir (et nous fait plaisir tant qu'à faire) en agrémentant les rêveries de son personnage de clins d'oeil aux grands auteurs (Virginia Woolf, Hemingway, Conrad ou encore James Joyce pour ne citer qu'eux). Encore faut-il saisir les références... (re-merci à cette précieuse préface qui m'a particulièrement guidé, tout en faisant émerger l'étendue de mon inculture littéraire en matière de classiques...).

Accompagné d'un savoureux british humour, les aventures de Adam Appleby se suivent donc dans la bonne humeur, et tout en divertissant, amènent à réfléchir sur la place et le poids de la religion dans les choix de l'individu.

So british, so christian, so cute.
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Quand l'Eglise catholique se mêle de la vie sexuelle des gens, cela donne un roman humoristique écrit par David Lodge...

Oui, la vie sexuelle dans les années 60 ne devait pas être une partie de plaisir avec l'ombre menaçante de l'Eglise stipulant que rien ne devait être une entrave à la procréation voulue par Dieu. Donc, aucune contraception n'était admise, à part la fameuse méthode de la température, prise tous matins, qui fait ressembler la femme à un porc-épic, dixit Adam, le héros de l'histoire.
En effet, Barbara sa femme, de peur de tomber sur un thermomètre défectueux, s'en met un en bouche et l'autre...bon. Bonjour le romantisme ! Surtout dans un appartement de 2 pièces, avec 3 enfants en bonne santé, parlant, mangeant, déféquant...Et tout ça à 25 ans, avec une thèse à préparer au British Museum, où il se rend sur une mobylette menaçant à tout moment de rendre l'âme.

Pour tout dire, ce pauvre Adam n'a qu'une obsession : ne plus avoir d'enfants. Il a déjà assez donné. Mais c'est très difficile pour lui de rompre avec les préceptes de l'Eglise catholique... Donc son imagination décolle de la salle de lecture du British où il est confiné avec son ami lui aussi étudiant. Pas seulement son imagination, car il rencontre des personnes tout à fait insolites et même très très bizarres.

David Lodge signe ici un roman « doucement déjanté », mêlant humour british, pastiche et allusion à plusieurs romanciers britanniques modernes (c'est cela qui est difficile à discerner pour moi). C'est loufoque tout en restant dans les limites, comme tout bon Anglais.

Et bon Dieu, l'Eglise catholique en prend pour son grade !
Ce pauvre Adam Appleby s'en veut d'avoir croqué la pomme...
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S'agissant d'anciennes lectures, en général je ne fais pas de critique si je n'ai pas aimé. Mais là, j'ai envie de dire haut et fort que je n'ai pas aimé, ou peut-être quelque chose m'a échappé. Ainsi, selon les dires de l'auteur il y a de nombreux passages de parodie que j'ai trouvés sans intérêt. Lodge décrit de A à Z le monde universitaire : des relations d'universitaires à universitaires. C'est ce qui s'appelle de la littérature d'universitaires pour universitaires. le monde universitaire qui y est décrit est vaguement fripon, mais de là à parler de picaresque ! Il y a aussi le catholicisme, j'allais oublier : vivement critiqué, car la cause de tous les ennuis d'Adam, surtout l'interdiction de l'avortement.
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Londres, années 60. Adam Appleby a 27 ans, est marié, étudiant en thèse qui s'éternise et déjà père de trois enfants. Lui et sa femme Barbara vivent dans le respect du dogme catholique en matière de "contrôle des naissances", et du coup dans la crainte quotidienne de concevoir un quatrième rejeton. Ils vivent à cinq dans un deux pièces, et Adam n'a toujours pas d'emploi. Nous le suivons sur une journée, pendant qu'il croit avec sa femme, tous deux désespérés, que le 4ème est en route. Il se rend comme tous les jours à la bibliothèque du British Museum pour travailler, mais beaucoup de choses peu ordinaires vont se produire...

Le hasard a fait que j'ai commencé ma lecture pile au moment où l'Irlande, en ce 25 mai 2018, a voté par référendum un oui historique pour l'autorisation de l'avortement dans le pays, très fortement contrôlé par l'Eglise. Les premiers chapitres, qui se concentrent sur les déboires d'un couple qui peine à trouver son salut sexuel entre le compte des jours et les prises de températures ultra-sexy et pense avec horreur qu'ils ont encore conçu sans le vouloir, ont eu une résonance incroyable avec l'actualité ! (Adam et Barbara représentent toutes ces familles qui n'ont pas pas pu choisir, tous ces traumatismes à vie de femmes qui ont subi ou qui ont dû fuir pour avorter, qui se sont fait du mal ou qui ont dû passer par des traitements atroces de la part de l'Eglise avant que leur bébé soit adopté ; le nombre d'histoires et de peines est infini...)
Ce récit de 1965 est toujours très moderne, extrêmement bien construit, réaliste et vraiment drôle par moments. Comment ne pas compatir envers Adam et Barbara ? Comment, pour ma part en tant qu'ancienne thésarde littéraire comme notre personnage principal, ne pas se reconnaître dans cette vie dans les livres, dans cette opération très lente qu'est la recherche, cette attraction multi-émotionnelle pour les bibliothèques et les livres ?? Tout est tellement bien rendu : les personnels universitaires, les camarades autant en rade que toi, la rareté des postes, l'argent manquant, les sujets d'étude quasi uniquement pour la gloire personnelle, le temps qui passe, le sentiment d'inefficacité ou d'un travail bien accompli qui ne satisfait que toi, la course aux publications ou la quête d'éditeurs bien disposés... Je m'y suis retrouvé et y a de quoi s'éclater (mais pour qui est en plein dedans, mieux vaut peut-être éviter cette lecture pour l'instant !).
Le style est limpide et sans chichis avec une ironie et un cynisme toujours bien placés, ainsi que des réflexions concrètes entièrement valables de nos jours. On suit Adam qui "perd" plus ou moins complètement sa journée à cause d'une suite d'évènements généralement fortuits qui l'empêchent d'ouvrir un seul bouquin. le pauvre oscille entre détermination et déprime dans une mise en scène parfois dramatique et c'est juste prenant, marrant, fendant.
C'est une lecture légère, qui soulève toutefois des considérations graves comme le poids de la religion sur la santé d'un couple ou tout simplement sur sa vie. Une lecture qui critique ouvertement le catholicisme et sa propension à ne pas évoluer et s'adapter malgré les changements constants de la société qui se modernise à toute vitesse.
On passe vraiment un bon moment avec Adam et compagnie. le récit néanmoins s'essouffle, et c'est bien dommage, sur le dernier chapitre, quand c'est Barbara qui prend les rennes de la narration et nous balance du pur stream of consciousness imbuvable dans le style de James Joyce (car ce roman fait des pastiches, y en a qui passent mieux que d'autres ou qui sont plus reconnaissables que d'autres). Dommage que ça finisse là-dessus.
Une bonne pioche pour notre challenge du printemps 1 saison - 1 livre 2017/2018 !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Adam Appleby est terrifié: Barbara, son épouse, a "du retard". Or, le jeune couple a déjà trois enfants en bas âge et Adam, qui prépare sa thèse, n'a pas d'emploi. Que faire si un quatrième enfant se présente?


Les premiers mots qui viennent à l'esprit quand on lit ce roman de David Lodge sont loufoque et délirant!Il faut dire qu'on partage intimement les pensées d'Adam et que celles-ci sont plutôt embrouillées, vu son état de tension.

Mais, très vite, on trouve un certain ordre dans le fouillis que constitue la vie du couple Appleby. Une certaine logique s'installe également dans le déroulement bizarre des journées d'Adam qui, même s'il court dans tous les sens, donne l'impression de ne rien faire. Et les pointes d'humour qui accompagnent son étrange emploi du temps et sa vie de famille épuisante ajoute au plaisir que l'on ressent en suivant les aventures de ce héros pas comme les autres.

Si le côté très "catholique" de l'histoire peut d'abord sembler rébarbatif, il s'efface bien vite au profit des multiples autres aventures des personnages. de fait, au bout de quelques pages, c'est la recherche, la littérature anglaise et les doctorants qui prennent le pas sur la religion. Et, justement, en parlant des doctorants, la façon dont Lodge les décrit n'est pas tendre et donne l'impression qu'il a envie de les rendre ridicules. Car ces hommes (pour la plupart), s'ils font semblant de passer leur temps avec le nez dans les ouvrages du British Museum, sont en fait plutôt fainéants. Adam et son ami Camel, par exemple, donnent l'impression de beaucoup parler, de beaucoup fumer, de boire beaucoup de boissons chaudes et de beaucoup téléphoner. Et pendant ce temps, leur travail de recherche attend... Et le pire, c'est qu'ils se plaignent que leur rédaction n'avance pas. Bien entendu, cette caractéristique des chercheurs décrits pas Lodge, loin d'être désagréable, fait justement sourire: au lieu d'être agacé par les jérémiades des personnages se plaignant du manque de progrès de leur thèse, on est plutôt amusé par les situations dans lesquelles ils se retrouvent du fait de leur paresse.

Pour ne rien gâcher, des références littéraires multiples viennent s'ajouter à l'humour de Lodge. Tous les grands auteurs sont là: Woolf (Adam rencontre Mrs Dalloway durant la folle journée qui nous est racontée!), Lawrence, Joyce, Kafka et bien d'autres sont mentionnés.

En bref, de l'humour et de la littérature anglaise. Que demander de plus?
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Blague à part, dit-il, cette affaire de péché véniel – péché mortel, c’est dépassé. Quelque chose que les scolastiques ont inventé pour faire passer les longues soirées d’hiver. Tous les péchés sont des péchés mortels. Ou, en d’autres termes, tous les péchés sont des péchés véniels. Ce qui importe, c’est l’amour. Plus il y a d’amour, moins il y a de péché. Je prêchais l’autre jour dans une retraite pour hommes et je leur ai dit, mieux vaux coucher avec une prostituée par amour en quelque sorte, qu’avec sa femme par habitude. Il semble que certains m’aient pris au mot, et l’évêque est plutôt fâché !
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Camel et Pond échangèrent un regard qui en disait long.
Je te l'ai dit, dit Camel. Ca ne tourne plus rond chez Appleby.
- Je vois, dit Pond. Il va devenir l'un de ces excentriques du Museum. Plus tôt qu'on ne croit, il circulera en chaussons, traînant les pieds et marmonnat dans une barbe.
- C'est une forme spéciale de névrose du chercheur, dit Camel. Il n'est plus capable de faire la distinction entre la vie et la littérature.
- Oh si, je peux, dit Adam. Dans la littérature, on fait surtout l'amour et on fait peu d'enfants. Dans la vie, c'est l'inverse.
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-Maman est là?
-Elle est en train de descendre l'escalier.
-Et comment vas-tu Clare? As-tu été gentille?
-Non.
-Oh! Qu'as tu fais?
-J'ai fais un trou dans le ventre de Dominic.
-Tu as fais quoi?
-Un trou dans le ventre de Dominic. Avec des ciseaux de cuisine.
-Mais Clare, pourquoi?
-On faisait comme si on était à la maternité et je lui faisais une césarienne.
-Mais Clare, tu ne dois pas faire ça.
-Tu veux dire que les garçons ne peuvent pas avoir de bébés? Je sais.
-Non , je veux dire couper des gens avec des ciseaux. Ecoute, est-ce que Maman est là?
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" Écoutez, mon père, une femme en moyenne se marie à vingt-trois ans et peut avoir des enfants jusqu'à quarante ans. Est-ce que son devoir est d'en procréer dix-sept?
- J'étais le benjamin de dix-huit enfants, annonça triomphalement le prêtre.
- Et combien dépassèrent la petite enfance? demanda Adam.
- Sept, reconnut le prêtre. Dieu ait l'âme des autres."
Il se signa.
"Vous voyez? Avec les soins médicaux actuels, ils survivraient tous peut-être. Mais même sept, comment pourrait-on les loger et les nourrir à Londres aujourd'hui?
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Tout en laissant infuser le thé, il composa de tête un petit article, « Catholicisme », pour une encyclopédie martienne compilée après que la vie sur terre eut été détruite par la guerre atomique.
(…)
Les rapports entre conjoints étaient restreints à certaines périodes limitées, déterminées d’après le calendrier et la température corporelle de la femme. Les archéologues martiens ont appris à reconnaître le domicile des catholiques grâce à la présence d’un grand nombre de graphiques compliqués, de calendriers, de petits livrets remplis de chiffres, et de quantité de thermomètres cassés, ce qui atteste de la grande importance attachée à ce code.
p. 27
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