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Critique de Anaisseriallectrice


Non, je ne suis pas indemne, et surtout non je ne suis pas contente, mais alors pas du tout ! Non, je ne t'ai toujours pas pardonné ce que tu as fait Laurent. Ma lecture se déroulait bien, j'étais à fond dedans, prise par l'engrenage de l'enquête policière tonitruante, moi j'étais pump it up « ouais génial un bon vrai polar, une bonne enquête comme je les aime! » : des meurtres en veux-tu en voilà, des gens célèbres abattus, des inconnus aussi, abattus par le même flingue, pas d'indices, des enquêteurs au bord de la crise de nerfs, un rythme à t'en décaper la tête, et puis sans que tu ne vois rien venir, badaboum, l'auteur te claque une scène atroce que tu n'arriveras pas à oublier. Mais ça va pas Laurent de faire souffrir tes lecteurs sensibles comme ça? La question qui ne me quitte plus depuis hier c'est « mais pourquoi avoir fait ça? ». Pourquoi quoi? Chers lecteurs, vous allez devoir lire Cyanure pour savoir ce qui me rend dans cet état, parce que je ne compte pas vous le dire ! Que ça soit clair, Laurent Loison je te déteste et ne suis pas prête de te pardonner ce que tu as fait 🙂

[ Politique? Vous avez dit politique? ]
Bon, je vais essayer d'être un peu sérieuse et de faire moins dans le mélodramatique. Passons à la partie sérieuse de ma chronique.

« Politico-médiatique » : le mot est lâché sur la quatrième de couverture, et la grande crainte que j'avais était que la politique prenne le dessus sur l'enquête. Je n'aime pas les thrillers orientés politiques ou conspirationnistes. La politique me gonfle, me gave, j'en ai fait une overdose en cette année d'élection, et j'ai vraiment appréhendé ma lecture à cause de ça. Sauf qu'ici, l'auteur a choisi de focaliser l'histoire sur la partie investigations, laissant en arrière plan l'aspect politique. Bien évidemment, elle sera évoquée de manière régulière car quand même, un ministre est assassiné en plein discours dans Cyanure, mais l'accent est plutôt mis sur l'enquête que sur les rouages d'un pouvoir manipulateur et peut-être pas si innocent qu'il en a l'air.

Un autre thème émerge rapidement et sera un peu le fil conducteur de tout le livre, on le comprend grâce aux citations écrites avant chaque début de chapitre. Ce thème, c'est celui de la vengeance. Encore une fois, mes lectures sont une sorte de vase communiquant car le dernier livre terminé, le club des pendus, évoquait également ce sujet.

J'apprécie beaucoup ce thème, parce qu'il implique de manière quasi systématique un questionnement chez le lecteur : que sommes-nous prêts à faire pour nous venger ? Jusqu'où peut-on aller ? Et ici, force est de constater que ça va très loin pour les personnages concernés. La vengeance relève d'une passion humaine, d'un comportement primitif qui permet de rendre le mal que l'on nous a fait, de faire reconnaître son statut de victime et de se faire justice soi-même. Et quand ça arrive plusieurs décennies plus tard comme c'est le cas ici, forcément c'est encore plus violent. Ça a eu le temps de peser sur la vie de nos personnages, de macérer, de prendre de l'ampleur. Alors que certains se pensaient à l'abri, d'autres ont mûri lentement leurs représailles et quand enfin ce moment tant attendu par eux arrive, c'est… Explosif!



[ Explosif, comme l'enquête ! ]
Attachez vos ceintures, Laurent Loison vous embarque dans une enquête à 200 à l'heure, à l'image de Loïc qui trace sur la route dans sa grosse cylindrée. Ici, on est dans le vrai bon polar : ça se passe au feu 36, quai des Orfèvres, peu de temps avant le déménagement des équipes pour Batignolles; on suit une équipe de flics, soudée (même un peu trop au niveau d'Emmanuelle et de Barga, si je n'ai qu'un seul point négatif au sujet de ce livre c'est celui-là), les meurtres sont énigmatiques, les victimes n'ont à priori rien en commun mais le modus operandi est le même, la presse tourne autour des flics, les flics sont sous pression et n'avancent pas. Bref, rien de nouveau dans le paysage thrilleresque français, et pourtant ça marche fichtrement bien parce que c'est rondement mené et bien écrit ! Je ne me suis lassée à aucun moment, même lorsque l'enquête piétine et que les flics n'avancent pas. Comme je le disais récemment sur une autre chronique, il en faut du talent pour tenir un lecteur plus de 400 pages sur une enquête policière !

[ Et la fin, on en parle? ]

Oui mais pas trop. Parce que cette conclusion est hors norme et qu'il faut que vous la découvriez vous-même, je ne veux pas gâcher votre surprise !

Car non seulement l'auteur te balade tout au long de l'intrigue, en plus il commet des atrocités, mais pour couronner le tout il pousse le vice en écrivant une fin absolument hors du commun! de mémoire de Serial Lectrice, c'est du jamais vu ce final et j'adore, j'adhère, je ne m'y attendais pas ! Bon sang que ça fait du bien de lire un auteur qui ose sentier des sentiers battus et de l'éternel schéma narratif : meurtre, enquête, dénouement en quelques pages ! ça change tellement de la classique fin tonitruante qui explose à la tête du lecteur, le laissant parfois sur sa faim, frustré par la solution qui est proposée. Ici, l'auteur t'implique, te tutoie, il te questionne même, il te fait participer activement aux conclusions qu'il veut te voir tirer ! J'étais encore en proie à mes questions existentielles sur le thème de la vengeance suite à ma dernière lecture, et bien j'en ai repris une couche, merci l'auteur !

[ le mot de la fin ]

Je persiste est signe : Hugo thriller, c'est la p'tite maison d'édition qui a tout d'une grande, et qui monte en ce moment! J'ai été ravie de voir que Cyanure allait sortir grâce à eux, et encore une fois le choix éditorial est réussi car ce livre est un vrai bonheur pour les amateurs de polars comme moi. Loin de se reposer sur ses lauriers, Laurent Loison vous sert sur un plateau d'argent une histoire retentissante s'inscrivant dans la plus pure tradition du polar.

Que vous dire d'autre que je n'ai pas encore dit? Vous savez que je ne m'enthousiasme pas à ce point si je n'ai pas réellement accroché au livre. Il y a les thrillers agréables à lire, mais dont on aura tout oublié ou presque d'ici quelques semaines. Les lecteurs sont infidèles, ils vous lisent et puis ils passent à autre chose si vous n'arrivez pas à les marquer en sortant du lot. Et puis il y a les livres qui marquent parce qu'ils ont un plus. Cyanure, incontestablement, fait partie de ces derniers.

La vengeance est un plat qui se mange froid, mais elle est aussi et surtout un excellent thème pour les thrillers.
Lien : https://anaisseriallectrice...
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