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EAN : 9782859409401
192 pages
Phébus (03/10/2003)
3.62/5   13 notes
Résumé :
Composé et publié dans le sillage de L'Appel sauvage (L'Appel de la forêt), ce recueil de huit nouvelles particulièrement âpres, publié au printemps 1904, tente d'approcher ce qui pourrait bien être une éthique du monde sauvage.

Un chercheur d'or convie son associé, en qui il a toute confiance, à ramener de San Francisco la fiancée qu'il est las d'attendre, oubliant simplement que la chair est faible...

Un Indien vend sa fille à un Bl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
IL Y A RENONCEMENTS ET RENONCEMENTS.

1904 : date faste dans la biographie de Jack London. C'est en effet cette année-là que paru ce qui allait devenir, d'ailleurs très rapidement, l'un des grands classiques de la littérature américaine, ce si mal nommé, en français, L'Appel de la forêt (le titre choisi par les éditions Libretto rien bien mieux le sens exact de ce court roman : L'appel sauvage), et bientôt battre tous les records de vente outre-Atlantique, sans que son auteur en toucha d'ailleurs le millième, ce que London ne regrettera qu'à demi car il estimait que la célébrité et l'aisance due à ses oeuvres étaient toutes à venir. Aussi, lorsque parurent ces huit nouvelles, comme toujours éditées dans des magasines et autres revues bien avant d'être collectées en un seul volume, c'est peu de dire qu'elle furent relativement éclipsées par le succès foudroyant de l'histoire du chien Buck.

Pourtant, à défaut d'affirmer que ce recueil est son meilleur titre, Parole d'homme : Histoire du pays de l'or est tout de même dans sa meilleure veine, et prolonge encore l'expérience vécue par Jack London dans le grand nord canadien où, de chercheur d'or, il se transfigura assez vite en chercheur d'histoires et de rencontres.

Et c'est une nouvelle fois de ce grand nord mythique autant qu'il est réel dont il s'agit ici. Tour à tour, c'est la dure loi du vivre ou mourir qui est en jeu, avec toute son âpreté, sa rugosité, sa sauvagerie aussi bien lorsqu'il s'agit d'un animal étrange mais héroïque («Un survivant de la préhistoire») que lorsqu'il est question des êtres humains, une femme en l'occurrence dans « le Mariage de Lit-Lit » qui met en scène un indien troquant sa fille à un Blanc pour 100 couvertures, 5 livres de tabac, 3 fusils et 1 bouteille de rhum !

Ce sont encore les rapports étroits, complexes, pas si inégaux qu'il y parait, surtout dans les conditions de survie glaciale de la forêt arctique, comme dans « Bâtard » où les supposées bêtes ont, pour certaines, développé une intelligence qu'on leur voit peu dans des conditions plus douces, et où l'on retrouve, comme dans Croc-Blanc ou L'Appel sauvage l'opposition homme-animal.

C'est parfois d'un rire grinçant, terrible, que l'auteur nous surprend, comme dans cette nouvelle qui aurait pu se contenter de demeurer simplement bouffonne, mais qui est définitivement cruelle, que l'on découvre dans «Les mille douzaines d'oeufs». Celle-ci débute sur le ton d'une ironie mordante : «David Rasmusen était un débrouillard et, comme la plupart des grand hommes, le champion d'une seule idée.» Est-il utile de préciser que cette idée (ramener cette quantité considérable d'oeufs afin de se faire une fortune supposée facile en les revendant à des mineurs affamés, au-delà de la fameuse Chilcoot Pass) va mener notre "débrouillard" maniaque à sa perte ? Bien entendu, ce rire n'est pas moquerie de la part de Jack London, mais souvent, on le sait, l'humour noir permet aussi de narguer la mort, au moins quelques instants.

Une autre nouvelle mérite qu'on s'y arrête un peu plus longtemps, c'est le texte intitulé «L'histoire de Jees Uck», et qui est le dernier de cet opus. Jeune métisse indienne qui sacrifia tout pour l'amour d'un homme blanc. Toute jeune, elle tombe amoureuse de Neil Bonner pour qui elle n'est qu'un amusement appréciable dans la solitude du Nord. «Ceci est donc, précise le narrateur, l'histoire de Jess Uck, et c'est aussi l'histoire de Neil Bonner, et de Kitty Bonner, et de deux descendants de Neil Bonner». Mais Neil va bientôt devoir rentrer dans l'Est pour régler la succession de son père. Il lui promet de revenir dès que tout sera réglé, l'installant pour le mieux mais l'oubliant assez vite, une fois retourner vers l'ambiance des villes, dont il était l'enfant, s'amourachant d'une Kitty Sharon et décidant de se marier avec elle. de son côté, Jees Uck attendra encore et encore le retour de l'amant prodigue, devenu père sans qu'il ait pu l'apprendre, mais sans jamais voir s'en revenir son attelage, refusant de croire ce qu'un agent commercial de son mari lui avait appris, c'est à dire l'annonce de ces noces. Finissant par se lasser d'attendre, elle finira par aller y voir de plus près, les retrouvant sur cette terre américaine qui ne lui est rien, Neil, son épouse et... une petite fille nouvelle née...
Cette nouvelle, un peu plus longue que les autres, est d'une beauté à peine croyable, mais faite pourtant d'une certaine dureté, portrait d'une femme indienne d'une noblesse étonnante, capable d'un esprit de sacrifice et d'amour comme on en imagine peu. Assurément, l'un des plus beaux textes courts jamais écrit par Jack London qui s'y entendait comme peu - du moins pour des écrivains de cette époque - pour dresser des portraits de femme aussi crédibles qu'émouvants.

Certes, on retrouvera la plupart des grandes leçons de vie auxquelles était attaché l'auteur de Martin Eden mais l'on sent aussi, dans ces textes, qu'il n'est plus ce jeune homme croyant avant tout en la force libre de l'individu seul - son fort engagement auprès du Parti Socialiste américain n'y était pas pour rien -. Malgré tout, les portraits qu'il nous dresse encore ici sont de beaux exemples de vie, à suivre ou à ne pas suivre, au sein d'un monde plus exigeant que jamais.

Face à cette nature sauvage aussi bien que face à certains êtres, «il y a, dans l'histoire, renoncements et renoncements», n'hésite-t-il pas à nous rappeler en introduction de l'histoire de cette si poignante Jees Uck, encore s'agit-il de rester toujours digne et droit.
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Retour chez mon Jack chéri avec quelques unes de ses premières nouvelles pêchées dans les eaux frigorifiques du Yukon où, s'il n'y a pas trouvé d'or, y a puisé ses premières sources d'inspiration pour des écrits savoureux qui feront sa renommée : chercheurs d'or en échec, commerce social avec les Indiens, éprouvantes chevauchées à travers les étendues gelées, hommes aussi bestiaux que les bêtes, tout le sel de l'aventure londonienne est là.

Cette dizaine de nouvelles écrites autour de 1903 ont beau être inégales et ne pas m'avoir toutes séduites, il n'en reste pas moins qu'on ressent dans chacune la trace du vécu et l'énergie hors du commun d'un bonhomme tout aussi exceptionnel dont la philosophie pragmatique et darwinienne est déjà perceptible à grands traits.

Mon coup de coeur va à la tragique épopée de David Ramudsen dans "Mille douzaines d'oeufs" qui pourrait servir de cas d'école dans les livres de management commercial sur l'entêtement obstiné autour d'un projet phantasmé, autour de ce brave homme qui souffre toutes les peines du monde pour acheminer ses oeufs jusqu'à Dawson où le profit qu'il en espère l'aiguillonne comme un mirage. Une histoire cruelle, mais ni plus ni moins au final que celle du chien "Bâtard" et de sa relation perverse et brutale avec son maître, ou les négociations de boutiquiers autour du nombre de couvertures à fournir contre l'achat d'uns squaw. La vie n'est pas un long fleuve tranquille dans le monde de Jack London, où les hommes sont velus et les relations charpentées.
Un livre tonique, à tous points de vue!
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Encore une fois, London prend pour cadre ce grand nord qu'il n'aura visité qu'une seule année dans sa vie, mais qui l'aura inspiré pour plusieurs dizaines de livres. Ici encore les nouvelles vont nous présenter toutes ces gueules du grand nord, entre indiens éloignés de la civilisation, hommes rudes et durs, tricheurs et voleurs, mais aussi des hommes au bon coeur, ou simplement malchanceux. Tout ce monde qui se croise et s'entrecroise sur les terres gelées du grand nord …

Voila un très bon recueil de nouvelles ! Celles-ci ont ce fameux suspense qui se dénoue dans le dernier paragraphe, laissant à chaque fois la nouvelle se conclure de façon plus ou moins tragique, sans que le bonheur ne soit jamais vraiment présent. Entre celle qui donne son nom au recueil (une merveille de tragédie simple), celle qui s'intitule Mille douzaines d'oeufs (une pure merveille d'acharnement), l'histoire d'un chien horrible et de son maître qui ne l'est pas moins …
Le talent de Jack London se manifeste encore une fois dans sa capacité phénoménale à se réinventer. Les histoires ne ressemblent à rien de ce que j'avais déjà lu, et j'ai encore une fois été émerveillé, à la fois par son talent de narrateur, d'inventeur, mais également son talent à croquer les hommes sous toutes leurs formes. Et toujours à me propulser dans le grand nord en quelques lignes, là où le froid règne en maître absolu.

Je retiendrais seulement une critique, que je ne sais toujours pas formuler exactement : la façon dont Jack London décrit les femmes et les Indiens. Après de nombreuses lectures, je dirais que le point de vue dessus est franchement ambiguë. Je ne sais trop comment le prendre, et ça me déroute un peu. du coup, je laisse passer pour me concentrer sur le reste.

Un excellent recueil de nouvelles, encore une fois, et si toutes ne sont pas égales, sur les sept du recueil, au moins quatre sont vraiment excellentes, ce qui m'incite fortement à vous le conseiller, car c'est d'un niveau toujours élevé et l'auteur ne cesse de m'émerveiller. Jack London est sans conteste un des plus grands auteurs américains d'aventure, mais je pense même qu'il se classe dans la catégorie des meilleurs auteurs tout court, et sa littérature prolifique n'a pas fini de me dévoiler tous ses charmes. Lisez-en, c'est si bon mais comment résister ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais un enfant naquit à Tukesane, qui jusqu'ici n'avait pu concevoir. Et cet enfant fut Jees-Uck. Nous avons retracé avec quelque précision sa lignée ancestrale pour montrer qu'elle n'était ni de race indienne ni de celle des Esquimaux ou des Inuits, ni guère d'aucune autre, et pour donner l'idée des méandres que peut parcourir la graine des générations dont nous provenons tous tant que nous sommes.
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Ceci étant une histoire de pays minier, et plus vraie qu'il n'y paraît, on peut s'attendre à un récit de déveine. Tout dépend du point de vue où l'on se place.
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La peste me patafiole! s'écria Bill. Il me semble que toi et moi sommes de ces sots qui restent dehors avec une fourchette quand il pleut de la soupe!
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Videos de Jack London (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack London
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