Citations sur Thérapie (82)
Vers le début de ma thérapie, Alexandra m'avait prié de prendre une feuille de papier et de dresser sur deux colonnes la liste de ce qui allait bien et de ce qui n'allait pas dans ma vie. Dans la colonne de ce qui allait bien, j'avais écrit :
1/ Réussite professionnelle.
2/ Aisance financière.
3/ Bonne santé.
4/ Stabilité conjugale.
5/ Enfants lancés sans encombre dans la vie adulte.
6/ Domicile agréable.
7/ Voiture épatante.
8/ Autant de vacances que j'en ai envie.
Dans la colonne de ce qui n'allait pas, je n'avais rempli qu'une ligne :
1/ Je me sens malheureux la plupart du temps.
Quelques semaines plus tard, j'ai ajouté ceci :
2/ Douleur au genou.
Oui, bien entendu, je sais que les plaisanteries sont une forme déguisée d'agression...
"O.K.., Tubby, voyons voir si j'ai bien compris. Nous avons ce philosophe danois, au XIXe siècle, qui se fiance à une certaine Régine, puis rompt les fiançailles pour des raisons qui échappent à tout le monde, elle en épouse un autre, ils ne se reparlent plus jamais, il vit encore une vingtaine d'années en écrivant des livres auxquels personne ne pige rien, enfin il casse sa pipe et cent ans plus tard on célèbre en lui le père de l'existentialisme. Tu crois vraiment que ça peut faire un feuilleton télé ?"
Mais je n'ai jamais aimé la musculation. A mon avis, c'est au vrai sport ce que la masturbation est au sexe.
Il paraît qu'à l'intérieur de tout homme gros il y en a un maigre qui lutte pour sortir, et j'entends ses plaintes étouffées chaque fois que je me regarde dans la glace de la salle de bains. D'ailleurs, ce n'est pas seulement la forme de mon torse qui me tracasse, et il n'y a pas que le torse, si l'on va par là. J'ai la poitrine couverte de quelque chose qui ressemble à une paille de fer de la taille d'un paillasson, et qui monte jusqu'à la pomme d'Adam : si je porte une encolure ouverte, des vrilles vigoureuses surgissent par en haut comme les végétations à croissance accélérée venues de l'espace dans les vieux feuilletons de science-fiction.
Je l'avais classé dans les herbivores. Tu sais, je dis toujours qu'il y a deux catégories d'hommes, les herbivores et les carnivores. Ça tient à leur façon de te reluquer. Avec ma paire de nichon, j'attire les regards. [.................................]
En tout cas, tu as des hommes qui vont simplement te jeter un regard d'appréciation, un peu comme si tu étais une statue, quoi, c'est eux que j'appelle les herbivores, ils se contentent de paître, tandis que les autres te matent comme s'ils avaient envie de t'arracher tes fringues et de te croquer à pleines dents, c'est des carnivores.
Quand elle va voir un spectacle, elle ne se contente pas de regarder les acteurs interpréter leur personnage ; elle ne cesse de les imaginer dans d'autres rôles, si bien que lorsque le rideau tombe, elle n'a pas seulement enregistré leur performance de la soirée, mais aussi leur potentiel pour tout autre chose. Allez avec Amy voir Macbeth à la Royal Shakespeare Company et dites-lui en sortant : "Quelle formidable Lady Macbeth, cette Deborah Radcliffe", elle vous répondra : "Humm, je la verrais bien jouer Judith Bliss dans Rhume des foins".
Qu'est-ce qu'aimer, sinon croire qu'on a trouvé l'amour?
« Peut-être, a-t-il dit sombrement. Pour toi, c’était bien ? » Naturellement, j’ai répondu que ç’avait été merveilleux, quoique pour être franche il me soit arrivé de tirer davantage de plaisir d’un bon bain après une dure journée de travail, ou d’un chocolat belge de grande classe avec une tasse de café de Colombie moulu de frais. En toute honnêteté.
C’était l’heure de l’espoir, une époque où l’on pouvait manifester du patriotisme sans se faire étiqueter comme une vieille baderne tory. La honte de Suez appartenait au passé, et voici que nous étions les meilleurs dans des domaines qui comptent vraiment pour le commun des mortels, le sport, la pop music, la mode et la télévision. La Grande-Bretagne, à présent, c’étaient les Beatles, les minijupes, l’émission That Was The Week That Was et l’équipe d’Angleterre victorieuse. Je me demande si la reine a regardé la télé ce soir, et ce qu’elle a pu éprouver en se voyant remettre la Coupe du monde à Bobby Moore. Un bon petit coup de nostalgie, j’imagine. « C’était le bon temps, hein, Philip ? » Le bon temps où elle se réveillait le matin sans avoir la perspective de lire dans la presse les comptes rendus détaillés des frasques sexuelles de sa famille : le Dianagate, le Camillagate, les coups de téléphone à Squidgy, les fantasmes de Charles rêvant d’être un Tampax, Fergie se faisant sucer le gros orteil. Je n’ai jamais été très branché sur la famille royale, mais on ne peut pas s’empêcher de compatir aux malheurs de cette pauvre vieille reine.