Le mystère Fulcanelli

- Il y a deux façons d'aimer les livres. Soit on les enferme précautionneusement derrière une vitrine comme des reliques, en n'osant à peine y toucher, soit on les dévore... Je fais plutôt partie de la seconde catégorie. Je crois que, quand on les aime vraiment, on n'a pas peur de prendre les livres à pleines mains.
- Il en est de même avec les femmes, n'est-ce pas ?

Pour l'instant, ils ne s'étaient posé aucune question qui fâche. Aucune question qui tâche. Mais l'heure viendrait de mettre un mot sur ce qu'ils étaient en train de vivre. Aventure ? Réconfort ? Réunion ? Annexion ?

Il s'était amusé, soulageant exclusivement un appétit sexuel qui, pourtant, ne pouvait jamais être satisfait, car même à la plus belle des femmes il manquait toujours une chose : elle n'était pas Lola.

Les yeux rivés sur la nuque de la jeune femme, nu lui aussi, Mackenzie se demandait s'il venait de faire la plus grande bêtise de sa vie ou si, au contraire, il avait pris la première bonne décision depuis de trop nombreuses années.

L'attrapant par les épaules, il la repoussa en arrière, la plaqua contre le mur bariolé de posters, puis il l'embrassa à son tour, avec tout autant de fièvre. Et ce fut alors comme si toute la lourdeur du monde avait disparu autour d'eux et qu'il ne restait que ce baiser, un baiser lourd de désir, d'attente et de blessures.

C'est peut-être là le problème. Quand on écrit le verbe aimer avec un "d" à la place du "m", ça finit toujours mal. L'amour est un sentiment égoïste.

Je crois que je n'ai jamais cessé de l'aimer. Je crois que je ne pourrai jamais cesser de le faire. Mais il n'y a rien de plus difficile que d'aimer un homme comme lui.

On n'a pas besoin de se voir pour s'aimer.

Pauvre con. Plus il essaie de ne pas devenir un homme, et plus il est humain.

Il n'y a de plus grande solitude que celle de vivre avec un être que l'on n'aime plus.