50 ans d’amour – 68, mon amour

« 68 mon amour » de Roger Lombardot est un monologue ressemble plus à un essai philosophique qu'à une pièce de théâtre. Pourtant c'est bien au théâtre que j'ai vu Ludovic Salvador dire ce texte mis en scène par Chantal Péninon.
L'auteur se souvient du contexte de mai 68.
Pas de revendication ni de description de ce que l'on a appelé "les événements" mais une réflexion sur la volonté d'une jeunesse qui a soif de changement.
Il raconte qu'adolescent il voit ses parents trimer à l'usine et aller à l'église le dimanche sans conviction. Comme s'ils étaient de véritables zombies (c'est le terme qu'il utilise) parce qu'ils ne se sont jamais remis de la guerre.
Alors quand mai 68 arrive c'est comme une nouvelle naissance pour l'auteur. Véritable moment d'espoir pour célébrer enfin l'existence, à la mesure de la richesse qu'elle représente.
Il dénonce à son tour la mystification de prétendre que les soixante-huitards sont responsables des maux qui affectent la société d'aujourd'hui et je trouve qu'il a raison.
Face à un avenir sombre, une génération s'est levée avec l'ambition de vivre. Il y a la libération du langage, et un autre rapport amoureux avec ce que l'on appelle la libération des moeurs.
Roger Lombardot pose la question : « était-ce vraiment nous les irresponsables ou ceux qui se cramponnaient à leurs privilèges, leurs certitudes, leurs peurs, leurs valeurs héritées de siècles d'oppression? »
On retrouve aussi une autre façon de considérer le travail. Il ne veut plus être un outil à l'image de ses parents et veut briser le cercle maléfique de l'asservissement. Car à l'époque il y a du chemin à faire pour s'inventer une autre existence et s'affranchir du conditionnement.
La dernière partie du texte est moins convaincante.
Il dresse un portrait assez noir de l'évolution de la société depuis 68 et regrette que tout soit reparti comme avant, avec les mêmes rapports de domination et de soumission, les mêmes haines et partout la guerre. Et puis, son évocation des peintres rupestres qui ont donné naissance à l'art comme modèle de survie, me pose un problème d'échelle. La vision du monde de Roger Lombardot est intéressante mais décalée dans le contexte de mai 68 qui a impacté la société française de façon positive, j'en suis convaincue, mais pas le monde entier.