Une narratrice qui annonce ses 48 ans dès la première page (quoi, mais c'est mon âge !), son rapport compliqué à l'écriture (quoi, mais c'est moi !)... un titre qui évoque malgré tout la nécessité d'écrire (les connaisseurs auront reconnu la citation de
Pessoa, mise en exergue du livre : "J'écris
parce que la vie ne suffit pas") : il n'en fallait pas plus pour me donner terriblement envie de lire ce livre. J'ai bien fait : c'est une excellente surprise.
Toute sa construction repose sur une mise en abyme : à l'approche de la cinquantaine, une blogueuse qui ne dépasse jamais la rédaction de quatrièmes de couverture se confronte à son désir d'écriture pendant une résidence d'une semaine, au cours de laquelle elle finira par écrire un livre... qui pourrait être celui qu'on lit et qui raconte cette résidence, puisqu'il est écrit par
Nathalie Longevial, blogueuse proche de la cinquantaine, qui signe là son premier roman. J'aime beaucoup cette structure, qui a des prédécesseurs plus que prestigieux : pour ne citer que ceux que j'ai adorés, Les Faux-monnayeurs (au cours duquel Edouard écrit un livre intitulé justement Les faux-monnayeurs) ou encore La vérité sur l'affaire Harry Québert (deuxième roman de l'auteur, au cours duquel Marcus peine justement à écrire son deuxième roman). La différence est que l'écriture du livre est le thème principal, et que l'auteure décortique les errements, les doutes, les essais-erreurs par lesquels tout apprenti écrivain est passé.
Le livre est centré sur Marie, mais Jacques est l'autre personnage principal : les chapitres à la première personne racontent l'histoire tantôt du point de vue de Marie, tantôt de celui de Jacques, écrivain arrivé trop haut trop tôt, dont l'histoire s'est bloquée en même temps qu'une histoire d'amour, et qui va - peut-être - jouer sa renaissance pendant cette semaine de résidence. Cette manière de faire porter la voix du désir d'écrire par plusieurs personnages qui se complètent, se contredisent, se blessent et se réconcilient, permet au lecteur d'assister à une mise en scène de ses propres contradictions : c'est très riche.
J'ai lu le livre avec passion, comme s'il me donnait enfin l'occasion d'entrer dans la tête des autres écrivains et de me mettre au clair dans la mienne... J'ai également adoré que l'auteure mette en évidence l'idée que 50 ans, c'est le bon moment pour réaliser ses rêves. Inutile d'ajouter que je ne pourrais pas être plus d'accord avec elle !