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EAN : 978B07K28L8KB
426 pages
(06/12/2018)
3.63/5   57 notes
Résumé :
Des femmes torturées et violées abandonnées dans les forêts de l'hexagone, avec pour consigne de contacter la presse. Quel fil conducteur, quel point commun les relie ? Justine et Jéremy, deux jeunes journalistes que rien n'aurait pu réunir vont jouer aux apprentis détectives. Au fil des témoignages éprouvants des victimes, se dessine le contour cauchemardesque de l'âme du criminel.Mais l'arbre ne cache-t-il pas la forêt ? Après les succès de Cyanure et de Charade, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Lu dans le cadre Challenge multi défi 2019.
Un thriller qui m'a déconcerté au départ. J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire les 50 premières pages. Il a fallu que je m'y prenne à deux fois car j'ai eu la mauvaise sensation de lire plusieurs histoires en même temps. Un thriller qui bascule dans 3 situations différentes.
Laurent Loison nous propose un nouveau thriller avec la collaboration de 14 blogueuses. Sur cette partie participative j'ai du me renseigner car je n'ai vraiment saisie où elles étaient intervenues. J'ai envie de comprendre leur implication pour la construction du roman et je pourrais passer à côté de quelque chose d'essentiel. Mais à l'heure actuelle j'ai eu l'impression de lire une seule plume.
Alors de quoi nous parle Chimères ? Deux journalistes Jeremy et Justine se retrouvent à enquêter sur une tentative de viol. Ce drame sera le premier d'une longue liste d'actes odieux. Des enquêteurs malgré eux.
Laurent Loison a la brillante idée de s'adresser aux lecteurs tout au long de l'enquête. On récupère les indices en même temps que les deux journalistes et le lecteur fait ses propre suppositions. Un thriller qui m'a complètement bluffé avec son final explosif. Un thriller qui m'a rappelé un épisode des Experts où Gil Grissom résout une enquête grâce à son appareil photo. Et comme Gil, Laurent Loison nous explique le pourquoi du comment.... L'auteur fidèle à lui même apporte toutes les réponses et explique comment il a crée son thriller.
Pour moi ce thriller aurait du être un coup de coeur, un roman à coupé le souffle. Mais voilà j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Et malgré que l'idée soit très bonne, je me suis essoufflée avec tous ces interrogatoires. Je comprends tout à fait l'effet qu'il a voulu créer mais je n'ai pas adhéré dans sa globalité.
Il faut reconnaître un talent certain de l'auteur. Il a l'art du suspense et cette fois ci j'ai même senti un effet Donato Carrisi. Faire croire au lecteur qu'il est dans une situation présente et qu'elle ne devient réelle qu'au clap de fin. Je lui tire mon chapeau.
Ah oui, Laurent Loison arrive à nous rajouter un brin d'humour dans son thriller en interagissant avec le lecteur. J'adore, je suis fan...
Voilà même si Chimères n'est pas mon roman préféré de l'auteur, cela reste un bon thriller bien mené et très bien écrit. Je remercie l'auteur de nous avoir donné des nouvelles de grand Bergamont. Une possibilité de suite avec son retour pour apporter toute la lumière ?
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OK - le traitement du livre (l'auteur qui s'adresse directement au lecteur avec plusieurs digressions et commentaires personnels) est intéressant.

MAIS
Définition d'un "polar" selon bibi:

Ça prend une VICTIME.
OK - Check, il y en a même plusieurs.
En fait il y en a même trop (plus d'une douzaine). À la longue, on devient désensibilisé (c'est comme avec l'alcool durant le temps des fêtes).

Ça prend un COUPABLE.
OK - Check

Ça prend aussi un MOBILE.
PAS OK
Aucune crédibilité.
Quand l'auteur a besoin d'un épilogue pour nous expliquer la raison, c'est que celle-ci n'est vraiment pas crédible.
C'est comme si Loisson avait essayé de jouer au détective sur une histoire empruntée.
Devinez le coupable (et créez le mobile le plus farfelu), gagnez $100 (car ici, il n'y a pas d'euro).

C'est bibi qui le dit.
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Chapitre I. Samedi 8 décembre 2018

Courbevoie, Hauts-de-Seine.

Je ne suis déjà pas tranquille à aller pointer mon nez en forêt de Montmorency avec l'ouverture de la chasse. Vous savez, celle où le chasseur a les bottes crottées, le gilet kaki sans manches, le chien avide d'odeurs et le fusil prêt à siffler.
Laurent Loison, lui, nous propose un autre style de rencontre. Celle qui ne vous tue pas, mais vous martèle à petit feu au fond des tripes, du bide, à toutes les parties du corps reliées au moindre nerf en somme. Celle qui vous rappelle que vous êtes en vie, mais en chienne de vie.
Tu aimes les thrillers, chère et cher lectrice.teur ? (petit clin d’œil "inclusif" à Laurent :-), tu comprendras, toi, Babelioiste)
Alors, tu ouvres ta liseuse et tu télécharges Chimères.
Qui est donc la narrateur ? Qui est Jérémy, Justine ? Qui est Blanche ?
Laurent a mis de côté Barga et de Quézac pour nous plonger aux Nouvelles, journal qui vivote mais dont les ventes vont exploser grâce à des faits divers qui glacent le sang.
Parce que Laurent, enfin le mystérieux narrateur, nous bloque la tête sous l'eau à coups de viols.
Voilà, le mot est lâché.
Et dans ce livre, il n'y a pas de demi-mesure, quels que soient les points de vue. Car tu vas être malmené, cher lecteur. Attends-toi à être immergé dans une écriture non consensuelle. Une écriture souvent sans fard, parce que la vie, la vraie, surtout quand elle est brutalisée, ne s'embarrasse pas de ronds de jambe.

C'est violent. Mais n'est-ce pas ce que nous, lectrices et lecteurs, demandons à la lecture d'un thriller ?
Qu'il nous bouscule, nous donne des nausées, nous mette en colère, voire nous fasse rire par moments (car oui, Laurent Loison, il y a des dialogues qui m'ont faire rire toute seule), qu'il nous mette mal à l'aise.
Car on sait que tout que ce qui est écrit dans un thriller n'est que le reflet d'une réalité. Heureusement, une réalité que beaucoup d'entre nous ne rencontrons jamais. Mais il suffit un jour d'être au mauvais endroit, au mauvais moment pour que...
Alors Chimères est cynique, parfois vulgaire, il ne fait pas dans la dentelle, et cela pourrait en choquer certaines ou certains.
J'aime être emportée par un mot qui dévoile son parfum dans un vers de poésie. Ô Wilde, Hugo, Rimbaud, que j'aime vos poésies !
Mais voilà, les thrillers, ça me fascine.
Et Bauwen, Chattam, Thilliez et Loison, c'est ma petite clique préférée (rassurez-vous j'ai l'équivalent féminin, mesdames : Abel, Favan, Giebel)
Et Chimères a une écriture sans filtre et palpitante.
Je me suis fait bousculer, jusqu'au bout. Encore une fois, Loison, tu es l'as de la manipulation.
Bravo à toi, et merci aux bloggueuses. Les témoignages des femmes violées sont poignants. Pour ne pas oublier qu'une victime est avant tout un être humain, et pas seulement un personnage d'un livre, qu'on oubliera au thriller suivant...


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Au risque de décevoir les 14 blogueuses qui ont participées à la rédaction de ce livre, je m'avoue vaincue au bout de 153 pages...
Je n'accorche plus, désolée.
Alors peut être est-ce car je venais juste de finir le dernier roman de Franck Thilliez "le manuscrit inachevé"

Le début du livre était pas mal, mais après trop répétitf, trop de victimes, toujours la même ou quasi même façon d'agir, bof bof...

Je m'attendais vraiment à mieux.

L'histoire débute :

le samedi 18 mars.7h45 : avec une jeune femme (Gwénaëlle 28 ans) qui s'apprête à aller courir dans La forêt de l'Isle-Adam. A peine celui-ci entamé, elle remarque une personne (Qu'est-ce qu'il fait là, ce con ?)
Puis elle se réveille en sursaut en ayant de terribles douleurs. Soudain elle entend la voix d'une vieille dame. Celle-ci souhaite appeler la police, mais la jeune femme, ne veut pas…
Son agresseur l'avait menaçait de « venir finir le boulot » si celle-ci portait plainte, mais comme celui-ci lui à volé sa pièce d'identité et sachant qu'elle n'était plus à la bonne adresse, Gwénaëlle dû porter plainte afin de pouvoir la faire refaire, en revanche l'agresseur l'a encouragé à en parler à la presse…

Ensuite nous faisons connaissance avec "la nouvelle recrue d'un journal « Justine Lasserre », jeune femme très jolie sous toute ses formes avec de jolies mains fines aux longs doigts effilés et impeccablement manucurés, mais qui visiblement n'en ai pour autant fragile."
Jérémy (bègue mais avec un physique de beau gosse)" y avait un poste à forte valeur ajoutée. Il était en charge de la rédaction des faits divers, très divers, voire insignifiants. Quand il écrivait sur un chien écrasé, il y voyait l'article d'un bon mois et sa reconnaissance éternelle envers le boss qui avait bien voulu lui en confier la rédaction."

Très rapidement celui-ci va tomber amoureux de Justine.

Leur chef leur demande d'enquêter sur une tentative de viol, ils font paraitres un article dans leur journal pour appel à témoin, et la commence les rencontres avec les victimes de viols.
Les agresseurs au début son 2 puis 3 peut-être 4, (je ne le saurais jamais car je ne vais pas aller plus loin dans la lecture) s'encouragent à agresser violement des femmes ("la prochaine je jauge, et je lui pète la gueule juste assez pour qu'elle hurle de douleur, mais pas assez fort pour qu'elle perde conscience.")
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Pour son roman Laurent Loison s'est entouré de 14 blogueuses (choisies par tirage au sort parmi un panel de volontaires), si j'ai bien tout compris chacune devait proposer le portrait d'une victime (vous l'aurez compris, il y aura 14 victimes) qu'il livrera ensuite aux griffes de son (ses) violeur(s).

Peut-être vous demandez vous si avec 14 scènes de viols ça ne devient pas un peu redondant au bout d'un moment, eh bien non. L'auteur évite de nous rabâcher 14 fois la même chose, il fait un rapide tour d'horizon des points communs à chaque crime avant de mettre l'accent sur les différences d'une scène à l'autre. Différences qui consistent à aller crescendo dans la violence et l'humiliation… et je confirme, il faut parfois avoir le coeur bien accroché !

Proposer une enquête menée par deux journalistes nous change des flics et autres détectives. Enquête qui consiste essentiellement à croiser les témoignages et en tirer des conclusions de plus en plus glaçantes. À ce titre l'intrigue est rondement menée par l'auteur, en véritable chef d'orchestre il dirige ses personnages et balade (et occasionnellement égare) le lecteur. On se pose les mêmes questions que nos enquêteurs en herbe, on échafaude des théories avec eux et on essaye même de les doubler en découvrant la vérité avant eux. On doute, on émet une hypothèse que l'on remet en question et de nouveau on doute… impossible de ne pas se prendre au jeu.

Les personnages de Justine et Jérémy sont attachants, à l'apparente force tranquille de la jeune femme s'oppose la tout aussi apparente fragilité du jeune homme. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences…

Les autres personnages ne sont pas pour autant laissés pour compte. Qu'il s'agisse de l'équipe des Nouvelles (j'ai adoré le boss grippe-sou comme pas deux) ou des « vrais » enquêteurs qui viendront renforcer l'équipe devant l'ampleur de la tâche.

La construction du bouquin est intéressante. L'essentiel des chapitres se consacre au suivi chronologique de l'intrigue principale, mais d'autres intitulés Dialogue, Interlude ou encore LX viennent s'intercaler dans le déroulé de l'histoire. On comprend clairement le rôle de certains, pour d'autres ça ne saute pas aux yeux de prime abord, mais les choses se mettront en place progressivement et tout finira par s'imbriquer impeccablement. Bien malin quand toutes les pièces du puzzle celui ou celle qui pourra dire en toute honnêteté, j'en étais sûr(e) !

La narration apporte aussi sa touche d'originalité, qui est donc la narratrice ? Et d'ailleurs est-on bien sûr qu'il s'agisse d'une narratrice ? Une narratrice (?) qui n'hésite pas à interpeller directement le lecteur qui, de fait, n'aura de cesse de se demander qui se cache derrière le masque. Laurent Loison sème çà et là quelques indices, avec pour seul résultat de nous faire douter encore davantage ; même quand il vend la mèche (et ça m'étonnerait que ce soit involontaire) on continue de douter… tout simplement parce que ça ne colle pas avec ce que l'on sait (ou à tout le moins avec ce que l'on croit savoir).

Un thriller d'une redoutable efficacité qui a, en plus, le mérite de tirer son épingle du jeu par son originalité. Toutefois je me dois de sanctionner d'un point ma notation au vu de la qualité déplorable du fichier numérique proposé.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Chapitre I. Ouverture

Je suis bien contente d’avoir pu trouver le temps de mettre mes sneakers.

J’en avais besoin.

Je vais me faire un petit parcours aujourd’hui, histoire de me remettre d’aplomb. Une bonne demi-heure devrait faire l’affaire. A rythme soutenu, si je peux le tenir.

Cette sensation d’effleurer le sol me manquait.

Bon, j’ai tout ? Mon smartphone, mes oreillettes, ma pochette sur mon bras ?

Ma voiture est bien garée. Je peux y aller.

Un peu d’étirements jusqu’au petit chemin et on y va ma cocotte !

Un mois sans avoir couru, je pense que je vais morfler. Je vais essayer de ne pas trop y penser sinon ça va me pourrir.

En même temps, avec les chocolats que je me suis tapés, il ne faudrait pas non plus que je m’étonne d’être à la ramasse.

Et s’il n’y avait qu’eux ! Je mentionne la picole ? Bon, ce n’était que du vin, oui, mais avouons-le, sans modération.

C’est marrant, il n’y a pas un bruit, ce matin. Pas un oiseau.

Brrr ! Je vais mettre mon casque. Pour un peu, ce silence me ferait flipper.
Panic at the disco ! « Gasoline » c’est bien, ça, pour démarrer.

Qu'est-ce qu'il fait là, ce con ?



***



Je me réveille en sursaut, une grimace tordant mon visage.

J’ai mal ! Tellement mal.

Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits.

Et je me souviens.

Brutalement.

Ma poitrine se serre et la panique me submerge. Je ne peux plus respirer.

Mon dieu, j’étouffe, je suffoque ! Respire, putain, respire. MAIS RESPIRE BORDEL !

J’essaie de me mettre des claques mentales pour me reprendre et ne pas céder à la terreur qui m’assaille. Mais je n’y arrive pas ! Je ne peux pas !

Et soudain, je comprends.

J'ai un truc enfoncé dans la bouche. Et si je tousse, je vais crever.

Le nez, il faut que je respire par le nez. Je me répète cette litanie comme une comptine rassurante. Enfin, j’arrive à inspirer de l’air et à apaiser les battements de mon cœur. Je m’oxygène un maximum et parviens finalement à faire appel à ma raison.

Je me concentre, tentant de faire un état des lieux. La douleur vient principalement de mes épaules et des bras, des mains. Je n’arrive pas bouger un doigt. Je comprends qu’il a dû serrer très fort. Les liens qui m’entravent la peau. Mon sang ne circule plus. Logique. Une logique rassurante à laquelle je me raccroche, m’empêchant de perdre à nouveau la tête.

J’ai tellement peur.
Cette fichue terreur, insidieuse et sournoise est là, juste là, s’enroulant autour de moi comme un serpent prêt à se détendre pour mordre. Quoi qu’il me fasse, ce sera nécessairement horrible. Je presse mes paupières, essayant de chasser en vain les images terribles qui me passent par la tête. Un profond abattement s’empare de moi.

De toute façon, je vais clamser ici. Cela ne sert à rien de se mentir. Alors, à quoi bon lutter ?

C’est fini, je vais mourir là et tout sera terminé.

Les larmes me piquent les yeux tandis que je vois défiler des souvenirs. Tant d’images…

Non, non, non, je ne peux pas abandonner, je ne veux pas abandonner.

Je vais me battre, oui, je vais tout y mettre !

Je sens un sursaut de courage me gagner. Quitte à mourir, autant partir avec panache. Allez, c'est un ordre !

Tu n'as pas le droit de te laisser aller comme ça ! Je sens néanmoins ma tête qui tourne. Peut-être que je n'arrive pas à inspirer suffisamment. J’entends parler, comme si j’étais dans du coton.

Qu’est-ce qu’il a dit ? Je n'ai pas compris ! Je ne sais pas ! Je lutte à nouveau contre la panique. Il faut se battre, il faut se battre, il faut se battre ! Mon Dieu, je perds la raison. J’entends des voix. Mais sans en distinguer aucun mot.

Je tremble.

J’ai froid.

Tiens, je n’avais même pas remarqué. Je grelotte. Je grelotte et j’ai mal. Partout. Mon dos, mon ventre. Mes seins. Cela aussi, je ne l’avais pas perçu. Je suis juste une gigantesque boule de douleur ; je ne sais même plus où focaliser mon attention.

La vie. C’est ça ! Focalise-toi sur la vie. Tu as froid, tu as mal, c’est donc que tu es en vie. C’est un miracle. Accroche-toi à ça !

Qu'est-ce que j'ai mal !

Oui, mais…est-ce fini ou juste un interlude pour se repaître de ma souffrance ? J'ai à peine eu le temps de voir qu'il avait une cagoule. Black-out pour le reste.

Je sursaute. Cette fois, j’entends des mots. Les plus beaux que j’aie jamais entendus.

–– Mademoiselle ? Mademoiselle ? N'ayez pas peur ! Je veux seulement vous aider.

Qu'est-ce qu'elle me dit la voix ? C'est bien cela. J’ai si peur de me tromper que mon cerveau se bloque.

Je ne comprends plus rien. Mais réveille-toi ! C'est une voix de femme. C’est la voix d’une vieille dame.

C’est bon, je suis sauvée.

Je peux desserrer les dents. Elle veut m’enlever le chiffon.

–– Voilà, Mademoiselle, voilà c'est bien. Détendez-vous.

La voix est douce et apaisante.

–– Je vais poser mon gilet sur vous. N'ayez pas peur. Ça va aller maintenant ! Une main me caresse la tête.

C'est fini, ma petite.

Ça va aller. Vous êtes saine et sauve.

J’entends un hoquet de surprise.

–– Mais depuis combien de temps êtes-vous ici ? Et qu'est-ce que l'on vous a fait...

La voix de la vieille femme s’étrangle. De quoi parle-t-elle ?

–– On va appeler les secours et la police.

–– NON !

C’est ma voix que j’entends hurler ainsi.

–– Pas la Police !
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Chapitre II. Présentations





Souffrir !

Quel joli verbe, n'est-ce pas ?

Il est puissant, il est marqué. Presque viril. Je dois reconnaître qu'il me passionne. J'oserais même timidement dire qu'il me fascine. Lui et son substantif : la souffrance.

Autant vous arrêter tout de suite !

L’évocation du terme ne fait pas de moi un être sadique ! Et je ne tire aucune jouissance à faire mal. Mais la souffrance, j’en connais un rayon.

Je vous explique.

Tout d’abord, il me paraît opportun de situer mon propos. Je fus témoin, privilégié et malgré moi, de la sombre affaire du violeur des bois.

J'ai pu rencontrer, questionner et écouter toutes les parties prenantes et je vous livre ici l'intégralité de cette histoire. Elle le mérite à plus d’un titre. Je vous laisse en découvrir progressivement les limites. Je vais m'attacher à ne pas omettre de détails pour que vous puissiez en avoir une perception et un ressenti au plus proche de la réalité des protagonistes.

J'ai tellement travaillé sur ce dossier ainsi que sur sa narration que j’ai du mal à séparer le réel du fictif. Je m'interroge souvent sur la confiance toute relative que je peux avoir en ma mémoire, ma conscience et mon subconscient.

Penser qu’il s’agit d’une histoire vraie et non virtuelle me terrasse.
Je reformule : mon cerveau refusant la possibilité que ce soit un fait divers, préfère affirmer qu'il s'agit là d'une fiction. Enfin, je l'espère. A moins que ce ne soit le contraire.

Une chose est certaine, cette histoire sordide m'a permis de tutoyer de près la définition de notre verbe et de son nom commun.

Je ne parle évidemment pas de celle incluse dans le Larousse, ni de celle qui se cache derrière les mots des poètes évoquant les amours perdues. Et surtout pas de celle qui se dissimule derrière des métaphores romanesques.

Non, je fais référence ici à la seule et unique qui soit digne d'intérêt. Celle ressentie au plus profond des tripes !

Je vous imagine lisant ces lignes et je vois vos sens aguichés à l'idée d'une lecture parsemée de tortures sanglantes et de morts atroces saupoudrées d’abominables cris d'effroi.

Inutile de nier.

Cela étant dit, je n'ai qu'une question. Pourquoi lisez-vous ce thriller ?

Les présentations étant faites, je reviens à mon sujet de prédilection, quid de la souffrance ?

On peut immédiatement penser à une fin de vie violente, brutale et chargée d'hémoglobine. Mais en réalité, les morts assorties d'une Charade ou saupoudrées d'un soupçon de Cyanure ne présentent finalement que peu d'attrait vis-à-vis de la souffrance.

Le décès intervient rapidement, et même si dans certains cas la douleur infligée est fulgurante, voire flamboyante, il n'en reste pas moins qu'elle est beaucoup trop éphémère pour susciter un intérêt concret.

Je crois avoir capté votre attention.

En second, on peut aisément envisager la séquestration assortie de tortures régulières. Nous entrons cette fois dans le champ d'une souffrance plus calibrée, plus jouissive pour le bourreau, car elle s'étire et se prolonge indéfiniment si l’on sait s’y prendre.
En revanche, elle présente un inconvénient majeur : elle est assortie d'une privation de liberté de la victime. Malheureusement pour le bourreau, la pauvre fille qui se fait violer quotidiennement, taper dessus par jeu, par désobéissance ou encore par ennui, finit par s'habituer aux coups. La souffrance perd de son intensité et le temps qui était son principal atout devient son inconvénient majeur.

Heureusement, le criminel peut jouer de la variation des ustensiles afin de maintenir un certain volume de décibels.

Les accents monstrueux de cette phrase ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête. Enfin, il y a – et c'est la cerise sur le gâteau – une souffrance, comment dire...

Mais non. Je ne vais pas vous la livrer ainsi, sans préparation, sans introduction formelle.

Comment pourriez-vous la ressentir et l'apprécier à sa juste valeur ?

Pour cela, il m'est nécessaire de vous faire vivre les évènements de l'intérieur. Je vais donc vous restituer les propos échangés. J’ai évidemment ajouté quelques réflexions, supputations ou sentiments perçus qu'un dialogue ne restitue pas nécessairement.

Bonne lecture.
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Le notaire les observa de ses yeux bleus perçants. Il esquissa un indéchiffrable sourire taquin.
Alors il les fit lambiner par jeu, par envie et puis surtout par sadisme. Le fait de détenir au creux de sa paume le destin de centaines de personnes et de les voir se tordre d’angoisse était tout simplement jouissif. Un spectacle récurrent qui égayait sa routine.
Bien moins agréable, d’un coup, ce notaire, n’est-ce pas ? On ne sait jamais ce qui se cache dans le cerveau tordu des gens. Et heureusement. Mais je n’exagère pas la chose, je vous l’assure.
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L’imitateur mit un point d’orgue, puisqu’ils étaient dans une voiture, à revisiter le célèbre passage du permis de conduire au côté de Philippe Castelli. Justine n’avait vu le film qu’une fois. Mais cela avait suffi pour faire surgir des souvenirs mélancoliques. Elle se souvint avoir vu le film sur les genoux de son père.
Or, elle détestait son père.
Pour une raison objective : il pratiquait un sport de combat assez violent. Le déglinguage de sa mère à coups de ceinturon.
Elle en était morte.
Il n’avait croupi que quelques mois en prison.
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Prologue

Rappel : Le prologue est l’occasion pour un auteur de mettre son lecteur dans les conditions qu’il souhaite.

Cet opus est le fruit d’un travail en collaboration avec quatorze bloggeuses que j’apprécie énormément*. Elles ont été les instruments de mon imagination démoniaque et ont parfaitement répondu à mes attentes.

Il est aussi l’occasion de toucher du doigt et mener une réflexion sur les difficultés objectives de notre police à faire face à des démons toujours plus ingénieux pour les dérouter.

Attention, les femmes et les hommes qui composent ce service régalien méritent tout notre respect, car ils travaillent dans des conditions détestables et sans moyens.

Vous et moi allons être les témoins d’une enquête aux accents chimériques. Si cela vous rappelle le titre de cet ouvrage… ce n’est pas fortuit.

Bonne lecture

Laurent

* De nombreuses bloggeuses font un travail formidable sur le Net. Il me fallait choisir quatorze d’entre elles. Autant dire, mission impossible. Le tirage au sort m’a enlevé une belle épine du pied.
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