Ce gros bouquin propose de suivre les soixante années d'existence de Brassens quasiment mois par mois, grâce, notamment aux agendas du chanteur. Cela présente évidemment un côté fastidieux, notamment quand il égrène la litanie des villes où s'est produit le bonhomme (aucune ne nous est épargnée), mais l'exercice permet d'accéder à une connaissance intime du personnage, avec ses nombreux bons côtés, mais aussi sa face plus sombre, paradoxalement révélée, de mon point de vue, par l'évocation de son militantisme à la fédération anarchiste. En refermant l'ouvrage, le sentiment dominant reste évidemment l'admiration portée à cet immense artiste qui a bercé mes jeunes années. Lecture néanmoins réservée aux fans hardcore du grand Georges.
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Tu penses bien que si je croyais à l'efficacité, j'en ferais des chansons. Si je ne le fais pas, c'est que, d'abord, je ne me crois pas le droit de dire aux gens : "Ceci est bien, ceci est mal", parce que je ne le sais pas tellement moi-même. Et ensuite, sur le plan de l'esthétique, moi, je ne suis ni un philosophe, ni un sociologue. Je fais des chansons. Je suis un poète mineur, mais un poète quand même, un faiseur de chansons. Je traduis mes émotions. Et puis, je pense, pour en revenir à l'efficacité, que l'on peut être efficace en étant indirect.
Au journaliste qui lui reproche de se retrancher trop souvent dans sa tour d'ivoire, Brassens répond : "On est tous dans notre tour d'ivoire. Je ne connais pas beaucoup de gens sympas, même chez les anars, alors je préfère les bouquins ou les murs de ma tour."
Hélas, il n'est pas simple de "placer" des chansons. Brassens l'apprend à ses dépens : "On ne place pas une chanson comme une maison, une police d'assurance ou un trait d'esprit. Mille auteurs de conneries attendent leur tour dans cette foire où celui qui braille le plus fort est celui qu'on entend le mieux."