AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


J'avais imaginé quelques belles formules. Aïe, aïe, aïe, pas notées... Elles s'en sont allées en ritournelles, je le crains. Pourtant, le sens de la formule, la signature d'un bon journaliste, comme l'était en son temps Albert Londres. Sûr il l'était, pour se faire commanditer en 1926 cette série d'articles par le Petit Parisien, avec en tête de les étoffer pour les relier en un petit ouvrage de juste cent pages.

Aussi je sais que dans Marseille doit se languir de voir paraître cette chronique, cette amie qui m'a offert le 22 mars à Bruxelles Marseille Porte du Sud. "A-t-il aimé ? Il traîne, c'est mauvais signe." Comment expliquer ? M'est venue en tête, l'idée de lire maximum un chapitre par jour, comme si l'on m'apportait le journal. Une idée de gourmet, plutôt que d'avaler le tout goulument. Et encore, hors de question de ne pas le lire dans un endroit plaisant, propice à l'évasion. Respecter les marées de mes envies.

Le sais-tu Nadia, j'ai déjà vu Marseille. Et même mangé une bouillabaisse au port. Que je me souvienne les dockers étaient en grève. Mais je ne peux prétendre connaître Marseille. Je n'y ai même pas passé une nuit. Je ne l'avais pas jusque là touchée du doigt cette grande roulette où beaucoup joue le sort de toute leur vie qu'ils accostent ou qu'ils larguent définitivement les amarres.
"Et les gens rêvent !
Cela doit faire une étonnante somme de rêves que tous les rêves qui se poursuivent ici." p.95

Tu veux que je te dise ? le Marseille d'Albert Londres n'a jamais existé et pourtant existera toujours. J'ai beaucoup voyagé, c'est vrai, mais je ne suis jamais parti. Je ne suis pas de ceux que Mr Londres a côtoyés et si bien décrits. Je n'ai jamais porté un ailleurs meilleur à découvrir à tout prix, quels qu'en soient les risques. Je suis de ceux qui pensent qu'il est à bâtir ici et maintenant. Dans 'Des racines et des ailes', je serais côté racines. "Dans un café de la Cannebière, il est trois tables de marbre..." p.63 J'y serais mal venu.

Il n'empêche que j'ai une admiration sans borne pour Jacques Brel qui parti pour un tour du monde, le poumon en feu, ou pour Olivier de Kersauson dont l'ailleurs est la mer elle-même, mauvais exemples, je sais ils ne partirent pas de Marseille. Mais alors peut-être Alexandre Yersin qui d'abord médecin, chercheur s'embarqua comme officier médecin de la marine, puis l'Indochine où il s'établit définitivement après avoir découvert le bacille de la peste et élaboré un vaccin contre cette terrible maladie... "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger" écrivait-il. Faute de rêver à cet ailleurs, j'ai donc rêvé à ceux qui en rêvaient.

Parfois le style est porté par un lyrisme suranné : "Cette ville est une leçon. L'indifférence coupable des contemporains ne la désarme pas . Attentive, elle écoute la voix du vaste monde et, forte de son expérience, elle engage, en notre nom, la conversation avec la terre entière." p.100 Puisse cette leçon être pleinement comprise, Marseille rester terre d'accueil alors que les loups gris semblent vouloir réinvestir la ville.

Donc tu l'auras compris, j'ai aimé.
Juste cent pages, non point. Cent pages justes ! Cela fait une sacré différence. Encore, merci Nadia. Tu n'aurais pu mieux choisir.
Et si jamais je venais à passer à Marseille, je te demanderais de m'emmener voir le phare et me raconter son histoire. Après nous pourrions parcourir les docks et regarder les bateaux.
En attendant : Tais-toi Marseille ! :-)
https://www.youtube.com/watch?v=5zx8KHllp_8
Commenter  J’apprécie          3610



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}