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EAN : 9782915920666
100 pages
Warum (26/01/2012)
3.13/5   19 notes
Résumé :
Le Livre des Nuages raconte le séjour de deux ans de Tatiana, une jeune méxicaine qui s'exile à Berlin.

A travers les rencontres et les expériences qui émaillent le séjour du quotidien de la jeune fille, on découvre Berlin, une ville où le passé se mélange étrangement au présent.

Solitaire, loin des siens, Tatiana en chaîne les petits boulots jusqu'à travailler pour Herr Weiss, un vieil universitaire qui étudie la "mémoire des lieux". <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Août 1986. Tatiana, une jeune mexicaine, participe à un voyage d'étudiants et est particulièrement saisie par l'ambiance de Berlin. Un soir où elle assiste à une manifestation de protestation contre le mur qui scinde la ville en deux, elle sent l'ombre d'un passé de terreur s'étendre sur les lieux, en voyant Hitler dans les traits d'une vieille femme assise dans le métro…
Trois ans plus tard, le mur tombe. Tatiana grandit…et plus de vingt ans plus tard, c'est justement à Berlin qu'elle s'est installée après avoir obtenu une bourse d'études.

Août 2007. Depuis cinq ans, Tatiana se perd dans la grande ville où elle n'a jamais noué d'attaches solides, vivotant de petits boulots alimentaires, égrenant les jours quelquefois avec un compagnon, le plus souvent seule.
C'est alors qu'elle fait la connaissance d'une vague relation de ses parents, le Docteur Weiss. Celui-ci cherche une secrétaire pour retranscrire sur papier des centaines d'heures de pensées et de réflexion enregistrées sur des cassettes audio.
Ce nouveau travail aux côtés du Docteur Weiss lui offre l'occasion de connaître Jonas Krantz, un météorologue, originaire de Berlin-Est avec qui le courant semble bien passer…
Mais l'écoute des théories du professeur, fait aussi resurgir l'impression particulière qu'elle avait ressentie au contact de la ville durant son voyage d'adolescente… Car Weiss est intimement persuadé que « les lieux adhèrent à leur passé » et que ce passé terrible de Berlin résonne encore dans les choses et les objets, au détour d'une place ou d'une rue, dans les sous-sols ou dans certaines habitations. Selon lui, l'horreur est gravée à jamais dans la pierre et dans l'atmosphère même de la ville.
Imaginative et sensible, Tatiana est de plus en plus perturbée par cette résonnance d'autrefois dont elle perçoit les mystérieuses vibrations.

Jeune illustratrice belge installée à Berlin, Fabienne Loodts a conçu l'adaptation graphique du premier roman de l'auteur mexicaine Chloé Aridjis, « le livre des nuages », salué par la critique et récompensé par le Prix du Premier Roman Etranger en 2009.
Au gré de ces belles planches illustrées, à la fois sombres et lumineuses, on ne peut que vérifier avec quelle force l'univers pictural de Fabienne Loodts colle parfaitement à la nature, tout en atmosphère et ambiance, tout en climat et turbulence, du récit de la romancière.
L'intensité qui se dégage de ce très beau roman graphique relève d'ailleurs largement des superbes illustrations de la jeune dessinatrice, car l'histoire en elle-même s'inscrit dans un fil narratif un peu trop décousu et elliptique pour se contenter de sa seule participation.
Non, ce qui est magnifique dans cet album, ce sont véritablement les dessins, déclinés en noir, gris et blanc et qui vous plongent aussitôt dans l'ambiance de Berlin, avec ces hauts immeubles, ses graffitis sur les murs, ses fantômes du passé qui semblent hanter irrévocablement les lieux et s'être collés dans toutes les zones de la cité comme de la suie sur le conduit d'une cheminée.

Fabienne Loods utilise une technique qu'elle apprécie particulièrement et qui est la marque première de son talent ; c'est la technique du monotype, un dessin sur lequel on passe une couche d'encre, puis qu'on retourne ; le dessin qui apparaît alors, imprimé par contact avec l'encre, offre un rendu cendré surprenant qu'il suffit juste de retoucher ça et là pour obtenir ces magnifiques illustrations qui ornent l'ouvrage du « Livre des nuages ».
Ailleurs, l'artiste s'est attachée à se servir tout simplement d'un crayon à papier, à la mine plus ou moins fine ou grasse selon l'effet voulu.
Et c'est un vrai moment de plaisir que d'admirer ces ombres qui s'étirent, ces visages expressifs animés par un petit côté naïf qui se transforment en oiseaux dans l'imaginaire de Tatiana, et surtout cette ville de Berlin, qui vit, qui respire et dans l'enceinte de laquelle on sent, comme un souffle glacial sur la nuque, tout un passé d'horreur, du nazisme à la guerre froide.
Et puis, il y a les nuages…la plus belle réussite de la dessinatrice ! Avoir l'impression d'être dans un ciel, brumeux, venteux, orageux ou clair, voilà ce que nous permet Fabienne Loodts avec ces camaïeux de gris pleins de poésie et de sensibilité.
L'effet de matière est donc le grand argument de ce beau roman graphique qui réussit à allier l'errance poétique au passé et à l'Histoire de la ville.
Il faudra bien sûr aimer le gris et les tons sombres pour apprécier pleinement cette oeuvre délicate qui joue davantage sur les sens que sur l'esprit. Mais quand même, c'est fou tout ce qu'on peut faire avec un crayon à papier !!
Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique spécial BD, merci à Babelio pour, cette fois encore, avoir permis la découverte de cette jeune artiste au potentiel énorme. A suivre donc…
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Comme son titre l'indique sans équivoque, il s'agit d'un bouquin sur la météo, sujet ô combien d'actualité.
Sauf que Tatiana n'a rien d'une Miss Météo de la chaine cryptée bien connue.
Sauf que Tatiana a un prénom russe, qu'elle est Mexicaine et qu'elle vit à Berlin.
Sauf que Tatiana, elle a des visions, elle entend des bruits, elle a un pied dans l'imaginaire et l'autre dans la vie, elle a la tête dans les nuages mais des yeux pour voir le monde.
Le roman de Chloé Aridjis garde toutes ses qualités d'écriture dans cette version en images de Fabienne Loodts. Les dessins, souvent sans textes, parlent avec talent de la météo intérieure de Tatiana, de ses émotions, de ses rêves, de son humeur, de ses désirs et de ses peurs. L'imaginaire ordinaire ou fantastique tient une grande place dans ce récit, ce qui crée un climat étrange et prenant.
Une couverture qui m'a séduite et qui donne le ton de l'histoire, un dessin qui n'est ni naïf, ni précieux, ni tape à l'oeil, mais qui mérite que le lecteur s'y attarde.
PS: surtout ne lisez pas les autres critiques qui vous racontent à l'avance tout le scénario!
Bouquin déniché au rayon BD de ma bibli mais qui a toutes les qualités d'un vrai roman mis en scène par un crayon habile et subtil. Bref, j'ai bien aimé,voilà.
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"Le livre des nuages" est un roman graphique adapté par Fabienne Loodts du livre éponyme de Chloé Aridjis ayant reçu le prix du Premier Roman étranger en 2009.

C'est en août 1986, à l'occasion d'un voyage familial et alors que le mur sépare encore la ville en deux entités bien distinctes, que Chloé découvre la ville de Berlin.
Elle est même d'ailleurs persuadée d'avoir aperçu Hitler dans le métro sous les traits d'une vieille femme.
Puis, c'est à l'occasion d'une bourse universitaire que Tatiana va retourner à Berlin : "La première année, je m'égarai dans une sorte de mue, à l'image de la ville. Peu à peu, les nuits se sont mêlées au jour.", pour finalement s'y installer quelques années.
En août 2007, Tatiana est une trentenaire vivant seule, enchaînant les petits boulots jusqu'à cette période de vache maigre qui va la conduire à travailler pour Herr Weiss, un vieil universitaire dont elle va retranscrire sous forme de notes les enregistrements sonores, sa mémoire du passé et des lieux de Berlin : "Ce serait presqu'aussi révoltant que ce qu'ils ont fait avec la villa où s'est tenue la conférence de Wansee. Pendant trente-six ans après la guerre, cette villa a servi de foyer pour les enfants de la ville. Imaginez le genre d'énergie qu'ont absorbée ces enfants en jouant dans la pièce où la solution finale avait été exposée. Ou en nageant dans les eaux souillées du lac donnant sur le jardin ...".

Si la ville de Berlin est au coeur de ce roman graphique, elle l'a aussi été au cours de sa conception puisque Fabienne Loodts est partie s'y installer et qu'il y a été réalisé en utilisant la technique du contretype, ce qui lui donne cet aspect poussiéreux.
Résultat, il se dégage une ambiance forte de ce livre, que ce soit au niveau de la représentation de Berlin mais également pour le lecteur, c'est en tout cas ce que j'ai ressenti au cours de ma lecture : la sensation de basculer dans une autre ville, un Berlin moderne mais encore fortement marqué par son passé : le régime nazi et le mur qui a séparé la ville en deux entités est et ouest pendant 28 années.
Cette séparation entre deux mondes diamétralement opposés est d'ailleurs magnifiquement représentée sous la forme d'un coeur, avec une partie saine et claire, la RFA, et une autre malade et grise, la RDA.
C'est un Berlin quelque peu fantasmagorique qui est d'ailleurs montré, mêlant indistinctement le passé et le présent, des lieux sombres et chargés d'une terrible histoire, des personnages hors du temps, des apparitions, des fantômes qui peuplent des appartements, un peu à l'image des stations de métro fantômes de Berlin Est, avec au milieu une Tatiana qui vit et qui ressent tout ce passé.
C'est un aspect du livre que j'ai beaucoup apprécié, cela bouscule les codes traditionnels jusqu'à frôler la ligne entre la raison et la folie, ce sentiment est de surcroît appuyé par le graphisme en noir et blanc.
Il n'y a aucune couleur pourtant les dessins ont une vie et une forme de couleur bien à eux, tout comme la ville de Berlin qui est omniprésente et qui impose au lecteur sa présence grâce aux traits de crayon de Fabienne Loodts.
A côté de la noirceur de la ville, il y a aussi un côté enchanteur amené par le personnage d'un jeune météorologue ayant passé toute sa jeunesse dans Berlin Est.
Ce dernier est fasciné par les nuages, il l'a d'ailleurs été dès son plus jeune âge : "Quand j'étais petit, l'observation du ciel était la seule chose qui me donnait un sentiment de liberté ... J'adorais prédire ce qui qui allait venir.[...] J'imaginais que j'avais un jardin de nuages que je nourrissais chaque jour. Et quand les nuages étaient grands et forts, je les détachais de leurs racines ... et les laissais s'envoler dans le ciel.", il vient contrebalancer le personnage de Tatiana et amène un autre regard sur l'histoire.
Finalement, la place de personnage principal de l'histoire balance entre Berlin et les nuages.
"Vous savez, une existence entière pourrait se réduire à ça, monter doucement rejoindre un banc de nuages, se fondre dans le lent troupeau ... et, en quelques instants, sans avoir laissé la moindre empreinte sur le monde, rendre à l'atmosphère les éléments brièvement empruntés.", je ne sais pas si finalement Tatiana laissera son empreinte sur le monde, mais elle choisit à la fin de quitter Berlin pour retourner auprès des siens, tournant ainsi une page de sa vie et quittant le lent troupeau berlinois pour retrouver le Mexique.

Au final, j'ai surtout été marquée par les dessins de Fabienne Loodts qui sont extrêmement beaux, j'ai ainsi pu découvrir une jeune illustratrice prometteuse.
Quant à l'histoire, elle est par moment trop elliptique pour captiver totalement le lecteur et se retrouve reléguer au second plan tant la splendeur des dessins, ceux de Berlin et des nuages en tête, l'emporte sur le reste.
"Le livre des nuages" est un beau roman graphique sur fond d'une riche palette de noir/blanc/gris mêlant passé et présent, douleur et bonheur, noirceur et luminosité, en conclusion, une belle découverte.

Je remercie Babelio et les éditions Warum pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Du noir, du noir et encore du noir. Tout est noir dans cette BD. Les bulles sont en noir et blanc majorité de noir, les textes nous parlent d'une ville où le passé, l'histoire sont omniprésents où il ne fait pas bon vivre quand on vient d'ailleurs. Tatiana, mexicaine est arrivée à Berlin avec une bourse d'études .Elle y était déjà venue enfant avant la chute du mur. Elle y est revenue bien après. Elle y vivote sans véritable ami, vivant chichement jusqu'au jour où elle trouve un job chez le Pr Weiss, historien berlinois. Il s'agit pour elle de retranscrire des cassettes enregistrées par le Pr Weiss où il traite encore et toujours de l'histoire de Berlin. Tatiana broie du noir, n'arrive pas à trouver le sommeil, désespère un peu plus chaque jour .Heureusement sa rencontre avec Jonas le météorologue qui passe sa vie dans les nuages lui apporte un peu de réconfort mais cela sera-t-il suffisant pour la retenir loin des siens ?
Une BD désespérément triste, le trait de crayon est bien maitrisé et si en fermant ce livre en n'ayant plus mais alors plus du tout envie d'aller à Berlin pour le moment la faute en revient sûrement à Fabienne Loodts et à son coup de crayon .
Noir c'est noir il n'y a plus d'espoir…..
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En août 2006, Tatiana, une adolescente mexicaine, passe quelques jours à Berlin. le mur se dresse devant elle. Des kilomètres de ramparts séparent la capitale en deux, telle une balafre. L'esprit de la jeune fille se trouble ; à bord d'un train, elle croit apercevoir Hitler sous les traits d'une vieille dame.
Alors trentenaire, Tatiana revient à Berlin et s'y installe, à la recherche de ce visage qui hante ses nuits d'insomnies... le mur est tombé depuis longtemps mais les fantômes n'ont pas quitté la ville. Des traces visibles de l'histoire passée à chaque coin de rue, des bruits inquiétants qui retentissent au-dessus de chez elle, Tatiana arpente Berlin de long en large, enchaînant les petits boulots et les petits amis, ne s'attachant jamais.
Un jour, le docteur Weiss lui propose de retranscrire des phrases enregistrées sur un dictaphone où il évoque l'histoire de Berlin, à travers des lieux marqués par des heures sombres. Grâce à lui, Tatiana fera la connaissance de Jonas, un jeune homme fasciné par les nuages.
Une déambulation dans une ville au passé lourd, des empreintes indélébiles, des interrogations aux réponses nébuleuses, un brouillard constant, un soupçon de fantastique et un peu de poésie, une illustration sombre, poussiéreuse et oppressante en osmose avec l'histoire racontée. Un très joli album graphique.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'étais petit, l'observation du ciel était la seule activité qui me donnait un sentiment de liberté (…). J'imaginais que j'avais un jardin de nuages que je nourrissais chaque jour. Et quand les nuages étaient grands et forts... je les détachais de leurs racines... et les laissaient s'envoler dans le ciel. (…) Une fois dans le ciel, cependant, le nuage devait accepter que sa vie serait éphémère. Vous savez une existence entière pourrait se réduire à ça, monter doucement rejoindre un banc de nuages, se fondre dans le lent troupeau... et, en quelques instants, sans avoir laissé la moindre empreinte dans le monde, rendre à l'atmosphère les éléments brièvement empruntés.
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Ce serait presqu'aussi révoltant que ce qu'ils ont fait avec la villa où s'est tenue la conférence de Wansee. Pendant trente-six ans après la guerre, cette villa a servi de foyer pour les enfants de la ville. Imaginez le genre d'énergie qu'ont absorbée ces enfants en jouant dans la pièce où la solution finale avait été exposée. Ou en nageant dans les eaux souillées du lac donnant sur le jardin ...
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La première année, je m'égarai dans une sorte de mue, à l'image de la ville. Peu à peu, les nuits se sont mêlées au jour.
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C'était un soir où les vestiges moraux de la ville remontaient à la surface et flottaient comme des débris de bois avant de couler de nouveau au fond de l'eau pour continuer à se fendre et pourrir.
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Les nuages offrent une compréhension du présent et surtout de l’avenir proche.
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