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EAN : 9791030202922
300 pages
Fauves (26/09/2019)
2.83/5   3 notes
Résumé :
Le Cimarrón retrace la trajectoire de Charles Bedaux, homme d'affaires franco-américain qui a commencé souteneur à Pigalle, avant de devenir la cinquième fortune des Etats-Unis dans les années 20. Chantre de l'organisation scientifique du travail, il servit de modèle à Chaplin pour son film Les Temps Modernes . Prêts à tous les défis, il a conduit la Croisière blanche Citroën ou encore organisé le mariage du duc de Windsor dans son château de Touraine, déclaré annex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est en lisant l'ouvrage de Charles Glass, Les Américains à Paris : Vie et mort sous l'Occupation nazie, 1940-1944, que j'ai appris l'existence de Charles Bedaux, homme d'affaire franco-américain qui inspira à Chaplin son film Les Temps Modernes, et dont la personnalité plus que trouble est assez révélatrice de l'époque.
Récemment, à Tours, une avenue portant son nom a d'ailleurs été débaptisée, et porte désormais le nom de la Résistante Thérèse Voisin.

Bedaux, natif de Charenton-le-Pont commença sa carrière comme proxénète à Pigalle, se mit au vert aux Etats-Unis où il décida de relever les compteurs, non plus des arpenteuses de trottoir mais des ouvriers des usines, en mettant en place un système d'organisation « scientifique » du travail (d'où Les Temps Modernes de Charlot). Il fit fortune grâce à ses méthodes de « management », adoptées par des entreprises américaines (il conseilla Ford) et européennes (dont Fiat) , s'offrit le château de Candé, fréquenta le gratin de Hollywood et des Affaires. Menant grand train grâce à l'exploitation des autres, aventurier qui conduisit la Croisière Blanche d'André Citroën, il participa à des raids en Alaska, au Tibet…Ami du duc de Windsor, il organisa son mariage avec Wallis Simpson dans son château, ainsi qu'une rencontre en Allemagne avec Hitler et ses proches. Bedaux avait sympathisé dès les années 30 avec des pontes du Troisième Reich et s'était offert un chalet à Berchtesgaden près de celui de Hitler.

Car Bedaux avait déjà une personnalité assez ambigüe lors de la première guerre mondiale, où il fut soupçonné d'espionnage au profit des Allemands. Opportuniste, il poursuivit ses affaires avec l'Occupant pendant la seconde guerre mondiale (il était proche d'Otto Abetz), et avec le gouvernement de Vichy. Parti en Algérie pour superviser la construction d'un oléoduc, il fut arrêté par les Américains en 1944, envoyé à Miami, et retrouvé « suicidé » dans sa cellule, avant son procès.

Son parcours méritait bien un roman.
Dans le Cimarrón, Martin Loréal nous offre les Mémoires apocryphes de Charles Bedaux, qui sont aussi une politique fiction.
Exfiltré par Edgar J Hoover en personne, il aurait été envoyé à Cuba, pays ami gouverné par Battista, et c'est depuis l'île qu'il livre ses souvenirs à un journaliste curieux de connaître les moindres détails sur la vie de celui qui est devenu Don Carlos Jesus Suco, El Cimarrón, son nouveau surnom, tatoué sur son bras: « Camina, cimarrón con pezuñas de gavilán ».

Le récit , à la première personne, à peine entrecoupé par quelques questions du journaliste, revient sur les évènements marquants de son existence (mille fois plus nombreux que celle du commun des mortels), des années d'avant-guerre où il était demi-sel, aux années folles, de l'aventure américaine, à l'Occupation.
Bedaux se dit Résistant, membre du Schwarze Kapelle, l'Orchestre noir, jouant sur plusieurs tableaux, mangeant tous les râteliers, très cru avec les femmes (sa fortune n'a pu gommer sa vulgarité), bref, il se montre assez putassier.

Le roman se lit d'une traite, il est très dense, et riche de nombreuses références. Charles Bedaux y apparaît assez semblable à tous ces industriels américains (dont les pontes de la General Motors) , qui avant et pendant la guerre, firent de très bonnes affaires avec l'Allemagne nazie, dont ils partageaient aussi pour certains les idées.
Je remercie Fauves Editions pour l'envoi de ce livre, et d'un petit mot, reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Surprenant! Merci à Masse Critique et aux éditions Fauves de m'a voir fait découvrit ce récit et ce personnage haut en couleurs qu'était Charles Bedaux!
Pourtant un peu curieuse de tout ce qui touche l'histoire américaine, j'étais totalement passée à côté de ce personnage : né en France et élevé dans une famille assez pauvre, il fréquenta les trottoirs de Pigalle, et les Apaches, les bandes organisées de voyous de la Belle Époque, ce qui le poussa plus vite que prévu à prendre la poudre d'escampette ... vers les États-Unis. Esprit brillant qui conçut une sorte de taylorisme plus humain (une utopie socialiste selon lui dans laquelle le travail optimisé rapporte des dividendes également réparties entre tous les acteurs), il piocha à à peu près tus les râteliers, à condition de maintenir ses profits! Il fréquenta ainsi les nazis, Edward et Wallis, les américains, les français, les russes, les algériens, ...
Une vie très remplie, notamment par son amour des femmes (ou plutôt de leur corps car franchement il est loin de leur trouver des qualités intellectuelles!) et toutes les aventures aux quatre coins du monde, comme cette idée de rejoindre l'Alaska grâce aux voitures d'André Citroën!
Bref un récit biographique qui se lit comme un roman, avec la prouesse de l'auteur de nous replonger en même temps dans le phrasé, l'argot de l'époque.
Une lecture plaisante même si le personnage est plus qu'ambigu!
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Sur le fond, la vie de cet homme, Charles Bedaux, pourrait paraître exceptionnelle. Elle l'est dans une certaine mesure, mais c'est surtout une vie de voyou, de gredin, d'être sans foi ni loi. La fin justifie les moyens à un point intolérable - par exemple sur le commerce des femmes.
Sur la forme, il s'agit d'une sorte d'interview, l'interlocuteur intervenant peu, laissant pleine page au cimarron. La langue est argotique, presque fruste. Elle est sensée représenter l'époque et le milieu dans lequel évolue le héros; personnellement elle m'a indisposée - notamment quant il évoque les femmes.
Je ne veux pas paraître trop sévère; cette histoire exceptionnelle passionnera plus d'un lecteur. Je suis sans doute trop féministe pour en apprécier la saveur.
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