Comment parler d'un livre quand on ne l'a pas aimé ? Pour faire court, je n'ai pas réussi à accrocher. Je n'ai pas lu le premier opus, peut-être m'aurait-il aidé à ressentir plus de connexion avec les personnages car cela n'a pas été le cas (et franchement après avoir refermé ce livre, je n'ai aucune envie de lire le précédent). Je n'ai ressenti aucune empathie pour aucun des personnages que j'ai trouvés pour la plupart creux, stéréotypés, pas attachants (à commencer par Florent Bargamont, mais d'où peut sortir une telle caricature de flic ?). Je ne leur trouve aucune profondeur et aucune originalité. Les dialogues m'ont passablement agacée, manquant pour moi totalement de réalisme. Je suis sans doute passée à côté de plein de choses que je n'ai pas comprises (notamment cette notion de jugement que l'auteur nous rabâche à chaque ouverture de chapitre et à la fin surtout, mais où veut-il en venir ?), vu toutes les critiques dithyrambiques (et surtout quasi unanimes) que je lis ici ou là. Après avoir lu beaucoup de littérature scandinave très noire, ou des auteurs comme
Cédric Bannel récemment, ou même
Franck Thilliez (qui au moins va loin et se mouille un peu !) je dois attendre trop des polars maintenant !
Cyanure c'est un polar comme j'en ai lu des tonnes mais bien en-dessous, un (mauvais) thriller à la française, bourré de clichés, truffés de dialogues qui sonnent faux, pas crédible pour deux sous (vous avez déjà vu une équipe d'enquêteurs chevronnés inclure un suspect dans l'enquête, sans la moindre précaution, parce qu'il peut aider ?), et qu'un vrai manque de style ne vient malheureusement pas aider. Tous les ingrédients sont pourtant là (y compris les scènes de sexe torrides entre les deux protagonistes, au secours je n'en peux plus !) mais au final la recette est ratée ! Rien n'est creusé, tout reste à la surface, par exemple cette fille de Bargamont qui sonne à sa porte ? Ça apporte quoi à l'histoire, à part quelques états d'âme lourdingues dont le commissaire nous fait part ? Alors je sais maintenant, après avoir rencontré l'auteur, qu'il s'agit d'un tiroir, qu'on ouvrira dans un prochain roman. Ok je veux bien mais ça tombe quand même comme un cheveu sur la soupe ! Sans parler de cette image de président hyper populaire (qui a réussi à redresser le pays, rien de moins !) qui se retrouve au coeur d'une intrigue pseudo politico-médiatique aussi ennuyeuse qu'improbable, de tous ces crimes « parfaits » restés impunis depuis 16 ans, de ces indices (messages codés envoyés au président) insupportables. Et puis le dénouement final (et la petite surprise qui va avec et dont je ne peux évidemment pas parler) a fini de m'énerver. L'auteur parle dans l'épilogue d'une idée (je reconnais que l'idée est bonne mais l'auteur l'a juste mal exploitée à mon sens) tout sauf « mercantile », permettez-moi d'en douter. En tout cas, c'est une vraie idée marketing faite pour créer le buzz vu qu'en plus on ne peut pas en parler, ça titille là où ça doit titiller. J'ai vraiment eu l'impression d'être prise en otage, réellement (et c'est le cas de le dire mais chut…) par cette idée que d'aucuns ont l'air de trouver lumineuse, et moi qui m'a profondément mise mal à l'aise. Je n'ai pas aimé être mise en situation de la sorte et devenir l'auteur d'une légitime violence qui n'est pas l'option choisie au départ. Ce n'est pas parce qu'on choisit (puisqu'on a le choix !) que quelqu'un soit tué qu'on souhaite être l'auteur de ce crime ! Seuls ceux qui seront allés jusqu'au bout comprendront.
C'est d'ailleurs le sentiment qui prédomine en moi en refermant ce livre, un vrai malaise…
De ce livre, l'auteur lui-même dit que « c'est un thriller avec un fond philosophique … Ce récit doit permettre au lecteur de porter une réflexion sur le jugement. » En ce qui me concerne, cette dimension m'a totalement échappé.