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Jack London a écrit cette nouvelle en 1911, année où se propage la révolution mexicaine suite à l'insurrection armée contre la réélection à la présidence du général Porfirio Diaz, tyran soutenu par l'impérialisme américain. Le Mexicain se découpe en deux parties qui se complètent, du collectif à l'individuel. La première présente la lutte des exilés mexicains en Californie pour récupérer des fonds en soutien à la révolution zapatiste, des héros ordinaires fondus dans le collectif de la coalition La Junta, prêts à tous les sacrifices pour leur idéal mais qui n'ont que peu à donner. Jusqu'à ce que ne déboule un gringalet taiseux, le Mexicain. La deuxième se focalise dans un espace-temps très simple, le combat de boxe qui va opposer le Mexicain, Felipe Rivera, outsider, à un champion reconnu. Personnage fascinant que ce Mexicain, à peine sorti de l'adolescence, exilé acquis à la cause surgi de nulle part, glacial, quasi un missionnaire qui veut la grosse somme d'argent promise au vainqueur pour aider les révolutionnaires et venger sa famille, un ange exterminateur offrant son corps jusqu'au sacrifice. « Mais Rivera résista et survécut, son cerveau se remit du choc, et il recouvra toute sa lucidité. Ces maudits gringos étaient tous contre lui, ils ne reculeraient devant aucune injustice à son égard. Tout au long de son calvaire, des images continuaient de défiler dans sa tête : d'interminables lignes de chemins de fer, étincelantes au soleil du désert ; des rurales et des policiers américains ; des geôles de toute sorte et des camps de détention ; des vagabonds regroupés autour de citernes d'eau … Tous les épisodes sordides de sa périlleuse odyssée, après la grève noyée dans le sang à Rio Blanco. Puis il vit la révolution dans toute sa gloire – rouge et resplendissante – la révolution qui allait se propager dans son pays martyr et briser le joug du tyran. Les fusils étaient là, à portée de main. Chacun de ses visages honnis était un fusil. C'était pour ces fusils qu'il combattait. Il était ces fusils. Il était la révolution. » Ce qui est magnifique dans ce personnage, c'est la façon dont Jack London le fait incarner la force des faibles lorsqu'elle est décuplée par le don de soi, par le dépassement de soi jusqu'à en faire frémir les forts. Loin de toute empathie, en quelques pages, l'auteur dresse une formidable description de la condition humaine lorsque la force brute peut servir la justice sociale et renverser les oppresseurs. Cinquante pages universelles et terriblement actuelles. Bravo aux éditions Libertalia qui rééditent dans de nouvelles traductions de grande qualité l'oeuvre politique de Jack London ( le Talon de fer, Un Steak, L'Apostat, Grève générale, Coup pour coup ) + Lire la suite |