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EAN : 9782842612092
152 pages
Le Serpent à plumes (16/05/2000)
3.94/5   63 notes
Résumé :

En 1926, au retour d'un reportage en Pologne, Albert Londres se lance dans un projet qui lui tenait à cœur depuis très longtemps : s'arrêter - pour une fois - à Marseille, et faire le portrait de cette ville déjà cosmopolite, ouverte sur le monde, et qui n'a été jusqu'ici pour lui qu'une brève étape. Conçus dès le départ pour aboutir à un livre, les douze articles qui constituent c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais imaginé quelques belles formules. Aïe, aïe, aïe, pas notées... Elles s'en sont allées en ritournelles, je le crains. Pourtant, le sens de la formule, la signature d'un bon journaliste, comme l'était en son temps Albert Londres. Sûr il l'était, pour se faire commanditer en 1926 cette série d'articles par le Petit Parisien, avec en tête de les étoffer pour les relier en un petit ouvrage de juste cent pages.

Aussi je sais que dans Marseille doit se languir de voir paraître cette chronique, cette amie qui m'a offert le 22 mars à Bruxelles Marseille Porte du Sud. "A-t-il aimé ? Il traîne, c'est mauvais signe." Comment expliquer ? M'est venue en tête, l'idée de lire maximum un chapitre par jour, comme si l'on m'apportait le journal. Une idée de gourmet, plutôt que d'avaler le tout goulument. Et encore, hors de question de ne pas le lire dans un endroit plaisant, propice à l'évasion. Respecter les marées de mes envies.

Le sais-tu Nadia, j'ai déjà vu Marseille. Et même mangé une bouillabaisse au port. Que je me souvienne les dockers étaient en grève. Mais je ne peux prétendre connaître Marseille. Je n'y ai même pas passé une nuit. Je ne l'avais pas jusque là touchée du doigt cette grande roulette où beaucoup joue le sort de toute leur vie qu'ils accostent ou qu'ils larguent définitivement les amarres.
"Et les gens rêvent !
Cela doit faire une étonnante somme de rêves que tous les rêves qui se poursuivent ici." p.95

Tu veux que je te dise ? le Marseille d'Albert Londres n'a jamais existé et pourtant existera toujours. J'ai beaucoup voyagé, c'est vrai, mais je ne suis jamais parti. Je ne suis pas de ceux que Mr Londres a côtoyés et si bien décrits. Je n'ai jamais porté un ailleurs meilleur à découvrir à tout prix, quels qu'en soient les risques. Je suis de ceux qui pensent qu'il est à bâtir ici et maintenant. Dans 'Des racines et des ailes', je serais côté racines. "Dans un café de la Cannebière, il est trois tables de marbre..." p.63 J'y serais mal venu.

Il n'empêche que j'ai une admiration sans borne pour Jacques Brel qui parti pour un tour du monde, le poumon en feu, ou pour Olivier de Kersauson dont l'ailleurs est la mer elle-même, mauvais exemples, je sais ils ne partirent pas de Marseille. Mais alors peut-être Alexandre Yersin qui d'abord médecin, chercheur s'embarqua comme officier médecin de la marine, puis l'Indochine où il s'établit définitivement après avoir découvert le bacille de la peste et élaboré un vaccin contre cette terrible maladie... "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger" écrivait-il. Faute de rêver à cet ailleurs, j'ai donc rêvé à ceux qui en rêvaient.

Parfois le style est porté par un lyrisme suranné : "Cette ville est une leçon. L'indifférence coupable des contemporains ne la désarme pas . Attentive, elle écoute la voix du vaste monde et, forte de son expérience, elle engage, en notre nom, la conversation avec la terre entière." p.100 Puisse cette leçon être pleinement comprise, Marseille rester terre d'accueil alors que les loups gris semblent vouloir réinvestir la ville.

Donc tu l'auras compris, j'ai aimé.
Juste cent pages, non point. Cent pages justes ! Cela fait une sacré différence. Encore, merci Nadia. Tu n'aurais pu mieux choisir.
Et si jamais je venais à passer à Marseille, je te demanderais de m'emmener voir le phare et me raconter son histoire. Après nous pourrions parcourir les docks et regarder les bateaux.
En attendant : Tais-toi Marseille ! :-)
https://www.youtube.com/watch?v=5zx8KHllp_8
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Ce livre court regroupe une série d'articles publiés par Albert Londres en 1926 sur la ville De Marseille.
Marseille d'où arrivaient et d'où partaient les bateaux transportant aussi bien des passagers que des cargaisons.
Et le trafic d'alors, ne connaissant pas encore l'aviation commerciale, se faisait uniquement par voie maritime
Les destinations étaient plus exotiques les unes que les autres que ce soient les divers ports de Méditerranée, d'Afrique, d'Amérique du Sud, du Moyen Orient ou même d'Asie.
Combien d'hommes, de femmes et d'enfants sont passés à Marseille soit pour arriver en France, soit pour en partir et pour certains ne plus jamais y revenir que leur destination soit l'Amérique du Sud ou ces colonies françaises d'Afrique ou d'Asie.
Mais Marseille elle-même n'était déjà presque plus en France, et lorsque Albert Londres s'est rendu compte que dans son hôtel la femme de chambre, le garçon d'étage, le liftier, le concierge tous parlaient italien ; il a pris sa géographie pour vérifier que Marseille était bien en France
Près d'un siècle plus tard, cette jolie évocation de la ville nous fait comprendre à quel point Marseille a toujours été cosmopolite, et qu'elle a toujours été tournée vers les flots bleus de la Méditerranée.
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 Albert Londres est le père du journalisme d'investigation. Grand voyageur, il s'est embarqué De Marseille pour ses  voyages lointains en Asie, Inde, Chine et Japon...  Eté 1926,  après l'Exposition Coloniale de 1922 Albert Londres écrit une série de reportages réunis dans ce livre qu'il dédie au Gardien du phare du Planier.




Pour Albert Londres, Marseille est avant tout un port où entrent et sortent personnes et marchandises et ceci depuis 2500 ans avec l'arrivée des Phocéens. Entrée des marchandises coloniales, sortie des colons qui partent peupler l'Algérie ou l'Indochine. Et inversement arrivée des marins en transit vers les ports du monde entier et qui se rencontrent autour d'un verre avant de repartir. Arrivée aussi des émigrants s'installent . En 1926 Marseille est italienne, grecque et arménienne...

"Marseille était bien dans un département qui s'appelait les Bouches-du-Rhône. J'ai fermé la géographie. le lendemain, je l'ouvris de nouveau. Marseille était dans les Bouches-du-Rhône, cependant les Bouches-du-Rhône devaient être en Italie. Eh bien ! Non, ce département était en France. Je repris courage et, comme nous étions au matin de cette journée d'expérience, je sonnai la femme de chambre. Elle arriva. C'était une Italienne. « Alors,
lui dis-je envoyez-moi le valet. » C'était un Italien. « Faites monter le sommelier ! » Il était italien ! J'empoignai mon chapeau, ma canne, mon pardessus. Je sortis de ma chambre. J'appelai l'ascenseur. le garçon de l'ascenseur lisait Il secolo ! Je brûlai le hall jusqu'à la porte. Là, je m'adressai au portier et j'eus comme un espoir : le portier était anglais..."


Même si le propos est connu, le livre est original par le ton amusant. Lecture jubilatoire.

J'aurais pu choisir pour illustrer ce billet des conversations de  bistro, rencontres de commerçants qui se donnent rendez-vous après avoir fait le tour de la planète. Chaque chapitre, chaque anecdote, chaque sketch fait sourire si ce n'est rire franchement. 

Quel conteur!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Albert Londres me propose aujourd'hui une invitation aux voyages, un véritable tour du monde de 1927. Direction Marseille et son port. Ici on embarque pour toutes les mers, vers tous les ports. Des paquebots arrivent, d'autres partent. Pour où ? Alger, Tunis, Suez, Djibouti, Zanzibar, Madagascar, Colombo, Java, Sydney, Nouméa, Papeete...

Il me fait visiter les quatre coins du globe terrestre sans jamais quitter le quai, simplement en regardant la gueule des dockers, des marins, des capitaines. Marseille, une ville de passage. Il n'est pas bon d'y rester. On est bien accueilli que si l'on est de passage, entre deux destinations. On n'y vit rarement, on est à Marseille juste en escale en attendant une autre destination.

Mais on ne parle pas beaucoup français à Marseille. On y suit des conversations en italien, en grec, en roumain, en russe ou en arabe... Mais rarement en français... C'est plus une terre d'accueil qui à bras ouverts « ramasse » toutes les épaves, tous les déchets, ceux qui ne peuvent plus vivre chez eux et qui tentent l'aventure sous d'autres cieux. Et ils arrivent à Marseille, avec leur misère et leur pauvreté, avant d'en repartir aussitôt pour trouver la richesse ailleurs... Les étrangers, qu'ils soient européens, africains ou arabes sont tous les bienvenus, sans oublier les voyous bandits et autres racailles. Ils font partie de Marseille, ils « sont » Marseille.

Et quelle ambiance à chaque café ! Toujours un ami qui vous attend, prêt à converser avec vous, prêt à vous offrir un café ou un paquet de cigarettes qu'il vous doit... Et quel parfum !

Embarquement immédiat...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Marseille vue par Albert Londres me laisse une impression étrange. Je m'attendais à un reportage factuel et objectif, comme le fait habituellement ce journaliste. En fait c'est un texte assez composite, avec des histoires de marins, de trafiquants ou de migrants et même un épisode un peu fantastique avec le "détatoueur". Finalement, je trouve que ce portrait de Marseille est davantage une fiction qu'un vrai reportage.
Ce qui ressort quand même de l'ensemble, c'est une déclaration d'amour d'Albert Londres à cette ville de Marseille. Il y a fait des rencontres riches, il y a découvert la misère et la pègre, mais il est persuadé que Marseille est une chance pour la France, une porte vers le monde, mais la France n'en est pas assez consciente !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ce café vient de Moka. Du moins on le dit. Mais je vais vous dire ce que l’on dit. On dit que si tout le café qui vient de Moka poussait à Moka, cela se saurait. On sait tout le contraire. Moka est en Arabie, sur la mer Rouge. Le café qui vient de Moka pousse au Brésil. On l’embarque sur l’Atlantique Sud. L’Atlantique Nord le berce un moment. Il passe par Gibraltar et, doucement, il s’amène sur la Méditerranée. Marseille ! On le débarque. On va le boire ? Pas si vite. Rentrez vos tasses dans le buffet. On le rembarque. Le voilà qui repart sur la Méditerranée, dans l’autre sens. Il longe les côtes de la Corse, il fend le détroit de Messine. Il se prélasse à l’abri de la Crète. A Port-Saïd, il retrouve sa chaleur natale. On le débarque. Qu’il soit sans crainte : ce n’est pas encore pour le brûler. On le rembarque. Sur un bateau khédivial, il va maintenant descendre jusqu’au bas de la mer Rouge. Lui est toujours blanc. Enfin, Moka !

Après un tel voyage, il a mérité de changer de linge. On le change de sac. Comme il se sent légèrement fatigué, on lui rajoute des grains de moka pour le remonter. Puis on le rembarque. Il est baptisé. Tête haute, il peut revenir à Marseille. Il est revenu. Le voici sur le quai.

Maintenant que je sais tout, ce café-là est sacré pour moi. Si je voyais un chien flairer ces sacs, j’irais tirer les oreilles au chien. En tout cas, ce n’est plus moi qui marchanderai quand je boirai du café-moka !
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Dans le même voyage, l'homme de terre et l'homme de mer ont deux buts différents. Le but du premier est d'arriver, le but du deuxième est de repartir. La terre nous tire vers le passé, la mer les poussent vers le futur.
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Où voulez-vous aller ? Au Maroc, en Algérie, en Tunisie ? Au Sénégal, en Egypte ? Au Congo, à Madagascar ? En Syrie, à Constantinople ? Au Tonkin ? Aux Indes ? En Australie ? En Chine ? En Amérique du Sud ? Faites votre choix. Ici, on embarque pour toutes les mers, pour la ! Rouge et la Noire, pour tous les détroits, tous les canaux, tous les golfes. On vous en montrera des pays ! On vous en fera connaître, des choses insoupçonnées ! Pas un coin, si bien endormi qu'il fût, que nous n'ayons déjà réveillé autour du monde. On part pour tous les océans, l'Atlantique, l'Indien, le Pacifique.
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Écoutez, c’est moi, le port de Marseille, qui vous parle. Je suis le plus merveilleux kaléidoscope des côtes. Voici
les coupées de mes bateaux. Gravissez-les. Je vous ferai voir toutes les couleurs de la lumière ; comment le
soleil se lève et comment il se couche en des endroits lointains. Vous contemplerez de nouveaux signes dans le
ciel et de nouveaux fruits sur la terre. Montez ! Montez ! Je vous emmènerai de race en race. Vous verrez tous
les Orients—le proche, le grand, l’extrême.
[...] Je vous ferai voir des oiseaux qui plongent et des poissons qui volent.
Embarque-toi ! Embarque-toi !
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Allez à Marseille. Marseille vous répondra.
Cette ville est une leçon. L'indifférence coupable des contemporains ne la désarme pas. Attentive, elle écoute la voix du vaste monde et, forte de son expérience, elle engage, en note nom, la conversation avec la terre entière.
Un oriflamme claquant au vent sur l'infini de l'horizon, voilà Marseille (...)
Faites le voyage de Marseille, jeunes gens de France ; vous irez voir le phare. Il vous montrera un grand chemin que, sans doute, vous ne soupçonnez pas , et peut-être alors comprendrez-vous !
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Videos de Albert Londres (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Londres
Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006 Tout public, à partir de 10 ans
« Lumières pour enfants », c'était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu'il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l'a repris pour les Petites conférences qu'elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels. Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu'au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d'interrogations restant trop souvent sans réponses. La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d'une matière ou d'un domaine accepte de s'adresser à un public composé d'enfants mais aussi d'adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n'est question que d'éclairer, d'éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.
Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l'enfant timide, née à Paris d'une mère française et d'un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s'envole pour Téhéran, en 1997, c'est avec l'envie d'y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d'ouverture. Mais l'après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l'invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s'enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l'humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n'est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d'un grand complot, mais un témoin d'exception, porteur de lumière, même au coeur de l'obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d'État et conflits.
À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. Delphine Minoui, L'alphabet du silence, l'Iconoclaste, 2023 Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017 Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015
Conception et programmation : Gilberte Tsaï – Production : l'Équipée.
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