Pérégrinations d'un homme multiple:
Manouche autodidacte, mécanicien trompettiste, Tony veut vivre d'autres rêves que les baraques foraines. Et ses improbables errements le baladent des milieux marseillais de la magouille aux plus hautes sphères affairistes du fric, de la mondanité, et du show-biz musical. Un jeune chien fou, lucide mais excessif, qui a encore tout à apprendre.
Sa rencontre avec Opale, vieux soudard mercenaire, va orienter sa trajectoire vers les rives africaines dans une sordide histoire de corruption et de trafics d'armes, de drogue, et de déchets nucléaires.
Ce livre me laisse une impression de fourre tout: roman noir, récit d'aventures de barbouzes, thriller de "petits bras" de délinquance, étude sociale des milieux où l'argent coule à flots, fable écologiste et son lot de compromissions d'Etats.
Une narration un peu déséquilibrée et déroutante qui prend le risque de perdre son lecteur en route, quand l'auteur abandonne la narration pour se lancer dans une déclaration d'amour poétique de Marseille et de ses environs (fort belle au demeurant), ou dans une description de la Somalie martyrisée.
J'ai eu quelques difficultés à suivre les raisonnements et jugements critiques de la société (dans le style: tous pourris) tout en appréciant la verdeur des conversations, dans un mélange d'humour caustique, de pragmatisme et de langage populaire avec argot et métaphores inattendues. Il a de bons moments, faits de propos incisifs et acides, beaucoup de poésie également. Mais aussi un vague ennui face à une histoire poussive, cherchant à remettre les choses dans leur contexte, et illustrant l'adage: "on a les
pirates qu'on mérite".
Heureusement, le livre prend du rythme et de la densité dans sa dernière partie et le tout est sauvé par une plume elle aussi multiple: alerte, spontanée, ironique, poétique.
Avis mitigé, donc...