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Critique de Toscane57


Comme dans mes billets récents j'évoquais les affres subies par Nicolas Fouquet victime de l'ire de son cruel souverain acoquiné au perfide Colbert, il me revient en mémoire la pièce jubilatoire au style très maîtrisé, en alexandrins s'il vous plaît, de Fréderic Lordon : "D'un retournement l'autre", lue à sa sortie, c'est-à-dire au presque lendemain de la crise des subprimes, celle-ci restant d'actualité puisque les soubresauts financiers se faisaient encore sentir 3 ans plus tard.

Compte tenu que nos illustres banquiers n'avaient point vu le vent mauvais venir, et avides de profits rapides, pour ne pas dire expéditifs, se sont rués pour acheter ces fameux produits dérivés toxiques, (vous me pardonnerez l'oxymore). de fil en aiguilles ou de charybdes en scylla, nos éminences grises de la finance, se sont laissées berner en plaçant leurs actifs au mépris des règles prudentielles, c'est-à-dire celles visant à se protéger contre les risques mettant en péril leur santé financière. On parle de titrisation des crédits immobiliers, (les subprimes), vendus sous forme de produits dont on ne pouvait plus tracer l'origine, dits toxiques parce qu'ils n'ont plus aucune valeur quand les créanciers souhaitent les vendre.

Alors j'en arrive à la pièce de F. Lordon, économiste hétérodoxe assumé et philosophe, qui a eu l'excellente inspiration d'écrire cette pièce de théâtre pour moquer les acteurs de cette crise fâcheuse qui pourtant défendaient « l'efficience des marchés financiers ». Je vous laisse méditer ce terme hautement symbolique « efficience », qui signifie plus qu'efficace !

Cette « Comédie sérieuse » est une véritable réussite, drôle et savamment écrite, le choix de l'alexandrin renforce la satire, pour notre plus grand plaisir.

Alors pourquoi tout ce papotage ? Et quel rapport avec Fouquet ?

D'abord parce que lorsque j'enseignais l'économie en BTS et terminale, il a été fort difficile d'expliquer et faire comprendre aux élèves et étudiants le mécanisme des subprimes à l'origine de ce désastre financier.

Quant à l'analogie avec Nicolas Fouquet, il se trouve que le système financier complexe qui régnait à l'époque possède quelques similitudes puisque l'endettement de l'Etat était déjà inévitable, vu son train de vie exorbitant aggravé des coûts liés aux guerres.
Et les prêteurs appliquaient des taux d'intérêt parfois prohibitifs, le surintendant était loin d'être le seul à accabler, il a surtout servi de fusible pour épargner certains protégés.

Alors si vous souhaitez vous détendre à la lecture du comique de situation accompli par Frédéric Lordon avec talent, je vous encourage fortement à le lire.
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