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EAN : 9782842610333
161 pages
Le Serpent à plumes (31/03/1999)
3.78/5   109 notes
Résumé :

Après avoir dénoncé les pénitenciers de Guyane et les bagnes militaires de Biribi, c'est à une autre forme d'enfermement qu'Albert Londres, au début de l'année 1925, entend désormais s'attaquer : les asiles d'aliénés. Devant la mauvaise volonté des autorités de Santé publique, le grand reporter tentera même, pour forcer les portes d'un hôpital psychiatrique, de se faire passer pour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Albert Londres, a profondément marqué & influencé le journalisme d'investigation dans l'entre-deux -guerres. Il affirmait d'ailleurs: "Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie." Il ajoute "un reporter ne connait qu'une seule ligne, celle du chemin de fer." Deux déclarations très révélatrices de sa ligne de conduite.

Reporter aux prises de positions profondément humaines, il n'aura de cesse dans ses reportages de dénoncer les injustices, les absurdités et les incohérences du pouvoir. C'est aussi un talentueux conteur, un poète à la plume acérée, humoristique, passionnée, et directe. Ses reportages, presqu'un siècle plus tard, sont non seulement un témoignage de certains événements souvent peu glorieux et dramatique de notre histoire, mais aussi, pour certains d'entre eux, un thème malheureusement encore d'actualité.


Publiée en 1925, son enquête "Chez les fous", dans laquelle il s'attaque aux asiles psychiatriques en France, est un peu des deux.

Étayée de témoignages et d'interviews, ceux des malades ou ceux des dits médecins, Albert Londres dénonce les conditions effroyables de "détention" des aliénés (mauvais traitements, humiliations, persécutions, manque de moyens sanitaires et de nourriture). Son humour mordant, un peu décalé, parfois proche de l'absurde (à la "Monty Python") apporte heureusement une bouffée d'air frais à ce cri d'indignation.

Il met également directement en accusation l'institution psychiatrique en France en mettant en exergue la toute puissance des psychiatres qui détiennent le pouvoir absolu sur la privation de liberté. La justice elle même, n'a pas droit de regard sur les décisions d'internement de ces médecins, c'est pour dire! Sous couvert de cette fameuse loi de 1838 (que j'ai découvert dans ce livre) et avec la connivence des médecins, nous ne pouvons que constater combien à cette époque, il est aisé et d'usage, de se débarrasser de quelqu'un en l'internant.
Albert Londres estime que "Les deux tiers des internés ne sont pas de véritables aliénés. D'êtres inoffensifs on fait des prisonniers à la peine illimitée" déclare t il.

Dans ces institutions, ou il est si facile de rentrer, dont le but n'est pas de soigner mais d'exclure et d'isoler du reste du monde une population dérangeante, la sortie est d'autant plus aléatoire qu'arbitraire.

"Les asiles font des fous" dira Albert Londres. Mais il rappelle aussi que: "notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou mais de débarrasser le fou de sa folie. Si nous commencions ?

Albert Londres aura eu le mérite d'éveiller les consciences. D'autres de ses concitoyens, comme André Breton dans son livre "Nadja", vont également s'indigner et dénoncer la psychiatrie. Mais il faudra encore beaucoup de temps pour que les choses évoluent. Ce n'est qu'après 1945 qu'enfin des améliorations vont commencer à être apportées.


En quoi est-ce toujours un thème d'actualité me diriez vous?
Si la maltraitance des malades à proprement parlé, et celle de la psychiatrie, ont indéniablement évolué, la place des malades mentaux dans nos sociétés en revanche, n'a guère évolué. C'est toujours celle de l'exclusion. Il s'agit au mieux les enfermer pour moins les voir. Que ce soit dans une institution spécialisée comme dans une prison. le "fou" dérange notre société bienpensante. Et il fait peur. L'écarter de notre champ visuel reste un sujet foncièrement d'actualité. La tendance actuelle à privilégier la prise en charge par le cercle familiale, ne change pas pour autant ce regard. Il me semble qu'elle ne fait qu'accentuer la peur et les préjugés d'un coté, et l'impuissance des familles de l'autre.


En conclusion, un reportage coup de poing, qui même après plus de 90 ans laisse songeur.

Si vous n'avez jamais lu Albert Londres, je vous encourage vivement à le découvrir ! Ne serait-ce que par devoir de mémoire sur les subversives positions de ce grand reporter à l'écriture si… percutante et très moderne pour l'époque.
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Acquis en 2013 - Lu en avril 2019 [Arlea, juin 2009 ]

" Les conventions séculaires, qui font qu'un même peuple s'entend parce que les individus de ce peuple accordent aux mots une signification définie, ne jouent pas pour eux. Les fous parlent en dehors des règles établies. Il n'y a pas un peuple de fous : chaque fou forme à lui seul un propre peuple. "(p. 28)

Une grande admiration pour l'intransigeance et l'exigence de ce grand journaliste d'investigation...qui ira percer toutes les iniquités et réalités inacceptables; que cela soit dans les pénitentiers, les bagnes, etc.

Cette fois, Albert Londres a voulu s'attaquer aux réalités des asiles d'aliénés..; Dans un premier temps, il tenta de s'infiltrer dans ces lieux, en se faisant passer pour fou...Il parviendra à aller observer, constater le pire comme le meilleur ( dont cet aliéniste, Maurice Dide, avant-gardiste avec des traitements et des attitudes plus ouvertes et respectueuses)

En dépit su sujet grave, j'ai eu quelques éclats de rire, tant Albert Londres a l'art de la formule, ainsi qu'un esprit très noir, fort caustique !!!


Apprécié ces articles bruts et vivants... qui à travers la transcription des paroles et dialogues des malades...donnent à voir énormément de la psychiatrie dans la France des années 1925...accompagnés des commentaires lucides et très percutants d'Albert Londres !... Je lui suis très reconnaissant d'avoir découvert, à travers cette lecture, la personnalité extraordinaire que fut l'aliéniste, Maurice Dide..., dont l'écrivain fait l'abondante éloge ![ voir lien ci-dessous ]

Bien que de nombreux progrès ont été réalisés en "Psychiatrie", il y encore tant à faire pour écouter, soulager, accompagner... les personnes malades, différentes !

"Pour soigner les fous, il faut d'abord prendre la peine de comprendre leur folie. Il faut aussi profiter de leurs jours de lucidité pour les réadapter à la vie ordinaire. Traiter continuellement comme un fou l'homme qui ne perd que de temps à autre le contrôle de son jugement, c'est l'enfoncer dans son infortune." (p. 67)

Appris de multiples choses dont une réalité à peine croyable : La Corse et l'Algérie n'ayant pas d'Asiles d'aliénés, expédiait en France leurs "malades" mais pas que...!!
Leurs "fous" n'étaient pas tous authentiques !!... se trouvaient pour une raison ou pour une autre, indésirables !

On ne peut qu louer l'honnêteté et l'exigence de ce journaliste
d'investigation,qui se moque de plaire !! Ces articles gardent une actualité et des mises en garde précieuses sur les dérapages que l'on peut faire entre dit "normal" et "fou" ,,!

Je finis par un pied de nez d'Albert Londres !:

"Ce matin-là, je louvoyais dans un quartier d'asile, en compagnie d'un interne.
- Les fous, me disait-il, ne sont pas ce que l'on suppose. le public les voit mal...
Ce ne sont pas toujours des forces déchaînées. Tenez, regardez ceux-ci, réunis dans cette salle. Ils étaient une dizaine. Ils parlaient un peu haut, mais cela arrive aux personnages les plus sensés.
- Vous pouvez entrer, me dit l'interne.
J'entre. Les têtes étonnées se tournent de mon côté. Je reconnais le médecin-chef au milieu du groupe.
L'interne me saisit par le bras.
- Quoi ?
- Erreur ! fait-il en se mordant la lèvre, ce ne sont pas des fous mais des
aliénistes. C'est la Ligue de l'hygiène mentale qui tient séance !
Il avait suffi de l'épaisseur d'un carreau !"



**********Voir lien
http://francoisverdier-liberationsud.fr/maurice-dide/
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"Chez les fous" est une série de douze articles de presse écrit par Albert Londres et publiés en 1925 .
L'univers des asiles d'aliénés devenu aujourd'hui les hôpitaux psychiatriques y est décrit sans complaisance .
Les progrès depuis cette époque sont considérables en ce qui concerne les thérapies et le bien-être des patients , mais que penser du regard de la société pour ce type d'enfermement ?
Pour se renseigner , à lire et à méditer !
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A propos des fous, Albert Londres disait : "Ils sont des rois solitaires. le corps que nous leur voyons n'est qu'une doublure cachant une seconde personnalité invisible aux profanes que nous sommes, mais qui habite en eux. Quand le malade vous semble un être ordinaire, c'est que sa seconde personnalité est sortie faire un tour. Elle reviendra au logis. Ils l'attendent. Si leur conversation parait incohérente, ce n'est que pour nous ; eux se comprennent. La rapidité de leur pensée est telle qu'elle dépasse les capacités de traduction de la langue. (...) Les poètes partis dans le cercle lumineux de leur inspiration, inventent des termes, les fous forgent leur vocabulaire (...) Les fous parlent en dehors des règles établies. Il n'y a pas un peuple de fous. Chaque fou forme à lui seul un propre peuple." (p.27-28). A lire ces quelques lignes, on se demande bien ce qu'Albert Londres va cette fois-ci trouver sur sa route. Fidèle à ses techniques d'investigation et d'infiltrage, le fameux journaliste enquête cette fois-ci sur les milieux psychiatriques de la période de l'entre-deux guerre (1925 plus exactement). Il n'hésite d'ailleurs pas à donner de sa personne, quitte même à se faire passer pour fou. Mais n'est pas fou qui veut ou qui l'on croit. Avoir une araignée au plafond ou un vélo dans la tête, avoir le fou-rire, aimer à la folie ou être fou à lier, toutes ces expressions qu'on utilise couramment sans y penser, prennent tout leur sens à la lecture de ce document. Préparez-vous donc avec Chez les fous à vous embarquer dans des histoires... de dingues...

A travers descriptions, portraits et entretiens, ce sont des mondes inquiétants que l'on pénètre. Pour les soit disant sains d'esprit, il est étonnant de constater cette fascination qu'exercent les fous. Son tour de France des asiles vaudra à Albert Londres la foudre des psychiatres ("M. psychiatre m'a déjà fait dire qu'en moi, il n'avait pas reconnu un fou mais un crétin." p.149) : les conditions d'accueil (on pourrait parfois parler de détention selon le niveau de fortune des internés) laissent à désirer et comme on peut facilement le deviner, l'asile n'est ni un lieu reposant, ni un lieu de plaisance. Et pourtant, ce n'est pas sans rire que j'ai dévoré ces quelques témoignages. Ri, oui, vous avez bien lu. Mon hilarité paraîtra probablement déplacée mais certains récits sont simplement truculents. C'est décalé bien évidemment. Mais drôle aussi. Pas tout bien sûr. Mais vraiment drôle parfois. Pour preuve, voici un court entretien qu'Albert Londres a eu avec Péchard, un fou-assassin : "- Et vous, Péchard ? Dites-nous clairement, mais clairement, n'est-ce pas, pourquoi vous avez tué votre femme ? - Clairement, monsieur le docteur, je l'ai tuée à cause de la côte droite. - Qu'avait-elle, la côte droite de votre femme ? - Elle était à gauche. Alors, vous comprenez, c'était une insulte à la divinité. La côte droite à gauche ! Alors, monsieur le docteur, alors, où irait-on ? (p.120). Oui, parce que des fous, il y en existe de toutes sortes. D'ailleurs, "La maison de M. Psychiatre est une boutique de bric-à-brac. C'est la foire aux puces : on y trouve de vrais fous, d'anciens fous, de futurs fous. Il y a l'authentique, le probable, le douteux, le récalcitrant et la victime." (p.151). Il y a effectivement les fous à domicile, ceux qu'on dit fous mais qui ne le sont pas. Il y a aussi les furies, les persécutés, les fous assassins, les drogués... Bref, la variété des fous est infinie et le devoir de la société selon Albert Londres "n'est pas de nous débarasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie." (p.162).

Cette fois-ci encore, Albert Londres tape fort. Il dénonce l'internement, les mauvais traitements, les traitements de faveur et tout le reste. Près de 90 ans ont aujourd'hui passé. Son discours est toujours valable : "La loi de 38 n'a pas pour base l'idée de soigner et de guérir des hommes atteints d'une maladie mentale, mais la crainte que ces hommes inspirent à la société. C'est une loi de débarras. Ce Monsieur est-il encore digne de demeurer chez les vivants ou doit-il être rejeté chez les morts ? (...) C'est quelque chose dans ce genre que nous faisons avec nos fous. Peut-être est-ce même un peu plus raffiné. On leur ôte la vie sans leur donner la mort." (p.157-158). Et cette fameuse loi de juin 1838 sur les aliénés est restée valable jusqu'en 1990 ! A lire donc et à méditer. Un bon 4 étoiles pour Chez les fous !
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Je n'avais jamais rien lu d'Albert Londres et je ne connaissais ce journaliste/écrivain que de nom et surtout par le prix qui porte son nom et qui est remis chaque année à un reportage journalistique le jour anniversaire de sa disparition en 1932.

Ce court récit retrace une enquête faite par Albert Londres lui-même au coeur des asiles psychiatriques et d'aliénés en 1925 pour rendre compte par lui-même de ce qu'il voit, entend, constate. Mais ses démarches auprès des instances vont se révéler vaines et il devra trouver des moyens détournés pour y parvenir, quitte à se faire passer lui-même, sans succès, pour fou.

"Le fou est individualiste. Chacun agit à sa guise. Il ne s'occupe pas de son voisin. Il fait son geste, il pousse son cri en toute indépendance. Quand plusieurs vous parlent à la fois, l'homme sain est seul à s'apercevoir que tous beuglent en même temps. Eux ne s'en rendent pas compte. L'un se suiciderait lentement au milieu de cette cour qu'aucun ne songerait à intervenir. Ils sont des rois solitaires (p14)"

C'est une compilation de 23 courts chapitres, 23 chroniques d'un voyage dans la folie mais la folie n'est pas toujours celle que l'on croit ou tout du moins celle qu'entend démontrer Albert Londres. Il s'insurge (et la censure est passé sur le texte donc on peut imaginer ce qu'il pouvait être avant) sur les conditions d'internement, de traitement de ceux que l'on dit fous, aliénés.

"Ficelez sur un lit un agité et regardez sa figure : il enrage, il injurie. Les infirmiers y gagnent en tranquillité, le malade en exaspération. Si les asiles sont pour la paix des gardiens et non pour le traitement des fous, tirons le chapeau, le but est atteint. (p46)"

Il fustige la loi de 1838  (qui a été effective jusqu'en 1990.....) déclarant le psychiatre infaillible et tout puissant permettant ainsi les internements arbitraires, instaurant les placements volontaires et d'office, qui se transformèrent bien souvent en placements abusifs et se demandant finalement qui est le plus fou. Il rencontre pourtant des psychiatres à l'écoute des "malades" comme le Docteur Dide qui observe, laisse à ceux-ci des zones de liberté, les acceptant comme ils sont et surtout n'aggravant pas leur pathologie, allant même jusqu'à dire :

"Si je suis dénoncé comme fou, je demande que l'on m'interne chez le docteur Maurice Dide (...) Ce savant professe que la folie est un état qui en vaut un autre et que les maisons de fous étant autorisées par des lois dûment votées et enregistrées, les fous doivent pouvoir, dans ces maisons, vivre tranquillement leur vie de fou. (p36)"

Avec une écriture très journalistique, nerveuse en partie sûrement due je pense à la révolte qui bouillait en lui, il décrit la misère qui se cache derrière les murs de la bonne conscience : ici, soi-disant, on protège : eux et vous parce qu'ils sont dangereux mais Albert Londres ne voit que dénuement, abrutissement, misère, manque de moyens (déjà) et surtout dénonce l'attitude des tout-puissants chefs de service, détenteurs du pouvoir d'internement ou de sortie sur tous ces malades.

C'est un recueil d'articles d'un monde caché ou que l'on ne veut pas voir, ignoré, difficile, parfois violent. C'est un texte de révolte, d'incompréhension mais surtout c'est un cri envers les pouvoirs publics  sur les carences dans ce domaine....... Comment ne pas penser à Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman avec Jack Nicholson.

C'est très instructif, réaliste, révoltant, une lecture qui réveille les consciences, qui change parfois de la perception que l'on peut avoir de ce monde soustrait à notre regard.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
p.134-135/Ce matin-là, je louvoyais dans un quartier d'asile, en compagnie d'un interne.
- Les fous, me disait-il, ne sont pas ce que l'on suppose. Le public les voit mal...Ce ne sont pas toujours des forces déchaînées. Tenez, regardez ceux-ci, réunis dans cette salle.
Ils étaient une dizaine. Ils parlaient un peu haut, mais cela arrive aux personnages les plus sensés.
- Vous pouvez entrer, me dit l'interne.
J'entre. Les têtes étonnées se tournent de mon côté. Je reconnais le médecin-chef au milieu du groupe.
L'interne me saisit par le bras.
- Quoi ?
- Erreur ! fait-il en se mordant la lèvre, ce ne sont pas des fous mais des aliénistes. C'est la Ligue de l'hygiène mentale qui tient séance !
Il avait suffi de l'épaisseur d'un carreau !
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VIII - Ces messieurs du Docteur Dide

La maison de Braqueville est une maison comme il n'en est pas une autre sur le territoire de la France républicaine.
Si je suis dénoncé comme fou, je demande que l'on m'interne chez le docteur Maurice Dide.
Ce savant professe que la folie est un état qui en vaut un autre et que les maisons de fous étant autorisées par des lois dûment votées et enregistrées, les fous doivent pouvoir, dans ces maisons, vivre tranquillement leur vie de fou.
Et ce savant a raison. C'est assez que l'on ne puisse pas les guérir. (...)
Dans la maison du docteur Dide la folie n'est pas considérée comme un crime.
on ne se dresse pas devant le pensionnaire pour lui dire : "Misérable ! Qu'as-tu fait ? Tu viens de perdre la raison !"
On lui dit : "Bonjour, monsieur, vous voici chez vous."
Les châtiments sont interdits.
Existent-ils en d'autres lieux ? Je vous crois. (p. 62)
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La chose n'est pas complètement fausse. En effet, quand une personne tombe malade de la mystérieuse maladie, si cette personne n'a pas le sou, elle est folle. Possède-t-elle un honnête avoir ? C'est une malade. Mais si elle a de quoi s'offrir le sanatorium, ce n'est plus qu'une anxieuse. (p. 14)
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Pour soigner les fous, il faut d'abord prendre la peine de comprendre leur folie.
Il faut aussi profiter de leurs jours de lucidité pour les réadapter à la vie ordinaire.
Traiter continuellement comme un fou l'homme qui ne perd que de temps à autre le contrôle de son jugement, c'est l'enfoncer dans son infortune. (p. 67)
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- Moi, monsieur le docteur, cela va toujours bien. Depuis six ans que je suis là, vous pourriez me faire sortir.
- Mais il y a cette histoire de Légion d'honneur, madame Mémot.
- Quelle histoire ? Parce que j'ai reçu la Légion d'honneur ?
- Justement !
- Eh bien ! oui, cela fit des jaloux ; on me força à l'avaler ; depuis, j'ai les intestins rouges, mais est-ce que je ne travaille pas comme il faut ?
Mme Mémot est la meilleure ouvrière de l'atelier, elle n'a d'autre maladie que d'avoir les intestins rouges. Sans cette "idée" qui persiste, on la remettrait en liberté. Se croire les intestins rouges, est-ce un danger pour soi ou pour la société (loi de 38) ? À la réflexion, les meilleurs spécialistes répondent : pourquoi pas ?
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Vidéo de Albert Londres
Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006 Tout public, à partir de 10 ans
« Lumières pour enfants », c'était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu'il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l'a repris pour les Petites conférences qu'elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels. Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu'au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d'interrogations restant trop souvent sans réponses. La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d'une matière ou d'un domaine accepte de s'adresser à un public composé d'enfants mais aussi d'adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n'est question que d'éclairer, d'éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.
Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l'enfant timide, née à Paris d'une mère française et d'un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s'envole pour Téhéran, en 1997, c'est avec l'envie d'y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d'ouverture. Mais l'après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l'invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s'enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l'humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n'est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d'un grand complot, mais un témoin d'exception, porteur de lumière, même au coeur de l'obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d'État et conflits.
À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. Delphine Minoui, L'alphabet du silence, l'Iconoclaste, 2023 Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017 Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015
Conception et programmation : Gilberte Tsaï – Production : l'Équipée.
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