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Michel Fuchs (Traducteur)Nadia Fuchs (Traducteur)
EAN : 9782743619442
366 pages
Payot et Rivages (21/01/2009)
3.81/5   72 notes
Résumé :
L'art de la fiction est traité à travers de nombreux thèmes comme les interventions d'auteur, le suspense, le roman épistolaire, le monologue intérieur, le réalisme magique, le symbolisme, et chacun illustré par des extraits d'un roman classique ou moderne.

S'appuyant sur des écrivains aussi différents que Henry James et Martin Amis, Jane Austen et Fay Weldon, Henry Fielding et James Joyce, David Lodge rend accessibles à tous la richesse et la variété... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Au début des années 1990, David Lodge, ayant pris sa retraite anticipé comme professeur de littérature anglaise suite à des problèmes de santé, a accepté la proposition du journal Independant on Sunday de faire une chronique hebdomadaire sur "l'art de la fiction", suite à une série de chroniques consacrées à "l'art de la poésie".
L'idée était non pas de faire la critique de tel ou tel auteur de romans anglais ou américain, mais de présenter à un large public comment les auteurs classiques anglo-saxons abordaient tel ou tel thème dans une de leurs oeuvres.
Pour la version française, l'extrait de l'oeuvre en anglais est reproduit, avant sa traduction. David Lodge explique ensuite en quoi cet auteur a bien su rendre cet aspect dans son oeuvre.
Une master class en cinquante chapitres pour ceux qui veulent se lancer dans l'écriture d'un roman ou qui s'intéressent au processus de création littéraire, du "début" à "la fin".
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L'écrivain et professeur de littérature anglaise a rassemblé et complété dans cet ouvrage une série d'articles qu'il avait écrits pour The Independent, à destination des critiques littéraires.

Autant le dire de prime abord : c'est du costaud ! L'auteur est exigeant et a un niveau de connaissances littéraires de haute volée, qu'il offre au plus grand nombre grâce à une volonté pédagogique évidente. Les extraits analysés dans le livre viennent des classiques de la littérature anglo-saxonne, et les considérations sont parfois complexes. C'est un livre qu'on ne lit pas d'une traite, mais par petites bouchées et avec une grande attention.

Contrairement à l'immense majorité des livres sur l'écriture, ce document se concentre avant tout sur la prose, même s'il fait des exceptions pour quelques sujets. Foin des méthodes lues et relues pour construire un scénario ou un personnage ! Ici, on analyse les phrases ou les paragraphes ; on se penche sur le style de l'écrivain ; on étudie l'évolution des textes littéraires.

Cet ouvrage est aussi très utile pour comprendre l'écriture de certains très grands auteurs anglo-saxons : chaque court chapitre débute par un extrait en anglais accompagné de sa traduction française, et l'auteur détaille une thématique précise sur quelques pages. C'est concentré, et c'est typiquement le genre de livre sur lequel on peut revenir selon les sujets qui nous intéressent.

À réserver à ceux qui aiment la littérature et recherchent des textes pour nourrir leurs jugements des romans.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Dans ce genre d'ouvrages, j'ai souvent peur que l'auteur cherche à faire l'étalage de ses connaissances plus qu'à les transmettre. Ce n'est pas le cas de Lodge, heureusement, que l'on sent animé par un véritable désir de communiquer au plus grand nombre possible sa passion pour la fiction dans le but non pas tant de former des « singes bavasseurs », des critiques littéraires mais bien d'allumer des feux chez des écrivains de fiction, des « joueurs ». En effet, avec son style éditorial, humoristique, concis, il aborde des oeuvres de la littérature comme dans l'intention de mettre au défi son lecteur. Comme s'il disait : « Tiens, je te décortiques ceci, je te fais le condensé de ce qui s'est fait jusqu'à présent, parce qu'il faut savoir avant de commencer, bref je te donnes tous les outils, maintenant à toi de jouer. »

D'accord, le fait qu'il n'a pas manqué de sauter sur l'occasion d'une oeuvre anthologique, « savante», pour faire la promotion des romans dont il est l'auteur – par exemple au chapitre « Les noms » il cite en exemple Nice Work, Jeux de maux et Jeu de société - m'a un peu fait tiquer mais bon, après tout, qui pourrait le lui reprocher ? Évidemment, l'art de la fiction, ce n'est pas que ça.

L'ouvrage prend la forme d'un essai divisé en courts chapitres thématiques traitant d'un aspect de ce domaine passionnant qu'il appelle aussi bien la rhétorique que, comme son titre l'indique, l'art de la fiction. Chaque chapitre ouvre sur généralement un, parfois deux ou trois extraits tiré de romans choisis parmi ceux qui font partie du patrimoine littéraire de l'humanité. La plupart sont en Anglais. Les traducteurs de Lodge ont fait le choix judicieux de les présenter tels qu'ils sont dans leur langue originale et de rajouter à la suite une traduction en Français. Chaque extrait est utilisé à titre d'exemple pour illustrer tel ou tel aspect de la fiction. Par exemple, dans le chapitre consacré à « l'imagination de l'avenir », Lodge analyse – rien de surprenant - un extrait tiré de 1984 de George Orwell.

Attention, ne nous laissons pas berner par la préface ! Même si l'auteur annonce avoir conçu son livre sans ordre chronologique, de façon à ce qu'il puisse être consulté « à la carte », au hasard, il a intitulé son premier chapitre « le début » et le dernier « la fin », ce qui nous astreint à une lecture linéaire. L'essai réunit une série d'articles qui ont été publiés dans un journal Anglais, l'Independant on Sunday dans les années 90 mais, en réalité, le lecteur désinvolte aura l'impression de manquer le fil conducteur de l'ouvrage s'il ne le parcourt pas d'un bout à l'autre, encouragé par le « work in progress » en trame de fond. En effet, l'auteur réussit à introduire des notions techniques et pointues de littérature qui vont revenir à travers ses articles qui couvrent des sujets plus vastes et généraux. Exemple, il explique ce que c'est que la métaphore dans le chapitre dédié au symbolisme, ce que c'est que le style indirect libre dans le chapitre consacré au monologue intérieur, si bien que ça vaut le coup, en fait surtout pour le lecteur moins initié, de suivre l'ordre chronologique. Remarquons que malgré tout ce côté pédagogique, les articles sont hyper concis et le survol nous laisse sur un véritable sentiment de satisfaction.

Lodge a déjà enseigné la littérature anglaise à l'Université. « Déformé » par ce métier, c'est donc essentiellement dans le corpus de cette tradition en particulier qu'il va piger pour ses exemples. Néanmoins, cela ne nous donne pas l'impression d'une limite, puisqu'il emprunte aussi ailleurs, dans la réserve de la littérature mondiale contemporaine notamment, pour citer un passage tiré du « livre du rire et de l'oubli » de Milan Kundera dans son chapitre consacré au réalisme magique. Il ne faut pas sous-estimer un « spécialiste » pour qui cette étiquette trop étriquée ne colle manifestement pas, qui connaît aussi bien son Proust, son Zola, que Virginia Woolf, Richardson, George Eliot et William Thackeray, pour n'en nommer que quelques-uns.

Jusqu'à quel point l'auteur a réussi son pari, si ce dernier était de susciter chez des lecteurs le goût de l'écriture ? Il suffit d'en juger par l'appréciation que j'en fais sur mon compte babelio !
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Cet essai littéraire "encyclopédique" (et pouvant être lu comme un ouvrage de consultation) se compose de 50 courts articles chacun traitant d'un thème d'écriture romanesque, de l'incipit (Ch I, "Le début") à l'excipit (Ch L, "La fin"). Ils sont tous introduits par une (rarement plusieurs) citation(s) tirée(s) de classiques ainsi que d'oeuvres moins connues de la littérature britannique et américaine uniquement, dans le texte et ensuite en traduction française (le texte anglais est souvent très utile pour la compréhension de l'analyse qui s'ensuit). L'ouvrage rassemble des articles parus à l'origine avec une fréquence hebdomadaire dans le "Independent on Sunday", et cela impose la longueur hélas très réduite de l'analyse (ainsi que de la citation, bien sûr).
Cette contrainte de taille (aux deux sens de la locution) constitue ma principale petite source de frustration dans la lecture. La seconde (en découlant) a trait à ma formidable ignorance de la littérature anglo-saxonne, à cause de laquelle parfois je ne me rends pas compte de la valeur emblématique de la citation choisie par rapport au thème traité (j'aurais même parfois eu en tête d'autres exemples tirés d'autres littératures, plus idoines à mon sens). Je suppose néanmoins que la valeur emblématique peut résider davantage dans l'oeuvre tout entière, voire même dans l'auteur, que dans la courte citation évoquée: encore faudrait-il les connaître en profondeur pour vérifier...
La verve et l'humour du Lodge romancier ne me semblent pas autant perceptibles chez Lodge critique littéraire que l'affirme la quatrième de couverture. Toutefois, surprime inattendue, on arrive parfois à deviner, par-delà sa maîtrise académique incontestable, des éléments de ses propres goûts littéraires, ou tout au moins des filons d'écriture (ou de recherche) d'autrui qu'il valorise suffisamment pour se les approprier dans ses romans (cités à plusieurs reprises, eux aussi).
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A force de lire David Lodge, on en aurait presque oublié qu'il fut également prof de littérature dans une université américaine.
A la fin des années 80, un quotidien lui demanda de signer quelques articles sur l'art d'écrire des oeuvres de fiction.
Ce recueil condense ces articles en les remaniant à peine (on aura le plaisir de découvrir des textes moins amputés que lors de leur parution dans le journal). Il propose plusieurs angles de lecture.
Tout d'abord, le principal : découvrir les astuces et les moyens dont usent les grands de la littérature (Lodge a privilégié les auteurs anglo-saxons, on ne lui en voudra pas). C'est un véritable cours d'écriture à l'adresse de celles et ceux qui voudraient s'épancher sur des pages blanches.
Ensuite, l'éditeur a eu la bonne idée de conserver les textes présentés, servant de support à une analyse précise, en langue originale (je rassure les imperméables à l'anglais : la traduction suit). Superbe piqûre de rappel à celles et ceux qui veulent approfondir leur connaissance de l'anglais, et du meilleur de surcroit. Il peut aussi ravir les apprentis traducteurs en comparant l'original et la version. Enfin il met le doigt sur le difficile travail de savoir conserver la musicalité d'un texte sans en altérer le sens.
Enfin, c'est un vivier impressionnant pour qui cherche des livres à lire ou à découvrir. Certes, les auteurs sont archi connus, mais comme une vie entière ne suffira pas à lire ne serait-ce que les chefs d'oeuvre, il toujours bon d'aller faire un tour chez Virginia Wolf, Jane Austen, Henry James, Thomas Hardy, Paul Auster, Hemingway, James Joyce, Henry Fielding, Kipling, Nabokov.
50 chapitres très courts, évoquant le style et la manière, comme 50 cours de littérature appliquée.
Dernier petit jeu : sur ces 50 textes empruntés à la meilleure littérature anglaise, combien en avez-vous lu?
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le titre même de l’Ulysse de James Joyce est l’indication, la seule qu’il soit impossible de ne pas reconnaître dans l’ensemble du texte, que le récit qu’il fait d’un jour à peu près ordinaire à Dublin le 16 juin 1904, reproduit, mimique et travestit l’Odyssée d’Homère (cette histoire dont le héros, Odusseus, s’appelait Ulysse en latin). Léopold Bloom, Juif d’âge moyen démarcheur en publicité, en est le héros fort peu héroïque, et sa femme Molly est très inférieure à son prototype, Pénélope, en matière de fidélité conjugale. Après avoir traversé la ville de Dublin en tous sens pour faire courses et commissions qui n’aboutissent à rien, comme Odusseus avait été poussé par des vents contraires autour de la Méditerranée à son retour de la guerre de Troie, Bloom rencontre Stephen Dedalus et lui vient paternellement en aide, lui qui est le Télémaque de l’histoire d’Homère et l’autoportrait de Joyce lui-même, mais plus jeune, du temps où il était aspirant écrivain, plein de fierté mais sans le sou et ne s’entendant pas avec son père.
Ulysse est une épopée psychologique plutôt qu’héroïque. Nous nous familiarisons avec les personnages non pas parce qu’on nous parle d’eux mais parce que nous partageons leurs pensées les plus intimes, représentées comme une série de courants de conscience muets, spontanés, perpétuels. Le lecteur a le sentiment qu’il porte des écouteurs branchés sur le cerveau de quelqu’un d’autre et qu’il fait défiler une bande sans fin enregistrant les impressions, les réflexions, les questions, les souvenirs et les fantasmes du sujet, au fur et à mesure qu’ils sont déclenchés soit par des sensations physiques soit par des associations d’idées. Joyce n’est pas le premier écrivain à utiliser le monologue intérieur (il en attribue lui-même l’invention à Édouard Dujardin, romancier français peu connu de la fin du XIXe siècle), ni le dernier à l’avoir fait, mais il l’a porté à un tel degré de perfection que ses autres adeptes semblent bien faibles en comparaison, Faulkner et Beckett exceptés.
Le monologue intérieur est à vrai dire une technique qu’il est très difficile d’utiliser avec succès, car elle n’a que trop tendance à imposer à la narration un tempo d’une lenteur éprouvante et à écraser le lecteur sous une pléthore de détails futiles. Joyce évite ces pièges en partie grâce au génie qu’il manifeste dans son maniement des mots, qui fait de l’incident ou de l’objet les plus banals des choses fascinantes, comme si nous les découvrions pour la première fois ; mais il y parvient également en variant la structure grammaticale de son discours, combinant le monologue intérieur, le discours indirect libre et les descriptions narratives orthodoxes.
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What kind of knowledge do we hope to derive from reading novels, which tell us stories we know are not “true”? One traditional answer to that question is: knowledge of the human heart, or mind. The novelist has an intimate access to the secret thoughts of her characters denied to the historian, the biographer or even the psychoanalyst. The novel, therefore, can offer us more or less convincing models of how and why people act as they do. Postmodernism and poststructuralism have deconstructed but not demolished the Christian or liberal humanist ideas of the self on which this project is based – the unique, autonomous individual responsible for his or her own acts. We continue to value novels, especially novels in the classic realist tradition, for the light they throw on human motivation.
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Un roman peut débuter par la description traditionnelle de la vue de la campagne ou de ville qui va servir de décor initial à l'histoire […]. Un roman peut débuter au milieu d'une conversation […]. Il peut débuter par un narrateur qui se présente lui-même […]. Un romancier peut commencer par une réflexion philosophique […] ou en plaçant un personnage dans une situation de danger extrême. […] Beaucoup de romans commencent par une " intrigue d'encadrement " qui explique comment l'histoire principale a été découverte ou qui décrit quelqu'un la racontant à un auditoire imaginaire. […] L'histoire [peut aussi] commence[r] par un pastiche plein d'humour […] [ou] au milieu d'une phrase.

Chapitre 1 : Le début.
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L'une des difficultés auxquelles on doit faire face lorsqu'on veut donner une représentation honnête de la vie de la classe ouvrière (ceci est particulièrement net dans les romans victoriens bien intentionnés traitant des problèmes de la vie ouvrière) réside dans le fait que le roman est une forme littéraire essentiellement bourgeoise, et qu'il n'est guère de tournure de phrase utilisée par le narrateur qui ne trahisse ce parti pris social.
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De quelque manière qu'on le définisse, le début d'un roman est un seuil qui sépare le monde réel dans lequel nous vivons du monde que le romancier a imaginé. Le début d'un roman doit, par conséquent, nous "attirer" de l'autre côté de ce seuil.
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