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Critique de Thrinecis


Lorsque Jack London, la tête pleine des récits de voyage de Melville et Stevenson, quitte San Francisco pour les mers du Sud, le 23 avril 1907, avec sa femme Charmian et ses amis, il est loin de se douter qu'il n'accomplira pas la totalité du périple dont il rêvait. Son voyage devait durer 7 ans et l'emmener faire le tour du monde depuis San Francisco ; affaibli par de multiples ulcères et par des fièvres récurrentes, Jack London est contraint d'interrompre son voyage aux Îles Salomon en novembre 1908 pour être rapatrié sur Sidney où il sera soigné longuement.

Ce voyage s'annonce compliqué dès la construction du Snark (clin d'oeil à l'animal fantastique créé par Lewis Caroll), son navire de 17 mètres, conçu selon ses plans : en effet, le tremblement de terre d'avril 1906 à San Francisco ralentit considérablement le projet et Jack London s'endette énormément, ses créanciers ne cessant de le pressurer. Quand il finit par prendre la mer après des mois et des mois de retard, le Snark révèle toutes ses faiblesses et défauts de construction. Il en faut plus pour arrêter l'aventurier qui s'acharne et apprend la navigation en potassant les livres. La presse le croit mort quand il arrive enfin aux îles d'Hawaii !

En mer ou lors des longues escales à terre, Jack London écrit sans relâche pour nous livrer les pages magnifiques de son périple, tout en travaillant à son roman Martin Eden. Avec un enthousiasme débordant, presqu'enfantin par moments, l'écrivain nous fait vivre sa découverte des îles d'Hawaii : l'île de Maui avec sa belle ascension du volcan Haléakala, dont le sommet vierge et ennuagé n'accueillait pas encore de télescopes, l'île de Molokai et sa grande léproserie, très active à l'époque, où les lépreux jouissaient d'une vie à peu près normale, enfin Oahu où il découvre, émerveillé, le surf sur les plages sauvages et paradisiaques de Waikiki (Honolulu n'est pas encore défigurée par les buildings).
Jack London poursuit vers les Marquises, puis les îles de la Société, avec des escales enchantées à Papeete, Raiatea, Bora-Bora, puis les îles Samoa, les Fidji, enfin les Salomon... D'une plume superbe, l'écrivain partage les rencontres et des expériences qui l'ont marqué, comme cette grande pêche aux cailloux à Bora-Bora, sa rencontre avec Ernest Darling, l'Homme de la Nature, ou celle avec Tehei, un polynésien qui deviendra son ami.
Avec une énergie et un bonheur sans mélange, il se jette à chaque fois dans l'apprentissage de ce qu'il ne connaît pas : la pêche à la dorade, le surf et même... la navigation et la médecine ! Ce qui donne un chapitre extrêmement drôle sur ses difficultés à s'orienter avec boussole, sextant et tables de navigation mais plus pathétique sur ses essais de soigneur de l'équipage avec la pharmacopée limitée dont il ne maîtrise guère les composants.

Son récit souffre de quelques omissions regrettables sur l'équipage qui l'accompagnait : les japonais, le cuisinier, le mousse et les différents capitaines. Mais Jack London ne souhaitait pas écrire un journal de bord, cette tâche étant dévolue à sa femme Charmian qui s'en est acquittée à merveille. Non, à l'instar des écrivains voyageurs qu'il admirait tant, il nous a légué un fabuleux récit de voyage empli de joie de vivre et d'enthousiasme qui fera rêver bien des générations... Alors, sans plus tarder, embarquez sur le Snark et cap sur les mers du Sud !

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