Quand j'étais petit, l'observation du ciel était la seule activité qui me donnait un sentiment de liberté (…). J'imaginais que j'avais un jardin de nuages que je nourrissais chaque jour. Et quand les nuages étaient grands et forts... je les détachais de leurs racines... et les laissaient s'envoler dans le ciel. (…) Une fois dans le ciel, cependant, le nuage devait accepter que sa vie serait éphémère. Vous savez une existence entière pourrait se réduire à ça, monter doucement rejoindre un banc de nuages, se fondre dans le lent troupeau... et, en quelques instants, sans avoir laissé la moindre empreinte dans le monde, rendre à l'atmosphère les éléments brièvement empruntés.
La première année, je m'égarai dans une sorte de mue, à l'image de la ville. Peu à peu, les nuits se sont mêlées au jour.
Les nuages offrent une compréhension du présent et surtout de l’avenir proche.
Ce serait presqu'aussi révoltant que ce qu'ils ont fait avec la villa où s'est tenue la conférence de Wansee. Pendant trente-six ans après la guerre, cette villa a servi de foyer pour les enfants de la ville. Imaginez le genre d'énergie qu'ont absorbée ces enfants en jouant dans la pièce où la solution finale avait été exposée. Ou en nageant dans les eaux souillées du lac donnant sur le jardin ...
C'était un soir où les vestiges moraux de la ville remontaient à la surface et flottaient comme des débris de bois avant de couler de nouveau au fond de l'eau pour continuer à se fendre et pourrir.
Peu à peu, les nuits se sont mêlés aux jours. Et à la fin de ma bourse, je me suis embarquée dans une longue série d'emplois.