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4,48

sur 4188 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Perplexe !
Je ne sais pas si c'est un très bon livre ou si c'est le livre du garçon, vous savez le livre cliché de l'ado boutonneux qui se cherche et qui a envie de se faire plaisir avec sexe, drogue, violence et bien sûr son indomptable cheval et parcourir de long en large le pays.
Le livre du cow-boy par excellence !

Parfois j'ai été aspirée par la narration et eu envie de me fondre dans cette fraternité, cheveux au vent, narines dilatées, yeux écarquillés, tellement c'était beau de bons sentiments, d'envies inassouvies, de recherche d'absolu, de papotages sans fin à refaire le monde sous le ciel étoilé. C'était beau d'amitié, de soutien, de solidarité, de partage, de rêve de jeunesse.
Et parfois, bon sang, je me suis ennuyée parmi une bande de gamins se prenant pour des robins des bois et criant haut et fort qu'ils étaient libres ! Mais libres de quoi : voler, boire, baiser, sniffer, faire la route et faire la nique aux vieux, aux bourges et à ceux qui ne font pas partie du groupe ? Parce que bien sûr tous les autres c'est des cons.

Alors oui parfois ce livre m'a énervée, trop simpliste dans sa façon de voir et d'être : je fais ce que je veux, je prends ce que je veux et je vous dis merde. La phrase de tout jeune qui découvre le monde à ses pieds et se rêve le maître du monde. Et puis toutes ces bagarres, cet afflux de testostérone !
Pfffff ! Comment apprendre à gérer ses émotions ? Une grosse mandale dans la gueule, un rail de coke, une baise, une bière et un tour de moto. La panoplie complète de l'ado rebelle.

Bon j'ai fini de tailler le costume et j'en viens aux finitions. Finitions qui apaisent mon énervement car elles sont fines justement. Un beau travail d'écriture de la part de Loevenbruck qui passe du langage parlé à un langage un peu plus soutenu lorsque Bohem redevient Hugo. Qui décrit les rêves de jeunesse, comme on en a tous eus, et touche forcément à l'intime. Et surtout, surtout qui nous fait une magistrale démonstration d'amitié et de loyauté.
« Ces loyautés, ces liens invisibles qui nous attachent aux autres, ces promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l'écho, ces contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, ces mots d'ordre admis sans les avoir entendus, ces dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires. » (Delphine de Vigan)

Un road-movie pour trouver une définition aux mots Liberté et Fraternité. Une définition que chacun prendra à son compte. Ou pas.
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Ö crime de lèse-babélio je ne me retrouve pas dans les critiques dithyrambiques de la sphère . Je ne suis pas tombée en pâmoison en lisant ce roman loin s'en faut .
Je reconnais à Henri Loevenbruck une faconde propre à ce road movie mais voilà bouffer des miles à longueur de route ce n'est toujours pas mon kif . Bien sûr vivre à Providence quand on vient d'une famille dépourvue de tunes et d'amour cela vous met direct en situation d'infériorité , situation qui ne peut que se transformer en rage . C'est le cas de Hugo .
Alors le jour où il se retrouve dans le collège privé et religieux de la ville , celui où tous les gosses de riches font leurs classes, c'est carrément la fin du monde . Mais c'est pourtant là qu' il va faire la connaissance de Freddy le rital, Oscar le chinois et Alex la fouine. Entre eux l'amitié se noue , Hugo devient Bohem, la moto entre dans sa vie, la moto c'est pouvoir partir , vivre à sa guise et la roue va vite tourner .....Amitié, amitié toujours? , Liberté ,Honneur et Respect ..
Un roman plein de qualités , plein de la fougue d'adolescents qui entrent en rébellion, utilisant leurs bécanes et leurs poings pour s'affirmer et exister . Une belle aventure humaine , un hymne à l'amitié mais un roman qui ne m'a pas séduite .
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"Nous rêvions juste de liberté", m'a laissé une impression partagée, mitigée. Je m'attendais à mieux, d'autant plus que les critiques, nombreuses et dithyrambiques, sur Babelio, laissait augurer, quelque chose d'exceptionnel. Il ne m'a pas semblé lire quoi que ce soit de tel.
Certes, tout n'est pas mauvais, dans "Nous rêvions juste de liberté". Il y a de vrais moments de grâce, le message sur l'amitié et sur la liberté n'est pas mal tourné ; il y a souvent dans ce texte une satire provocante, des institutions. Tout cela, je l'ai aimé.
Malheureusement, la somme des défauts, est plus grande, que celle des qualités, même si celles-ci, sont non négligeables. Pour commencer, le style, ne m'a pas semblé très bon. C'est un style familier, avec parfois de vraies fulgurances, de toute beauté ( je pense notamment, à un passage, s'étendant de la page 356 à la page 358, qui est un passage, plein d'émotions, écrit d'une plume fine, exprimant toute la poésie du voyage, et toute la beauté et la douleur de la vie ), mais, en règle générale, ce style, m'a semblé plutôt plat. Même si l'on sait, que c'est le héros, qui parle, ce n'en est pas moins gênant. En fait, c'est assez mal écrit, somme toute, le style familier gâchant totalement, mon impression de lecture. Quand je pense à ce que Louis-Ferdinand Céline, eût été capable de faire, de ce langage, familier, parfois presque argotique, ma déception, n'est que renforcé !
Au vu des critiques, je m'attendais à un ouvrage plein d'émotions ; il n'en fut rien. L'amitié de ces personnages m'a certes, semblé souvent pleine de grâce, mais cela n'a pas suffit à m'émouvoir.
La fin est assez bâclée, tout à fait incohérente, avec le reste du texte, elle vient, on ne sait trop d'où, on ne sait trop pourquoi. L'auteur, se refuse à déployer, un style, qui pourrait susciter des émotions, des vraies, de splendides émotions.
Une lecture assez désagréable, malgré de vrais moments de grâce.
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Que dire après 472 critiques ! Rien de neuf assurément, sinon que je suis loin de partager l'enthousiasme de la majorité. J'ai trouvé le début assez intéressant malgré des situations mille fois exploitées (le milieu difficile, la petite ville paumée, le désamour des parents, la révolte contre l'autorité, le désir d'appartenance à un groupe, etc.) parce que je trouvais que la bande composée du charismatique Freddy, d'Oscar l'écorché vif, d'Alex « l'intello » hypocondriaque et râleur, ces trois potes auxquels se joint Hugo l'idéaliste était particulièrement prometteuse. Pourtant, on tourne vite en rond : on ne sort pas de l'admiration, je devrais dire de l'obsession, d'Hugo (Bohem) pour Freddy et de la jalousie des autres pour cette relation. Ensuite, je me suis souvent ennuyée pendant le road trip... Les guerres de territoire, les provocations entre bandes de motards, les vols, la drogue, la bière, et une énorme quantité de testostérone ont eu raison de ma bienveillance initiale envers les personnages et de de mon intérêt pour ce livre encensé par tant de critiques. Déçue !
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Houa, putain la claque !
J'avoue que ce n'est pas mon style de livre mais il est vraiment super dans son genre !
Il y a de tout : de l'humour, de l'amitie, de l'amour, de la souffrance, de la tristesse et aussi de la joie.
Ce livre nous apprend a etre heureux des moments que l'on vit car tout pzut changer .... il faut rester fidele a ses valeurs.
Serieusement, qui n'a pas pleure a la fin ?
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Hugo vit dans la petite ville de Providence dans un désert affectif familial heureusement compensé par des chouettes copains au lycée dont le fils d'un garagiste qui l'initie à la moto et au monde des motards. Mus par un désir de liberté et après un passage en prison, Hugo et ses copains vont se lancer dans une équipée sauvage à travers le pays. Motos, grands espaces, fraternité et amitié mais aussi drogue, violence et sexe nourrissent leur parcours. Un peu paumés et idéalistes, ils accomplissent un périple routier et humain à la recherche de soi et de l'autre qui les marquera à jamais.

Merci à Babelio et aux Editions Flammarion pour la découverte de ce roman initiatique, réaliste et romantique (quelque peu manichéen aussi), écrit par un authentique biker.

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LC en compagnie de Celise. J'ai récupéré ce roman uniquement cette année en boite à livres et pour une fois, il ne sera pas resté longtemps dans ma pal. À force de voir passer de bonnes critiques sur celui-ci, j'espère l'apprécier autant, surtout que je connais déjà l'auteur avec ses écrits policiers.

Le début est assez spécial à cause des erreurs de syntaxe du narrateur ou des expressions utilisées en dépit du bon sens. C'est à se demander quel âge à le narrateur. Comme je ne me souviens jamais des résumés, je ne savais pas trop où voulait nous amener l'auteur, même si le titre en est un indice. La fin du 1er carnet laisse pantois et désarçonné. Comment des parents inexistants peuvent renier à ce point leur enfant ? Ça se laisse écouter et même si je me suis prise d'amitié pour Bohem et Alex, l'histoire n'est pas plus transcendante que ça. le français de fond de basse-cour s'était un peu calmé à la fin de la 1ère partie mais ça a repris de plus belle avec la 2nde et le début de leur road-trip en bécanes (« comme un poisson dans l'eau de la rivière », « comme au bon vieux temps d'avant », …). Pour ma part, ça rendait juste lourdingue la narration et ça m'exaspérait de plus en plus. J'en finissais même par relever les perles pour les ressortir à mon compagnon… On finit par sentir venir une belle descente aux enfers surtout avec le 2nd carnet et leur envie de liberté. le moins que l'on puisse dire est que l'épilogue a bien failli me faire pleurer. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Ah, ils sont beaux l'honneur et le respect dans une bande de motards. Faut croire que quand ils ne sont plus sur les routes, leurs cerveaux deviennent aussi étriqués que leurs libertés… Curieux roman et histoire située aux US avec des faux-airs de communautés hippies déguisées en motards où tout est permis, le pire comme le meilleur. Heureusement que je l'ai écouté sur un week-end en faisant autre chose car je n'étais pas sûre d'être allée au bout de cette histoire de motards sans cervelle (surtout Oscar, qui me faisait penser à un des personnages du film « Bande de sauvages »). En prime, je ne suis pas fan de la violence gratuite.

Comme vous l'aurez compris, ce roman aura été une bonne lecture pour ma part, mais sans plus. J'en retiendrais surtout la fin, sur la vacherie de la vie sur les libertés que certains ont voulu prendre… Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis. Pour ma part, je préfère ses romans policiers.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'enclave, quartier défavorisé de Providence (USA) où on habite sans que celle-ci ne soit intervenue, jamais, nada, que dalle, queue de chique, peau de b… !

Chômeurs en faim de droits et ouvriers exploités s'entassent dans ce décor de désolation ou la moitié des habitations sont abandonnées, dévastée, ont vécu.

C'est la où vit le jeune narrateur, Hugo, au comportement si provocateur dans son gratuit lycée public qu'il s'en fait expulser pour rejoindre le privé que ses parents financent en se serrant encore plus une ceinture déjà bouclée au dernier cran. Idéalistes malgré leur funeste histoire (ils ont perdu leur petite fille dans un sordide accident de la circulation), ils veulent le meilleur pour lui. Ils n'imaginaient pas que c'est le meilleur de la racaille locale qu'il allait y rencontrer en la personne de Freddy, une petite frappe d'origine ritale que rien ne canalise et qui frappe plus vite qu'il ne respire.
Illumination ! Éblouissement ! Ce sera son exemple, sa fascination, son maître.
Une rencontre décisive pour une admission dans un autre monde, parallèle, idéal, la bande de vauriens, la bande de voyous, la bande à Freddy qui, forte de ses quatre éléments disparates, terrifie l'établissement scolaire du sol au plafond, élèves comme professeurs ou équipe pédagogique.

Cette fascination prendra encore de l'ampleur lorsqu'il sera initié à la moto par des nuits mécaniques à avaler les kilomètres, accroché serré-serré au dos noueux de ce petit taureau qu'est l'ami prodigieux.
La réputation et les exactions de la fumeuse bande voluteront par-dessus l'enceinte du lycée pour faire tache d'huile en ville et dans les environs quand les Jags, la terreur de Carmel, la ville voisine, viendront jouer des poings avec eux, un jeu d'une violence inouïe ou tous les coups sont permis voire conseillés et aucun point compté (on ne fait ni dans la broderie ni dans la dentelle).

Un roman initiatique, un autoportrait au rétroviseur, écrit à la première personne du singulier pour une vie plurielle commencée, seulement, à l'âge de seize ans, avec l'admission dans la bande à Freddy et plus encore, dans le garage du père de Freddy où les deux garçons construiront leurs deux propres motos identiques, leurs brêles, leurs déesses, leurs passeports brillants et bruyants pour une liberté tant fantasmée, un rêve de gosses.

Ma toute première impression ne fut qu'assez peu enthousiaste. le style m'étant étrange, un peu toc (je tique), bancal même qui fait cohabiter le parler franchement familier (escamotant les négations, par exemple) et le langage un peu ampoulé (du dimanche), peu avare du subjonctif. Ce mélange improbable donne au début du livre un côté artificiel propre au gentil intello du gang de bonne extraction (avant) qui veut se la jouer caillera des faubourgs et des bas-fonds: Dans un coin de la tête, J'AVAIS PAS encore écarté la possibilité que tout cela SOIT un piège et que je ME FASSE de nouveau tabasser menu. ( !!!). Diantre, où cours-je me dis-je, pas spontané du tout tout-ceci, un décalage propos/formulation qui me brouille l'écoute et me laisse pantois voire même perplexe quant à la lecture intégrale du bouquin en entier (pléonasme entièrement assumé).

Mais bon, détestant abandonner une lecture entamée, comme d'autres une bière décapsulée, je tiens bon, je me cramponne comme hier une jeune fille sur un casse-gueule de la fête du trône (heu avant-hier). Et je fais bien car la suite se déshabille de ses chichiteries XVIIIème (siècle, pas arrondissement) et se glisse vers le verbiage populo-populeux, le je t'écris comme je jacte, à la façon de Renaud demandant dans une chanson tire-larmes à son Manu pathétique d'aller faire une virée dans la tire à Dédé puis de laisser béton, sa gonzesse ayant mis les bouts.

Ce parti pris stylistique un peu de bric et de broc me braque, il reste à intégrer pour ingérer l'odyssée déjà vue qui va nous être contée menue-menue, convoquant au passage à nouveau les fantômes en noir et blanc d'Elvis, de James Dean, de Marlon Brando et de Dick Rivers (heu non, pas Dick Rivers), évoluant dans les pittoresques  décors Kodachromes d''easy rider' et sapés, non pas d'un suaire, mais comme les ZZ Top (la grange).

C'est pas à Paname, c'est pas à Byzance, c'est à Providence où l'on t'envoie.

Viendrons le pater austère qui torgnole sévère, le surgé vicelard à la chiotte aux chromes rutilants, le dirlo ‘tête de veau' qui fait sa tête de cochon, le mécano rital aux paluches cambouisées, la séquence émotion à la belle étoile au bord du lac étal, la banale baston au brisé bistrot bondé, la bouille en bouillie du frêle trouillard de l'équipe, les nichons folichons de la gisquette gironde et affranchie…soit, sur fond de bannière étoilée, la panoplie stéréotypée des clichés associés aux adulescents étasuniens des sixties/seventies.

Puis la vitesse supérieure sera passée sans transition quand les éclairs d'un bleu alternatif illumineront la façade terne de la tristoune maison familiale. On va changer de crèmerie, les petites crapules à peine pubères vont changer de registre et s'inscrire sur celui de la justice en marche! C'est la courroie de distribution, la chaîne de transmission, le doigt dans l'engrenage, la vertigineuse pente raide et savonneuse vers la maison de correction.

Ça sent la mouise, la loose, la misère sociale, la sueur âcre, la mousse chaude en cannette big size, les petites gens, la vase, l'essence, l'huile de vidange, le ‘numéro un' au shit parade, le joint qui crépite rouge dans la noire nuit sans lune, mais aussi l'amitié, le vent dans les poils, l'espoir, la fraternité, la solidarité, la gomme à mâcher de l'asphalte, les gaz brûlés et…les potes d'échappement !
Parceque, de l'échappement, justement, il va y en avoir chez les potes qui feront le calcul de ne pas prendre la tangente. Côté mathématiques, ce sera plutôt la division ou la multiplication des désillusions quand resteront cloués au sol ceux qui ne se sentent pas pousser les ailes albatrosiennes de la liberté chérie.

 La vie est un chemin de choix où laisser choir ses rêves de môme c'est naître à l'âge adulte et se faire une raison où taire celles de la colère.
La bande débande et se disloque. Les rouages ensablés débloquent. Roulez jeunesse. On taille la route. la vie et l'aventure nous appartiennent…quand même.

Il partirent alors deux, mais par un prompt renfort, ils se virent…un peu plus nombreux à avaler les miles, à en découdre sur ce ruban de bitume serpentant à travers des paysages changeants, de marais ou de déserts, ruraux ou urbains, à croiser parfois des personnages cartoonesques, des figures tantôt hospitalières (ha, la truculente vieille Anna), tantôt agressivement hostiles (du tenancier en slip de motel miteux aux flics pas très  fufutes (encore un pléonasme revendiqué) en passant par le motard revanchard d'un autre club cyclomotoriste pas franchement fraternel …).

Et c'est la fuite en avant, l'équipée sauvage, la fureur de vivre, la roue libre. On bouffe du macadam, on fout (et prend) des gnons, on tutoie la dope, on tire des coups, on casse des taules et on joue à cache-cache avec les gyrophares aveuglants qui trouent la nuit la plus sombre de leur clignotement caractéristique.

La narration s'ancre dans le futur par rapport à ce qu'elle relate, raconte rétrospectivement, et on devine rapidement (ou on croit deviner) que le moment viendra où dure sera la chute, où dur sera le mur de parpaings qu'on va se prendre en pleine figure et surtout, que rien de dure des moments doux quand survient la sanglante et ultime déflagration!

Un roman c'est une histoire, une intrigue que l'on veut suivre à tous prix, même au bout de la nuit, le style en étant alors le médium, le véhicule qui va nous prendre dès le début, nous transporter, nous emporter pour nous déposer à la fin, fourbus, rompus après un voyage effectué soit dans un certain confort ouaté, cosy, soit, why not, dans un inconfort de tous les diables, mais alors, choisi, voulu murement décidé.

Ici, dans ce roman résolument sauvage, j'ai bien eu l'histoire qui attache grave comme le cramé au fond de la gamelle, j'ai bien eu l'intrigue espérée qui fait garder les yeux grand ouverts quand les aiguilles se lassent de tourner sur le cadran chiffré de l'horloge, c'est vrai que j'ai voulu m'absorber, me dissoudre dans ce parcours chaotique du pauvre gars happé par une soif inextinguible de liberté absolue, j'ai voulu assembler les pièces bien huilées du puzzle foutraque de sa vie peu ordinaire qui roule vers un fin forcément tragique, j'ai marché dans son lyrisme à deux balles, apprécié les chausse-trapes, les chemins de traverse oxygénés,  épingles à cheveux où crissent les pneus.

 Mais côté véhicule, ça a un peu calé. Manquait l'étincelle qui met le feu aux vapeurs d'essence, qui provoque l'explosion qui, elle, poussera le piston, et me propulsera dans un récit ébouriffant, les cheveux dans le vent (sky, my brushing). Il y a eu des reprises, des échappées belles, plutôt vers la fin, mais dans l'ensemble le moteur a souvent brouté.

Embêtant pour un ouvrage qui traite majoritairement de pétaradantes bécanes survitaminées, débridées (surtout celle du chinois) et de décibels vrombissants. Comme je l'ai vite pressenti et écrit plus haut, le style m'est resté artificiel, un peu vain, une posture, voire une imposture.

Comme Bohem, le personnage principal, ce narrateur qui se sent illégitime pour tenir le rôle de chef devenu sien, son langage et sa prose m'ont paru factices, bricolés de toutes pièces (de rechange) pour remplir le cuir du motard à la cool roulant des mécaniques, un folklore américain, un cliché arrangé (comme le rhum du même nom), une photo à la Doisneau qui se veut prise sur le vif sur le parvis de l'hôtel de ville mais qui s'avère être soigneusement posée, comme en studio et surmontée ostensiblement ici de son slogan accrocheur : « yes, we jerrican »

J'ai surtout eu l'impression d'un rendez-vous en terrain connu !

Si on dérive de continent, quittant les désertiques et arides terres américaines pour des paysages qui nous sont plus familiers, franco-français, qu'on y transporte et y transforme nos zigotos améres-loques en deux zonards franchouillards pas méchants pour trois ronds mais en rupture totale avec la société, deux poteaux qui pudiquement refusent de parler d'amitié mais sont incapables de se passer l'un de l'autre, deux aventuriers à la petite semaine qui alternent virées sauvages et calmes villégiatures en bord de rivière, qui savent qu'un jour la quête d'absolu se muera en cavale crade, n'avons-nous pas nos deux décontractés du gland imaginé par un Blier inspiré déballant ses ‘valseuses' ?
Voilà, c'est ça, après ‘le gendarme' ou ‘les visiteurs', voici ‘les valseuses en Amérique', un touillage de baston, un retour de kick pour un rode-movie hexagonal lorgnant du côté de chez Sam.

Bon, ne boudons pas notre récréation cependant, j'ai passé un bon moment de lecture quand même, mais je n'ai pas fait rugir les chevaux (mécaniques) du plaisir que j'attendais, que j'espérais !! Je n'ai ni soulevé la poussière ni explosé mes bronches, j'ai aimé, j'ai bien aimé même mais sans faire trembler les murs de Jéricho.

Alors, le pistolet bien en main je remplis docilement mon recevoir (1€56 le litre chez Total Energie), je mets sagement mon clignotant qui tic-tac comme les gaz qui vroum vroum, déboîte prudemment (oeil dans de retro) et prends gentiment ma place dans le trafic, saturant un peu plus le cordon routier qui, je l'espère, va m'emporter tout droit vers une autre oeuvre à dévorer, un autre roman à avaler, tout en sifflotant le nez en l'air, décontracté :
‘I am the passenger and I ride and I ride
I ride through the city′s backsides
I see the stars come out of the sky
Yeah the bright and hollow sky
You know it looks so good tonight'

Merci au passage à Bashung, Cabrel, Renaud, Iggy Pop, Dave et…Sardou (chercher l'erreur)
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Beaucoup de violence, de drogue, de sexe et, en prime, un vocabulaire d'ados insoumis et provocateurs durant les 400 pages du roman : à priori, ce n'est pas du tout ce que je recherche dans la lecture. Et pourtant, j'ai tenu bon car je me suis laissée attendrir par cette bande de jeunes paumés, pas gâtés par la vie et également intriguer par le monde assez occulte des clans de motards.
Malgré l'horreur de certaines scènes, l'auteur tisse une histoire trépidante et souvent touchante, qui rend hommage à une certaine idée de la liberté forcément incompatible avec le principe de réalité, tout en exaltant la notion de fraternité, malgré la trahison et les échecs.
Un texte fort qui a déclenché l'enthousiasme de tous les babeliotes à l'esprit rebelle.
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Hugo a grandi dans une misère affective profonde, au sein d'une famille peu aimante, et marqué par la mort de sa petite soeur. Quand il rencontre Freddy, Oscar et Alex, il se découvre une vraie famille où les amis sont des frères. « T'es un des nôtres, maintenant. On sera toujours là pour amortir la chute, mon pote. / On ne m'avait jamais rien dit d'aussi doux. » (p. 32) Les quatre gamins sont tous révoltés et bouillonnants d'énergie et glissent lentement vers la délinquance juvénile, jusqu'à devenir de vrais voyous. À mesure qu'ils franchissent les limites de la loi, qu'ils fument et boivent plus que de raison et qu'ils bouffent des kilomètres de bitume sur leurs bécanes, ils forment un groupe férocement soudé répondant à un code d'honneur très particulier. « C'était chouette d'être tous les quatre, de traverser la ville ensemble comme une armée qui partait au combat pour rendre justice. » (p. 79) Hélas, tout dérape : un des gamins frôle la mort, tous sont envoyés en maison de correction et quand ils en sortent, tout a changé. Les rêves de liberté s'effilochent et il faut grandir. Mais Hugo s'y refuse et fonde le club de moto de Providence, suivi d'anciens amis et rejoint par de nouveaux frères. La liberté semble alors si proche, si réelle. « Mon petit bonheur simple, c'était de vivre et de rouler avec cette belle bande de voyous dont personne d'autre voulait. » (p. 216) Hélas, dès l'incipit, on sait que quelque chose a mal tourné puisque la justice s'en est mêlée.

Ce récit d'écorché vif m'a terriblement rappelé la géniale série Sons of Anarchy (surtout combien elle me manque et combien j'ai hâte que paraisse le spin-off Mayans MC) : j'y ai retrouvé l'ambiance des motorclubs telle que dépeinte dans la série et le caractère follement séduisant des bikers paumés (KIM COATES FOREVER !!!). « La vie, les gens, tous essaient de t'empêcher d'être libre. La liberté, c'est un boulot de tous les jours. Un boulot à temps plein. » (p. 243) Malheureusement, gros bémol tout au long de ma lecture : selon moi, la forme orale du récit d'Hugo sonne faux, comme si l'auteur imaginait la façon dont un jeune voyou pourrait s'exprimer, sans avoir vraiment discuté avec l'un d'eux. Ce langage qui mélange courant, vulgarité et quelques envolées lyriques ne m'a pas convaincue, et ça a grandement freiné mon enthousiasme pour ce roman dont l'intrigue est cependant très belle, poignante et bouleversante. « J'ai pas envie de tourner la page, j'ai envie de la déchirer. » (p. 292)
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