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EAN : 9782369144083
160 pages
Libretto (07/06/2018)
3.66/5   87 notes
Résumé :
Introduction de Aline Tallet-Bonvalot (9)
Daphnis et Chloé (39)
Héro et Léandre (129)
Notes (145)
Que lire après Daphnis et ChloéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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A l'époque de Longus, il ne faisait aucun doute que les animaux ne faisaient pas des parents moins recommandables que les autres. Ainsi, Daphnis et Chloé, chacun de leur côté, furent protégés et nourris respectivement par une chèvre et par une brebis. A une semaine d'intervalle, Daphnis le premier fut découvert par un couple de chevriers, puis Chloé par un couple de bergers. Elevés à proximité l'un de l'autre, les deux enfants grandissent ensemble dans un cadre pastoral idyllique, proche d'une nature qui ne ressemble à rien que nous ne pouvons aujourd'hui imaginer. Confrontés l'un à l'autre dans ces landes d'innocence, ils découvriront les premières manifestations du sentiment amoureux, qu'ils auront bien du mal à qualifier comme tel.

Daphnis et Chloé est désarmant à plusieurs égards. Il offre à première vue une apparence d'extrême simplicité, qui frôle souvent la naïveté. Les jeunes personnages, n'ayant jamais connu autre chose que le milieu pastoral au sein duquel ils ont grandi, ne connaissent rien des sentiments humains et, bien qu'ils ne soient pas épargnés par leurs manifestations, il leur est impossible de les désigner par leur nom. Culmine pour eux le mystère du sentiment amoureux, qu'ils conçoivent peu à peu l'un pour l'autre sans qu'il ne leur évoque rien. Vierges de toute représentation antérieure de ce sentiment, ils l'abordent avec une innocence entière –et souvent drôle car Daphnis et Chloé n'ont pas d'autre objet de comparaison que celui que leur offrent les éléments de la nature : moutons, brebis, coqs et poules… Ce qui amène les personnages à une crudité des actes et des propos d'autant plus jubilatoire qu'on ne l'aurait pas associé à l'innocence qui les caractérise d'autre part.

« Mon bonheur serait d'être changé en chèvre et de manger herbe et feuilles, tout en écoutant la syrinx de Daphnis devenu mon berger. »

Pour ne pas les laisser en proie à la torture d'un sentiment qu'ils ne comprennent pas, de nombreux personnages secondaires viendront s'immiscer dans la sphère de leur couple, extrayant chaque membre du duo suivant des schémas symétriques. Cette extrême géométrisation des intrigues est surprenante car elle semble laisser peu de place à l'improvisation ou au hasard, ce que la multiplication des références mythologiques vient confirmer. Malgré une myriade de personnages flamboyants aux individualités marquées, malgré la profusion et la richesse de leurs particularités, leurs interventions semblent relever de la seule nécessité d'instruire Daphnis et Chloé.

Pour toutes ces raisons, Daphnis et Chloé est un récit surprenant. Construit sur une mécanique rigide, il permet pourtant à la fantaisie de se déployer à travers une succession de personnages bigarrés, de chansons, de danses et de musiques. L'univers regorge de vie et constitue une ode à la nature et à la simplicité des moeurs. Enfin, le récit joue à un double niveau avec le lecteur. Alors que nous sommes gavés des variations infinies qui existent autour du thème du sentiment amoureux, Daphnis et Chloé nous offre une seconde jeunesse et nous permet de redécouvrir les balbutiements de ce mythe que nous appelons maintenant le « sentiment amoureux ».
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Roman classique, littérature de l'antiquité grecque. Divisé en quatre livres (chapitres) cette histoire d'amour est très bucolique et offre péripéties et rebondissements. Entre offrandes aux dieux et aux nymphes, libations, travaux des champs, le lecteur découvre la vie d'un chevrier et d'une bergère, couvés par Eros.
Très agréable. Belle découverte effectuée grâce à une boite à livres.
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Un très bon ouvrage qui montre que les grecs aimaient aussi les récits grivois. On connaît les mythologies de la Grèce ancienne, mais on connaît moins ses pastorales. Daphnis et Chloé est une sorte de roman d'initiation à l'amour et à l'aventure. Un bon souvenir de mes cours de grec ancien au lycée, même si on était peu habitués à ce genre de textes, venant des grecs !
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Un morceau de légende, de mythologie, pastorale, bucolique, naïve. Qui vaut surtout par cette traduction, transcription (de Amyot et Courier) qui donne un français, une langue si originale, et pour moi amusante. Qui ajoute au drolatique originel de cette histoire d'amour.
Clairement plutôt un livre comique qu'un livre d'apprentissage édifiant.
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Lu à l'occasion d'un cours un peu particulier sur le roman grec... C'est un embryon du genre romanesque, écrit durant l'Antiquité, genre tellement honteux à cette époque que peu connaissent son existence, et qu'il y était l'équivalent de la "littérature de bonnes femmes", comme on dirait de nos jours.

Il est donc structuré en alternance de péripéties abracadabrantesques et aberrantes en tous genres, attaques de pirates... Toutefois, il a aussi son charme. Malgré sa maladresse, son idylle pastorale est plutôt rafraîchissante et touchante, sans atteindre, là encore, des sommets. On se plaît à vivre cette histoire, au milieu de cette campagne...
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
[…] elle lui demanda ce qu’il y avait de plus fort que de se donner des baisers, de se serrer dans les bras et même de s’étendre. Que pensait-il faire lorsqu’ils seraient l’un contre l’autre tout nus ? « Ce que font, dit-il, les béliers aux brebis et les boucs aux chèvres. Tu vois qu’après cet acte elles ne les fuient plus et qu’eux ne se fatiguent pas à les poursuivre ; comme s’ils avaient enfin assouvi une jouissance commune, ils restent ensemble à paître. Cet acte est agréable, semble-t-il, et il calme l’irritation de l’amour. – Mais alors tu ne vois pas, cher Daphnis, que, lorsqu’il s’agit des chèvres et des boucs, des béliers et des brebis, les mâles font cela debout et que les femelles se laissent faire debout : ils leur ont sauté dessus et elles les ont reçus sur leur dos. Toi, au contraire, tu veux que je me couche conter toi et que je sois toute nue. Or ces bêtes-là portent une toison autrement épaisse que mes habits. » Daphnis se laisse convaincre et, allongé contre elle, il reste là longtemps, puis, ne sachant pas réaliser ce dont il a grande envie, il la fait mettre debout et, en la pressant par-derrière, il imite les boucs. Mais comme il se trouve encore plus dans l’embarras, il s’assied et se met à pleurer, en voyant que, pour faire l’amour, il en sait moins qu’un bélier.
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Désormais l'automne battait son plein et, à l'approche de la vendange, tout le monde à la campagne était à l'ouvrage : l'un mettait en état des pressoirs, l'autre nettoyait des jarres, l'autre tressait des hottes. Il y en avait qui cherchaient une serpette pour la coupe de la grappe, d'autres une pierre assez forte pour exprimer le jus des grappes, d'autres de l'osier sec bien battu pour servir à éclairer pendant la nuit le transport du moût. Daphnis et Chloé ne s'occupaient donc plus des chèvres et des moutons et se prêtaient main-forte. Lui, portait du raisin dans des hottes, le jetait dans les pressoirs où il le foulait, puis transférait le vin dans les jarres. Elle, préparait le repas des vendangeurs, leur versait à boire du vin d'antan et vendangeait les branches les plus basses des vignes. C'est qu'à Lesbos toute la vigne est basse. Elle ne monte point, ne grimpe pas aux arbres ; elle laisse tomber ses pampres et s'étale comme du lierre : un enfant en atteindrait les grappes, sitôt ses mains dégagées des langes.
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« Hélas, mes roses, comme elles ont été détruites, hélas, mes violettes, comme elles ont été piétinées, hélas, mes jacinthes et mes narcisses qu’un scélérat m’a déterrés ! Viendra le printemps, et ces fleurs ne fleuriront pas ; ce sera l’été, et elles ne s’épanouiront pas, un autre automne, et elles ne feront de couronnes pour personne. Et toi, Dionysos, mon maître, tu n’as pas non plus pris en pitié ces malheureuses fleurs, dont tu étais voisin, que tu voyais, et dont j’étais heureux de te couronner si souvent.
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C’était le début du printemps : toutes les fleurs s’épanouissaient, aussi bien dans les bosquets de chênes et les prés que sur les collines. Déjà bourdonnaient les abeilles, se faisaient entendre les oiseaux chanteurs et bondissaient les jeunes bêtes. Les agneaux sautaient sur les collines, les abeilles bourdonnaient dans les prés et les oiseaux faisaient chanter les buissons. Dans cette joie de toute la nature, naïfs et jeunes qu’ils étaient, ils imitaient ce qu’ils entendaient et voyaient : en entendant les oiseaux chanter ils chantaient, en voyant les agneaux bondir ils sautaient lestement et, voulant imiter les abeilles, ils cueillaient des fleurs, pour les jeter dans le creux de leur vêtement, ou peur s’en tresser des couronnes qu’ils apportaient aux Nymphes.
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[…] ils se lavent, mangent, boivent, puis font un tour pour chercher des fruits mûrs. Or il y en avait une grande abondance, car c’était le moment de la pleine production : beaucoup de poires sauvages, beaucoup de poires des jardins, beaucoup de pommes, les unes étaient déjà tombées, les autres restaient encore sur l’arbre ; celles qui étaient par terre étaient plus parfumées, celles sur les branches plus fraîches : les unes dégageaient un parfum de vin, les autres brillaient comme de l’or. Un pommier avait déjà été cueilli. Il n’avait plus ni fruit ni feuille ; toutes les branches étaient nues. Tout en haut des plus hautes une seule pomme mûrissait, grosse et belle, dont le parfum l’emportait sur toutes les autres. En les cueillant on n’avait pas osé grimper jusque-là et on ne s’était pas soucié de la prendre. Sans doute une aussi belle pomme était-elle réservée à un berger amoureux.
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