Citations sur Il est déjà demain (16)
Le métis est un être ballotté entre plusieurs familles, qui appartient à trois tribus : celle de sa mère, celle de son père, celle des métis. »
« Les parents des métis sont des précurseurs qui piétinent les frontières.
Paroles du père Houang (prêtre né en Chine) à Henri Lopes : "Je dis souvent aux occidentaux, et à mes amis chrétiens, vous avez conçu le christianisme, mais c'est la Chine qui porte la croix du monde"
L’Afrique des jours d’enfance me rattrapait. Sans nos forêts denses, hautes, aux troncs musclés, aux branches et frondaisons entrelacées, aux sous-bois infestés de moustiques et d’insectes invisibles, mais une végétation de jardin avec sa symphonie de flamboyants, de jacarandas et d’autres fleurs sœurs que l’on ne m’avait pas appris à nommer. J’étais en pays de connaissance prêt à me laisser fondre dans un état de fusion originelle.
Je ne suis pas un congolais typique. Je l’ai dit ailleurs, je suis un SIF, un Sans Identité Fixe. Ce livre est précisément une tentative de réponse au flou de ma généalogie
La France nous a colonisés, mais c’est en France que nous nous sommes décolonisés.
En Afrique, mulâtre était un mot synonyme de métis, avec un contenu plus dépréciatif. Nirva m’expliqua que le vocable avait un autre sens aux Antilles, où le mot métis désorientait. Dans ces contrées où tout habitant était un sang-mêlé, mulâtre était un terme qui décrivait l’apparence physique : un nègre au teint clair, presque blanc, aux traits fins et aux cheveux lisses.
Les grands se disaient et se redisaient des anecdotes qui alimentaient les conversations et souvent les indigènes faisaient les frais de plaisanteries où ils mettaient en relief la sottise des nègres.
Je ne pense pas que les historiens garderont le souvenir de mon passage à la direction de mon pays. Il n’existe pas de lois Lopes, ni de réforme ou de plan que l’on puisse m’attribuer.
C'était au début de l'année 1968. L'indépendance avait huit ans, la révolution dite des Trois Glorieuses, cinq. L'organisation des postes de direction de la fonction publique était à l'ordre du jour. Il fallait nettoyer l'administration des restes de la colonisation. Dans l'esprit de certains, américanisation revêtait un sens plus étroit : co utilisation. J'avais trente ans, j'étais Directeur général de l'enseignement. Mon nom, ma peau claire me rendaient suspect. Je figurait sur une liste de hauts fonctionnaires d'"origine douteuse". Le gouvernement me demanda de justifier ma filiation.
Je me trouvai brusquement sans toit. Aveuglé par l’idéologie, j’avais considéré l’acquisition d’un bien privé comme un début d’embourgeoisement, un renoncement à mes idéaux, sans avoir pour autant une formule de substitution. En même temps, je me sentais responsable du sort de ma femme, qui n’était pas congolaise, et de celui de mes quatre enfants. Dans la précipitation, je m’attelai à trouver une solution pour ne pas mettre mon petit monde dans le besoin.