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Citations sur Brûler brûler brûler (30)

Alors on relit nos anciens textes, on relit nos anciens poèmes, on relit on relit on les relit, pour ne pas se décomposer, pour ne pas capituler, pour tenir, tenir debout, tenir fierté, tenir justice, tenir.
On relit nos anciens textes, on relit nos anciens poèmes, nos premiers, nos naïfs, nos sans artifices, textes des débuts, testes des aurores, car eux seuls peuvent nous crier que nous ne sommes pas zinzins, pas ouin ouin, que nous ne sommes pas paranos, pas hystériques, que nous ne sommes pas folles

Tenir
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Qu'elle me revienne
même nue, même rampante.
La serrer tout contre moi
même dans un sac, même dans une boîte.
Qu'elle sache qu'elle avait raison
pour l'inépuisable beauté du monde
pour l'humanité qui ne renonce en personne
pour l'amour, pour la révolte
pour la magie et pour l'exil.
La serrer tout contre moi
même dans un sac, même dans une boîte.
Et lui demander, lui murmurer, lui chuchoter :
Pardon.
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MON FILS EST GAY

Mon fils est gay.
Ce matin, il portait une raie de côté, un pull cintré,
un jean serré,
Coquet, guindé, endimanché.
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo,
le piercing dans le nez :
une cravate pailletée.

Mon fils est gai.
Il aime les posters de pompiers, les sauces sucrées salées,
son moniteur d'athlé.
La vie. La poésie.
De celle qui fait vibrer, de celle qui fait trembler nos
arrière-cours d'humanité.
Et notre routine désyntaxée en une danse opiacée.
Et le Grevisse contorsionné en petits avions de papier
La vie. La poésie.

Mon fils est gay.
Il a appris que, dès le collège et au lycée,
les meneurs d'ombres, les suiveurs nombres adorent
traquer le petit gibier.
Les roux qui puent, les pauvres qui schlinguent, les grosses
qui suintent et les baltringues.
Les fiottes sucées, les folles tentées, les p'tits pédés coquets, guindés, endimanchés.
C'est le swing des charniers !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans se confier !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans balancer !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
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Mon fils est gay

Mon fils est gay.
Ce matin, il portait une raie de côté, un pull cintré, un jean serré.
Coquet, guindé, endimanché.
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo, le piercing dans le nez : une cravate pailletée.

Mon fils est gai.
Il aime les posters de pompiers, les sauces sucrées salées, son moniteur d'athlé.
La vie. La poésie.
De celle qui fait vibrer, de celle qui fait trembler nos arrière-cours d'humanité.
Et notre routine désaxée en une danse opiacée.
Et le Grevisse contorsionné en petits avions de papier.
La vie. La poésie.

Mon fils est gay.
Il a appris que, dès le collège et au lycée,
le meneurs d'ombres, les suiveurs nombres adorent
traquer le petit gibier.
Les roux qui puent, les pauvres qui schlinguent, les grosses qui suintent et les baltringues.
Les fiottes sucées, les folles tentées, les p'tits pédés coquets, guidés, endimanchés.
C'est le swing des charniers :
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans se confier !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans balancer !
Jamais, jamais, jamais, jamais !

Mon fils est gay.
Et ce matin, exténué,
malgré, malgré, malgré, malgré,
il n'a plus pu y retourner.
Et ce matin, dans le grenier,
perdu, pendu,
mon fils portait une raie de côté, une veste cintrée, un jean serré.
Coquet, guindé, endimanché,
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo, le piercing dans le nez,
comme une ultime volonté :
une cravate pailletée.
Une cravate pailletée qui je crois bien m'appartenait.

Une cravate pailletée très bien nouée, trop bien serrée,
autour du cou, entortillée.
Une cravate pailletée,
de celle qui fait vibrer,
de celle qui fait trembler
nos arrière-cours d'humanité.
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On raconte que là-bas,
les poètes se cognent les uns aux autres
comme une brique sur le crâne d'un ennemi.
On raconte que là-bas,
le sol est jonché de milliers de milliers de feuilles
blanches et que chacune de ces milliers de feuilles
blanches a appartenu à une personne abandonnée
par les mots.
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QUI OUBLIERA ?

Qui oubliera
Qu'à un Noir, on disait tu ...
Non certes, comme un ami
mais parce que le vous, honorable, était réservé aux seuls
Blancs.
Qui oubliera ?

Ils m'ont dit
Tu es une bamboula ! Une grosse guenon ! Un cancrelat!
Ils m'ont dit
Tu es sale ! Sale bougnoule !
Ta mère a couché avec un Nègre ! Tu es une bâtarde !
Ils m'ont dit
Tu devrais retourner dans ton pays ! Dans ta brousse !
Dans ta hutte !
Tu devrais remonter dans ton arbre ! Ta liane ! Tes bananes !
Tu devrais remercier la Belgique de t'avoir accueillie !
Même si tu es née ici ...

Qui oubliera ?
Qu'à un Noir, on disait tu ...

Tu devrais apprendre à passer ton chemin ...
C'est déjà loué ! C'est déjà pourvu ! C'est déjà complet !
Tu devras apprendre à te justifier ...

Je suis Belge ! Je suis diplômée ! Je suis qualifiée !
Tu devras apprendre une autre histoire aussi ...
Afrique ! Sauvages ! Sous-développé !
T'intégrer. T'assimiler.
T'encager- Te corseter.
Te faire douter. Te faire avoir peur.
Te faire avoir honte de ta couleur.
Te faire oublier tes frères et tes soeurs.
Toi, le petit oiseau exotique, la Joséphine Baker,
Gazelle-tigresse, le cul, les fesses !

Qui oubliera ?
Qu'à un Noir, on disait tu ...
Qu'à un Arable, on disait tu ...
Qu'à un Rom, on disait tu ...
Qu'à toi, mon père, on disait tu ...
Non certes, comme à un ami
mais parce que le vous, honorable était réservé aux seuls
Blancs.

Qui oubliera ?
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Attraper un crayon, un bic, un marqueur.
Tout fera l'affaire !
Sortir calepin, cahier, carnet.
Déchirer.
Bout de nappe.
Bout de carton.
Écrire. Jeter.
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Et c'est le même système qui te demande d'être violée sans faire de vagues, le même système qui te demande de te serrer la ceinture sans faire tout un ramdam autour de ta précarité, le même système qui te demande de gerber, de vieillir, de crever sans salir la moquette, le même système qui te débaptise un tunnel Léopold II par-ci et rebaptise une place Lumumba par-là pour que tu fermes un peu ta gueule et c'est le même système qui s'accommode parfaitement des centres fermés, des jungles, des bidonvilles sous le périph et des enfants qui grelottent dans la boue et des hommes nus à ses frontières. 

Alors, oui, d'accord, on écrit de beaux poèmes pour les 8 mars mais so what ?

Oui, oui d'accord, on se casse ! 

Mais pour aller où ?
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Je sens l'épine du calcul de celles qui doivent se compter et se recompter pour pouvoir exister dans cette masse - basanées, voilées, handicapées, sans-papiers, putes, tox, trans, gouines - toutes celles dont on défend les droits sans jamais entendre le timbre de leur voix.
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Elle nous demanda de ne pas confondre émerveillement et hébétude.
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