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Critique de fanfanouche24


Un fabuleux beau livre tant par son sujet que l'extrême qualité de sa mise en page...dont j'avais tant envie à sa parution... Ce qui ne s'est pas fait... Alors je suis ravie d'avoir pu en profiter un peu grâce à ma médiathèque !

Un projet unique qui aura demandé aux éditeurs et à tous ses contributeurs 10 années de travail; ouvrage qui met à disposition du public , pour la première fois l'oeuvre photographique de Jack London .

Cet ouvrage se divise en six grandes partie]s, qui correspondent à six grands reportages aux 4 coins du monde, et périodes de vie très distinctes de l'écrivain !

1- le peuple d'en bas, 1903
[Photographies qui accompagnaient l'enquête vécue de Jack
London dans les bas-fonds londoniens ]

2- La Guerre russo-japonaise, 1904

3- le tremblement de terre de San Francisco, 1906

4- La croisière du Snark, 1907-1908

- le Voyage du Dirigo, 1912

- La Révolution mexicaine, 1914

De 1900 à 1916, London réalisa 12.000 clichés, avec le plus fréquemment son Kodak 3A !...

Publication complétée par des notes techniques de Philip Adam et d'une très intéressante bibliographie.

"Cette curiosité pleine d'empathie fait la force de ses photos (...) Et le regard qu'il pose sur les gens n'est jamais celui du voyeur, mais souvent celui du témoin compatissant, quand ce n'est pas tout simplement celui de l'ami qui vous fait plaisir en tirant votre portrait sur le vif, sans tricher ni avec vous ni avec lui-même. En photo comme en littérature Jack London est un créateur. En cela, il rejoint son contemporain Marcel Proust, dont il est pourtant aux antipodes, quand celui-ci nous dit que "le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux".
[p. 12 / "Le regard de Jack London" de Noël Mauberret ]

En 1904, London fut promu correspondant de guerre pour aller couvrir la guerre russo-japonaise; c'est à cette période qui le fit reconnaître comme photographe qui coïncida simultanément ses premiers succès d'écrivain en particulier pour ses romans "L'Appel sauvage" (1903), et "Le Loup des mers" (1904)


Dans ses innombrables clichés, en sus de leur qualité indéniable, ils ont une valeur informative des plus précieuses...clichés de plus de 100 ans , qui ont fait découvrir des régions du monde relativement inexplorés et des peuples inconnus, dont le peuple des îles Salomon...
Un de ses clichés "Des femmes sauvages [et] Charmian (*la seconde épouse de London), la première blanche qu'elles voyaient" , Malaïta, les îles Salomon, 1908...souleva une sérieuse controverse; London dû se battre contre le journal qui devait la publier et contre son éditeur, MacMillan, qui refusa de s'en servir pour l'illustration de "La Croisière du Snark"...Le problème n'était pas de publier une image montrant des villageoises nues; c'était que la femme blanche n'avait pas l'air de les trouver répugnantes !!!!...

London fut l'un des rares photographes de l'époque à immortaliser des non-blancs !!...

Que de choses à commenter dans ce livre "prodigue" en images et en historiques, anecdotes divers... je ne vais pas surcharger de notes et de commentaires cette chronique, j'ai préféré me "plonger" littéralement dans ces multiples clichés si parlants, si vivants, si éclectiques... [et selon l'expression qui tombe à pic !], il nous saute aux yeux que le Regard bienveillant, aiguë, compatissant du photographe rejoint celui totalement, ou plus exactement prolonge parfaitement celui de l'écrivain ! On retrouve la même intensité d'engagement que dans ses écrits !...

Je vais rendre à regret ce très beau livre à la médiathèque...mais très heureuse d'avoir pu en prendre plein les "mirettes" !!...

J'allais oublier un aspect non négligeable: une très belle mise en page sur papier glacé, avec une alternance de fonds noirs et fonds blancs; les clichés présentés à pleine ou double page !

J'achève ce billet par un extrait qui dit beaucoup des talents uniques de London, qui met en permanence l'individu au centre: que cela soit dans ses écrits comme dans ses prises de vues !! Ses fameux "documents humains" !...

"Il prit ses premières photographies significatives-celles que l'on voit dans - le Peuple d'en bas- en 1902, lors de son séjour à Londres dans l'East End.
L'idée que London se fait alors du "document humain" illustre parfaitement ses arguments en faveur du socialisme. Image après image, il montre que
l'Empire britannique échoue à traiter humainement ses concitoyens. Voici ce qu'il répond en 1907 à la question de savoir quels conseils il donnerait à un jeune auteur : " le plus important conseil que je donnerais à un débutant est de ne pas être l'esclave des conventions; de ne pas bâtir comme bâtissaient ses pères; de réfléchir par lui-même et de prendre la vérité où il la trouve, non pas parce qu'elle se drape dans un beau costume ou se pavane au volant d'une voiture, dans une église, à la chaire d'une faculté ou dans le sanctuaire d'un éditeur"
En d'autres termes, le but doit être la quête de "documents humains" hors des sentiers battus, là où sont les gens du commun. une telle approche de l'écriture- et de la photographie-est conforme à la façon qu'avait London d'envisager le monde: accorder à l'individu la plus grande valeur. [Introduction- p. 29]..

Bravo et Merci aux éditions Phébus !!

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