Me voici de retour à Belvédère, village escarpé, qui domine le golfe de Valinco, vers le sud de la Corse. Des routes l'entourent : l'une va vers la plaine de Tavaria, l'autre à Campomoro, la troisième à Sartène. Dans ses jardins aux haies de myrtes, de ronces, de plantes grimpantes, se dressent des roseaux, des saules et des sureaux. Ses vignes, embaumées de fenouil, sont ombragées tout autour de figuiers, de grenadiers, de pêchers, de poiriers, de figuiers d'Inde; il y en a qui sont petites comme celle de Noé. Un sentier rocailleux vous conduit sous des oliviers séculaires, dans un vallon parfumé d'orangers, de cédrats; un autre, entre des buissons inextricables, descend vers une source primitive, sous des grands chênes, et jusqu'au bord de la mer; celui qui part de la fontaine, à l'entrée du village, monte vers des bois de chênes, et jusqu'au bord de la mer; celui qui part de la fontaine, à l'entrée du village, monte vers des bois de chênes, des rocs, des plateaux d'où coulent par des pentes abruptes des torrents bordés de peupliers, et d'énormes buissons enchevêtrés qu'empamprent en été, les vignes sauvages.
(L'histoire de Tégla)
La petite ville corse de Sartène baigne ses pieds dans un torrent que franchit l'arche unique d'un pont placé à l'entrée comme un pont-levis. Escarpée, elle garde dans sa vétusté singulière une austérité hautaine. Elle fut belliqueuse, féodale même; elle est très fière. On voit encore les vestiges des murailles qui la protégeaient au temps des invasions. Dès le pont, elle est bardée de rocs en falaise, où s'encastre un escalier aboutissant à des maisons, caduques et silencieuses, sur lesquelles semble veiller, à droite, une sorte d'échauguette en ruines, à l'angle d'un pan de mur herbu.
(La sirène bleue)