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Vilma Fritsch (Autre)
EAN : 9782080810205
285 pages
Flammarion (07/01/1993)
3.97/5   58 notes
Résumé :
Konrad Lorenz montre que l'agression n'a en elle-même rien de pathologique ou de mauvais, mais qu'elle est un instinct qui comme beaucoup d'autres aide à la survie des espèces. Mais si le comportement agressif peut être parfois exagéré jusqu'à devenir nuisible et manquer son but, l'évolution a toutefois "inventé" des mécanismes ingénieux pour diriger cette agressivité vers des voies inoffensives. Chez l'humain à qui manque malheureusement ce dispositif de sécurité, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre de ce livre est mauvais et Konrad Lorenz lui-même s'en plaignait. Il s'agit d'un travestissement du titre que lui-même avait donné et qui a été jugé " moins vendeur " par les éditeurs.
Ce titre original n'était pas L'Agression, mais L'Agressivité. L'auteur, au travers d'exemples et d'espèces qu'il a étudiés, oiseaux ou poissons, par exemple, essaie de s'interroger et de comprendre le rôle de l'agressivité dans le règne animal et finalement de répondre à la question : En quoi le mal est-il bon ?
Il démontre, à mon avis de manière efficace, que le " mal ", " l'attaque " et tout ce qui est généralement connoté négativement dans le code moral communément admis par l'espèce humaine n'est jamais gratuit, qu'il a souvent trait à l'attractivité sexuelle ou la défense d'une progéniture ou bien encore d'une ressource alimentaire limitée, bref, tout ce qui affecte la survie à court terme (alimentation, habitat, protection de sa propre intégrité physique) ou la survie à long terme (reproduction, protection de sa descendance).
Un livre particulièrement intéressant donc, malgré les années, qui reste une excellente introduction à l'éthologie par l'un de ses pères, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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À quoi sert l'agressivité ? Entre espèces différentes, on peut le comprendre : pour se nourrir ou se défendre contre les prédateurs. Au sein d'une même espèce, c'est déjà plus compliqué à comprendre. Surtout quand la survie de cette espèce se base sur une coopération étroite entre chacun de ses membres.

Cette agressivité semble pourtant très codifiée. J'ai pu le constater avec mon chat dernièrement : quand un autre chat est entré dans notre jardin, les deux se sont fait face, assis, sans bouger. Au bout de quelques secondes, l'intrus a décidé finalement de déguerpir. Ce n'est qu'après qu'il ait fait volte-face que le mien lui a couru après pour lui donner quelques coups de pattes bien placés. S'il y a clairement eu lutte de territoire, la violence en elle-même était très réduite, voire même purement symbolique.

C'est à toute cette problématique que répond Konrad Lorentz. À l'aide de beaucoup d'exemples tirés de plusieurs espèces (poissons, oies, singes, ...), il nous montre pourquoi la sélection naturelle a favorisé l'apparition de ces instincts d'agressivité, ainsi que l'apparition d'inhibitions sociales pour les neutraliser dans certaines situations (attaquer sa progéniture n'est jamais une bonne idée pour la survie de l'espèce, par exemple). J'ai pris un plaisir particulier à lire cet essai, puisqu'ayant vécu avec pas mal d'animaux (chats, moutons, chèvres, oies, poules, pigeons, dindes, pintades, ... une vraie basse-cour !), j'ai pu y retrouver beaucoup de situations qu'il décrit, ou inférer les explications pour d'autres.

J'ai également apprécié le côté didactique du livre : plutôt que de nous montrer directement les thèses finales, Konrad nous propose des situations à étudier, des hypothèses, et les conclusions qu'on peut en tirer. On voit aussi que l'humain est un animal comme les autres en lisant certaines scènes : difficile de ne pas se reconnaître dans la séduction ou le mariage chez les oies, par exemple.

L'ouvrage se termine sur une discussion sur l'instinct d'agressivité chez l'être humain, qui semble de plus en plus « dépassé » : il était utile lorsque des petites bandes d'individus se rencontraient par hasard, il devient gênant quand on vit dans des groupes de plusieurs millions d'individus. Si tenter de le supprimer définitivement est probablement voué à l'échec, il est cependant possible de le rediriger, vers le sport par exemple.

Un essai que je ne peux que conseiller : accessible, très agréable à lire (l'auteur a beaucoup d'humour) et un contenu qui ne manquera pas de vous faire réfléchir pendant longtemps.
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Parler de causes naturelles au comportement humain, comme on le fait du comportement animal, semble pour beaucoup une atteinte insupportable à leur tout puissant libre-arbitre, à la Liberté et à la Raison, une fourberie néolibérale voir carrément une justification du nazisme, ou une dégradation de l'homme, couronnement de la création crée à l'image de Dieu. Une sentence de César que j'adore – la sentence, pas le tyran – explique bien, selon moi, cette attitude : « Les hommes croient ce qu'ils désirent. » Évidement que l'homme ne se réduit pas à l'animal, mais il est tout aussi stupide de croire qu'il en est fondamentalement séparé et échappe complètement aux lois de la nature. L'homme : un animal singulier.

Bref, si les niaiseries dogmatiques que l'on peut entendre tous les jours pour expliquer la violence du style: c'est uniquement la faute de l'éducation, du capitalisme, du patriarcat, etc., vous laissent un peu dubitatif, vous trouverez dans cet essai matière à réflexion.

Mais je m'aperçois que je me suis laissé entraîner, seuls les deux derniers chapitres de ce livre concernent l'agressivité humaine. du reste, nature et culture sont intimement mêlés et le débat est bien trop complexe pour être jamais tranché. Si la petite partie concernant directement l'homme pourra en gêner certains, le reste de l'ouvrage, moins « polémique » car traitant de l'animal, ne peut que plaire à tous les esprits curieux.

Au-delà des fonctions positives de l'agressivité que chacun devine, ce que je trouve passionnant c'est l'étude des barrières que l'évolution a « inventé » pour en contrecarrer les effets négatifs et permettre le lien entre individus. Il semblerait d'ailleurs que le lien entre individus existe uniquement chez les animaux dont l'agressivité intraspécifique est très développée.

Loin d'être austère, Konrad Lorenz est très accessible, porté par l'étonnement et l'humour, absolument pas pontifiant et même modeste comme il sied à un bon scientifique, qui sait bien qu'il ne sait pas grand chose. L'agression : une histoire naturelle du mal est clairement un grand livre.







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Une livre qui m'a soufflé quand je l'ai lu.
Seuls 5 ou 6 livres m'ont fait ça.
On peut parler d'orgasme intellectuel.
L'éthologie (étude du comportement animal) faisait parfois arriver l'auteur à la philosophie avec quelques réflexions sur l'homme qu'il laisse au lecteur le soin de terminer.
"Wie tierisch der Mensch geblieben ist" (A quel point l'homme est resté un animal) est assez admis maintenant. Ce ne l'était sans doute pas au moment où le livre a été écrit.
Je n'ai pas lu Darwin, mais c'est clairement dans l'esprit, et peut-être comparable comme révolution.
Grand bouquin
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L'exploration de l'agressivité animale éclaire notre violence. Affleurant, la question du mal. Est-il dans la nature?
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Sur le grand arbre généalogique de tous les êtres vivants, plusieurs branches ou rameaux ont souvent trouvé, indépendamment et plusieurs fois, une même solution constructive particulièrement efficace. L'aile, par exemple, a été inventée successivement par les insectes, les poissons, les oiseaux et les chauves-souris. [...] Nous ne nous étonnerons donc pas outre mesure d'apprendre que les mécanismes de comportement dont le principe est la réorganisation ritualisée de l’agression se trouvent, sous une forme analogue, chez des espèces très différentes.
Voici, par exemple, le merveilleux cérémonial d'apaisement appelé en général la "danse" des grues et que, une fois le symbolisme de ses modes de mouvements compris, on est vraiment tenté de traduire en langage humain. L'un des oiseaux se dresse, haut et menaçant, devant un autre et déploie ses ailes puissantes, en pointant son bec vers lui et en le fixant de son regard aigu. Cela donne l'impression d'une menace sérieuse et, jusqu'à ce point, le geste d'apaisement ressemble à s'y méprendre à la préparation d'une attaque. Mais dans l'instant qui suit l'oiseau détourne de son vis-à-vis cette image terrifiante : en virant sur un angle de 180°, il lui présente maintenant, les ailes toujours déployées, sa nuque sans défense qui, comme on sait, s'orne chez la grue d’Europe et beaucoup d'autres espèces d'une très jolie petite calotte rubis. Pendant plusieurs secondes, l'oiseau "dansant" reste ostensiblement dans cette position, exprimant ainsi par un symbolisme compréhensible que sa menace d'attaque ne vise pas le partenaire, mais tout au contraire le méchant monde extérieur; le motif de la défense de l'ami y apparaît déjà en filigrane. Aussitôt, la grue se tourne de nouveau vers l'ami, répétant en face de lui les manifestations de se force et de sa vigueur, puis, en se détournant immédiatement de lui, elle simule – chose significative! – une attaque contre un quelconque objet de remplacement, de préférence une grue non amie se trouvant là par hasard, mais aussi bien une oie innocente et même, à la rigueur un bout de bois ou un caillou qu'elle saisit, dans ce cas, avec le bec et lance trois ou quatre fois en l'air. Tout cela exprime aussi clairement que des paroles humaines : " Je suis grand et terrible, mais pas contre toi, non, contre l'autre, cet autre-là."
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À elle seule, la raison peut tout au plus inventer des moyens pour réaliser des buts autrement fixés; elle ne peut nous donner ni des buts, ni des ordres. Abandonnée à elle-même, la raison ressemble à un ordinateur à qui on n'aurait donné aucune information digne d'intérêt, pouvant recevoir une réponse importante. Bien que toutes ses opérations puissent être logiquement justes, ce n'est là qu'un merveilleux système de rouages, sans moteur pour le faire fonctionner. La force motrice qui l'actionnerait, provient de mécanismes de comportement instinctif bien plus anciens que la raison, et qui ne sont pas directement accessible s à l'auto-observation rationnelle. C'est eux qui sont la source de l'amour et de l'amitié, de toute chaleur affective, de l'appréciation de la beauté, du besoin de création artistique, de l'insatiable curiosité aspirant à la connaissance scientifique. La dynamique de ces couches au plus profond de la personne humaine ne diffère pas beaucoup des instincts des animaux. Mais sur leur base, la culture humaine a édifié toute cette énorme superstructure des normes et des rites sociaux dont la fonction est si étroitement analogue à celle de la ritualisation phylogénétique. Qu'elles aient évolué par la phylogenèse ou par la culture, les normes de comportement représentent pour chaque être humain normal des motivations et sont ressenties par lui comme des valeurs. Elles sont imbriquées dans un système d'interactions immensément compliqué et d'autant plus difficile à analyser que la plupart des processus se déroulent dans le subconscient et ne sont point accessibles à l'auto-observation. Et pourtant il est indispensable de comprendre la dynamique de ce système, car seule la compréhension de la nature des valeurs nous offre quelque espoir de pouvoir jamais créer les nouvelles valeurs et les idéaux si terriblement nécessaires dans notre situation actuelle.
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Le premier obstacle est la ressemblance primitive du chimpanzé avec l'homme [...] le second obstacle qui s'oppose à la connaissance de nous-même est une certaine aversion sentimentale à admettre que nos propres faits et gestes puissent être causés par les lois de la nature. C'est ce que Bernhard Hassenstein appelle le "jugement de valeur anticausal" qui provient sans doute d'un besoin justifié de pouvoir vouloir librement et du désir de sentir que nos actes ne sont pas déterminés par des causes accidentelles, mais par des buts supérieurs [...] Un troisième grand obstacle à la connaissance de soi-même est l'héritage de la philosophie idéaliste : il provient d'une division du monde en un monde extérieur des choses, par principe de valeur neutre pour la pensée idéaliste, et en un monde intérieur de la pensée et de la raison humaine, le seul auquel soient attribuées des valeurs [...] Dans la pensée occidentale, il est devenu courant de considérer comme étranger au monde des valeurs tout ce qui peut être expliqué par les lois de la nature. Être scientifiquement explicable équivaut à une dévalorisation.
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L'iconoclaste se trompe en prenant la pompe du rite pour quelque chose de non seulement accidentel mais même nuisible, empêchant un véritable approfondissement de l'essence de la chose symbolisée. Parmi les fonctions communes au rite d'origine culturelle et à celui d'origine phylogénétique, une des plus importantes, sinon la plus importante, est que tous les deux agissent comme des pulsions autonomes et actives du comportement social. Pour que nous aimions tout ce qui nous est transmis par la tradition, il faut que tous ces détails pittoresques qui entourent une vieille coutume – comme la décoration de l'arbre de Noël et l'acte solennel d'allumer ses petites bougies – nous fassent plaisir. C'est de la chaleur de ce sentiment que dépend la fidélité que nous sommes capables de vouer au symbole et à tout ce qu'il représente.
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Comme nous le savons par le chapitre VIII, il y a des animaux qui ignorent complètement l'agression intraspécifique et qui vivent toute leur vie en bandes compactes. On pourrait croire de tels êtres prédestinés à l'amitié durable et à la solidarité fraternelle entre individus. Mais c'est précisément parmi ces paisibles animaux de troupeau que l'on observe jamais rien de tel. Leur solidarité a toujours un caractère absolument anonyme. Le lien personnel, l'amitié individuelle se trouvent UNIQUEMENT [Je mets en majuscules ce qui est en italique] chez des animaux dont l'agressivité intraspécifique est très développée. Le lien est même d'autant plus ferme que l'espèce est plus agressive; peu de poissons sont plus agressifs que les cichlides, peu d'oiseaux le sont plus que les oies; et le mammifère dont l'agressivité est proverbiale, la bestia senza pace de Dante, le loup, est le meilleur et le plus fidèle des amis. Chez des animaux qui, au gré des saisons sont alternativement ou territoriaux et agressifs, ou non agressifs et sociaux, le lien personnel éventuel se limite aux périodes d'agressivité.
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