Le Dieu rouge

Quatre courtes nouvelles fantastiques, la première, le Dieu rouge, m'ayant paru la plus intéressante par cette quête mortelle qu'accomplit le héros, allant jusqu'à s'intéresser à une sauvagesse qui pourrait le conduire vers ce Graal qu'il convoite. Il est au milieu d'une tribu cannibale avec coupeurs et réducteurs de têtes ce qui ajoute au piment du climat fantastique créé par Jack London.

La seconde met en scène des fantômes s'immisçant dans une partie d'échecs pour la conduire dans une démarche étonnante digne des plus grands maîtres.

La troisième explore le mythe éternel du retour à la vie après la mort clinique dans un climat où rêve et réalité se confondent pour un résultat mitigé à mon goût.

Et la dernière enfin donne libre cours à un humour plutôt fin sur le thème du rajeunissement et de la vigueur retrouvée chez des vieillards qui paraissaient proches du terme de la vie. Jack London, en peu de lignes, passe très bien en revue tous les phénomènes pouvant résulter d'une telle expérience sans omettre les réactions populaires pour finir sur une note humoristique assez réussie.

Ce petit recueil peut néanmoins s'oublier assez vite, il est très bien écrit dans le style riche de l'époque de l'auteur et il ne m'a paru pas véritablement fané tant de décennies après sa rédaction.

Ce petit recueil de nouvelles est assez surprenant pour le lecteur habitué à Jack London. En effet, on connait surtout London pour ces récits d'aventure portés par un souffle formidable et pour ces récits à caractère social teintés de réalisme. Les 4 nouvelles de ce recueil s'intéressent à un thème plutôt inhabituel pour le grand Jack, la mort et l'angoisse que son imminence suscite. de plus, ces récits sont teintés de surnaturel et relèvent soit du fantastique, soit de la SF.

Je commencerai par évoquer la nouvelle qui m'a le moins convaincue, « Qui croit encore aux fantômes ? ». Très clairement, ce texte est le plus faible du recueil. le registre du gothique ne sied vraiment pas à London. Ce registre demande de savoir créer une ambiance très particulière et de savoir jouer sur des effets de surprise, ce que sait très bien faire par exemple Stevenson lorsqu'il s'attelle à ce genre. London n'y parvient pas. Il n'y a pas d'effet de surprise, l'ambiance est assez inexistante, le récit s'avère assez plat.

« La seconde jeunesse du Major Rathbone » est un récit de science-fiction, registre très inattendu venant de London, qui s'intéresse au thème de la poursuite de la jeunesse éternelle en mettant en scène un savant fou qui fabrique un sérum de régénération. Ce récit est bien mené et très plaisant sans pour autant être totalement enthousiasmant.

Au contraire de « Mille fois mort », la meilleure nouvelle du recueil. Là aussi il s'agit d'une histoire de science-fiction sur un sujet similaire à celle de « La seconde jeunesse… ». Ce récit met également en scène un savant fou mais celui-ci a carrément pour ambition de vaincre la mort. L'idée de départ est absolument géniale mais je ne veux pas la dévoiler pour vous laisser la découvrir en lisant ce texte. Je dirai juste qu'on est dans le voisinage d'un H.G Wells ou d'une Mary Shelley. En tout cas, le récit est diablement efficace et très bien mené même si je trouve que cette histoire aurait pu donner lieu à un roman. Mais en l'état, c'est une excellente nouvelle qui vaut à elle seule la lecture de ce recueil.

La nouvelle qui donne son titre au recueil, « le dieu rouge », ressemble davantage à ce que je connaissais de London. On retrouve dans ce texte l'aventure et l'exotisme qu'on connait bien chez London. Mais, le sujet abordé, la mort et son imminence, et la tonalité quasi-fantastique du récit apportent une petite singularité au récit. Cette nouvelle est d'ailleurs très plaisante.

C'est un chouette petit recueil qui permet de découvrir une autre facette du grand Jack. Je ne m'attendais pas à lire des récits de SF de la part de cet auteur et je me dis que décidément cet homme excellait dans tous les registres. Je conseille ce recueil qui se lit vite et agréablement et surtout pour l'excellente nouvelle « Mille fois mort ».

Quatre nouvelles dont la première le Dieu rouge donne son titre à ce recueil écrit en 1916 et paru après la mort de Jack London. Les thèmes y sont plus tournés vers le fantastiques et le psychique. Avec le Dieu rouge, c'est un explorateur scientifique, Bassett dans la région tropicale de Gauadalcanal, qui passe un étrange marché avec le chef d'une tribu anthropophage, pour découvrir d'ou provient un étrange bruit, inconnu des humains, une quête qui devient obsessionnelle, au risque d'y sacrifier sa vie. Qui croit encore aux fantômes met en scène deux personnages explorant une maison que l'on dit hantée. Mille fois mort aborde les rapports père/ fils difficiles, le père scientifique étant obsédé par des expériences, prénant son propre fils comme cobaye. La dernière nouvelle la seconde jeunesse touche au mythe de la vie éternelle et s'avére assez drôle avec un vieux perclus de douleurs qui retrouve sa jeunesse après quelques expériences.
Un recueil en demi-teinte, dans lequel je n'ai pas été sensible à l'aspect fantastique des deux premières nouvelles, les deux dernières, plus tragique pour l'une et drôle pour l'autre m'ont un peu réconciliée avec ce recueil.