Élaborée par
Henri Loevenbruck et
Alain Névant, l'anthologie sobrement intitulée «
Fantasy » réunit pas moins de dix-huit nouvelles censées représenter ce que le genre comptait de meilleur à la fin des années 90. Seulement ce cru 1998 n'est pas particulièrement emballant... Première déception : les textes qui m'ont le plus enthousiasmé sont signés par des auteurs que j'apprécie déjà aujourd'hui... Pas de surprises, donc, ni de découvertes majeures parmi les quelques noms qui m'étaient jusqu'à présent inconnus. Deuxième point noir : on reste la plupart du temps dans du classique avec les traditionnels
dragons, princesses, mages et compagnie. Rien de bien innovant donc, ni au niveau des intrigues, ni au niveau des univers proposés. Je ne me risquerais pas à passer au crible la totalité des dix-huit nouvelles du recueil aussi m'attarderai-je seulement sur celles qui m'ont paru les plus abouties. Parmi elles, loin devant ses petits camarades, on peut d'ores et déjà citer le texte de
Thomas Day : « Le
Dragon des brumes ». L'auteur y met en scène un groupe d'adolescents turbulents dans une Écosse du XIIe siècle peuplée de légendes concernant de terribles ou magnifiques créatures marines et lacustres. Incontestablement le texte le plus ambitieux de cette anthologie et une belle réussite pour cet auteur qui s'apprêtait justement à l'époque à publier son tout premier roman («
Rêves de guerre ») aux éditions Mnémos.
Parmi les bonnes surprises, on peut également saluer la nouvelle chargée de clore l'anthologie et signée
Fabrice Colin qui joue pour sa part la carte de l'humour. Dans « Naufrage mode d'emploi », il met en scène un auteur sommé par son agent d'arrêter d'écrire de la
fantasy pour se consacrer à quelque chose de plus vendeur et donc plus consensuel. Difficile toutefois de se sortir de la tête
dragons, fées, trolls et hobbits une fois qu'ils se sont fait leur trou dans notre imaginaire ! Pari également réussi pour
Mathieu Gaborit qui pose avec « Le Vitrail de jouvence » les bases d'un univers intéressants dans lequel des féals (créatures mythiques telles que le phénix ou le griffon) veillent sur différents grands empires.
Michel Pagel opte pour sa part pour le récit initiatique avec « Pour être un homme » mais parvient à éviter la plupart des écueils qu'on rencontre généralement dans ce type d'histoire.
Pierre Grimbert réussit également son coup avec « Le Guerrier La Mort », nouvelle épique mettant en scène un homme déterminé à échapper à la Faucheuse, de même que
Bernard Werber avec son court mais ingénieux « Conte à rebours ». Parmi les autres noms au sommaire, il convient tout de même de mentionner
G. E. Ranne qui signe avec « Il était trois petits enfants » un texte qui possède certes quelques défauts mais qui n'en reste pas moins original et bien écrit.
Une anthologie consacrée à la
fantasy qui manque hélas de diversité, et ce malgré le nombre conséquent de nouvelles. Même si les textes de
Thomas Day,
Fabrice Colin,
Michel Pagel ou encore
Pierre Grimbert valent le coup d'oeil, voilà une lecture dont vous pouvez certainement vous passez...