J'écoute la pluie
Dont les gouttes tombent une à une
J'écoute la pluie
Dont le bruit calme mon cœur
(Lys Gauty)
Nuits de pluie!
Tristesse inexorable
Qui pénètre le cœur
Dans la couche solitaire
(Nagai Kafu)
Triste sur l'oreiller
J'écoute la pluie
Caresser les feuilles,
Vous n'entendez pas
Tomber cette pluie,
Vous n'entendez plus
Mes larmes couler.
(Li Ts'ing-Tchao)
Les instants de l'adieu
Au-delà du brouillard
Brouillard plus profond
(Mitsuhashi Takajo)
Dans la philosophie confucéenne, le thé est l'apanage des êtres à la personnalité supérieure. Le thé, c'est un arôme mais aussi un rite, celui du recueillement en compagnie des nuages, de la rivière, des pins et du petit four de terre sur lequel on le prépare. La préparation du thé est l'acte initial de la méditation. Sa vapeur évoque l'élévation spirituelle. Dans les poèmes de méditation, le thé représente l'« état de repos et de concentration » avant, pendant et après l'accomplissement de l'éveil. Le thé, tout comme la pluie, une lune voilée ou un alcool tiède, se passe de mot, silencieux compagnon.
Chaque être est différent. Nous changeons aussi nous-mêmes au cours de notre vie, différents de ce que nous étions quelques années auparavant.
Il y a ceux qui font preuve d'un courage extraordinaire, ceux qui n'ont pas de patience et veulent tout immédiatement, ceux qui laissent tout tomber et se figent... Et puis il y a ceux qui ont la sagesse d'attendre que les choses passent. Les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Chacun traverse des épreuves. C'est notre humaine condition. Accepter la pluie, c'est accepter notre nature.
L'oisiveté coûte en réalité, très peu comme l'a démontré Thoreau dans Walden. Elle coûte bien moins cher que le luxe. Tout ce qu'il faut, c'est un tempérament d'artiste porté à rechercher les plaisirs inutiles. Mais de tels plaisir ne sont pas accessibles qu'à certains : ceux qui aiment la vie simple et ne veulent pas la perdre à la gagner. Pour jouir de l'existence, refusons-nous à en faire une routine monotone.
Foudre et tonnerre !
A chaque éclair
Le monde guérit
Issa
On demanda un jour à un vieux peintre combien de temps il avait mis pour peindre un bambou : "cinquante ans et cinq minutes", répondit il.
Pourquoi chercher dans un "ailleurs" illusoire le bonheur qui est en nous? Quelles que soient nos sensations confuses, cessons de faire ce que nous sommes en train de faire pour y prêter attention. Cessons de travailler, de courir, de pester contre le monde. Ecoutons ce qui murmure en nous. Décomposons et observons, pour nous abandonner ensuite à ces états secrets et mystérieux dont nous sommes imprégnés.