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Critique de Doralex72


C'était génial de vivre. C'est un si beau titre je trouve !
Vous connaissez sûrement son prénom et son nom, Marceline Loridan-Ivens. Et vous l'identifiez probablement aussi, ne serait-ce que par ses cheveux bouclés, épais et roux. Et pourtant, comme moi, peut-être ne connaissez-vous pas encore son histoire. Ce livre va vous y conduire.
David Teboul et Isabelle Weinstein-Steg ont pris le temps de la connaître, de la rencontrer et d'installer une relation de confiance. Tous les trois ont été suffisamment proches pour que Marceline Loridan-Ivens accepte de se livrer une dernière fois, au soir de sa vie, et se raconter.
Marceline Rozenberg est née en mars 1928 à Epinal. Elle est au centre de sa fratrie. Un frère et une soeur l'ont précédé, tous deux nés en Pologne d'où sont originaire ses parents. Elle est la première enfant du couple à naître en France. Il en sera de même de son petit frère et de sa petit soeur. Elle voue un amour profond à son père. Avec sa mère, les relations sont plus compliquées. Entre frères et soeurs, on s'aime mais on se chamaille. Les plus grands ont déjà quitté la maison familiale quand la guerre éclate. Les deux petits sont cachés. Seule Marceline continue à vivre avec ses parents, et avec deux soeurs qu'ils cachent. La famille vit dans la crainte d'une arrestation. Ils sont juifs, non pratiquants, et l'étau se resserre, inexorablement.
Quand ils sont arrêtés, la famille vit au Domaine de Gourdon, à Bollène dans le Vaucluse dans un château que le père a acheté quelques années plus tôt. Marceline a alors 15 ans.
Elle est envoyée, avec son père et les deux jeunes soeurs, à la prison des Baumettes à Marseille, puis à Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau.
Dans le convoi qui les envoie en Pologne, le n°71 du 13 avril 1944, elle y fera la rencontre de Simone Veil et de Ginette Kolinka. Son père ne reviendra pas.
C'est en enfer que Marceline arrive le 16 avril 1944. Triée, déshabillée, auscultée, habillée de fripes, elles sont mises au pas rapidement. La dureté du camp ne tarde pas à leur tomber dessus. Il va falloir tâcher de survivre coûte que coûte.
Elle raconte cela, la faim, la douleur, les coups, la survie, la mort. Comme elle le dit, elle « savait tout de la mort mais rien de l'amour ». Ce qu'elle vit, ce qu'elle voit, ce qu'elle fait, tout cela la marquera à vie. « On a l'âge de son trauma » dit-elle.
Elle, son trauma, c'est Birkenau, à quinze ans. Elle n'a jamais arrêté d'avoir quinze ans. Tout le reste, dit-elle encore, « c'est du rab ».
Car il y a cela aussi dans ce livre. Il y a le rab. le retour, la vie qui recommence, la famille qu'il faut retrouver, le quotidien qu'il faut réapprivoiser.
Je suis heureuse d'avoir lu ce récit et d'avoir découvert une femme forte. On ressent dans son témoignage le ressentiment qu'elle a envers certaines personnes. On imagine la difficulté de repartir de zéro, même à seulement 17 ans, vu ce qu'elle a vécu.
Si vous lisez ce livre, lisez aussi le témoignage de Ginette Kolinka, Retour à Birkenau, car les deux jeunes femmes ont vécu l'horreur ensemble.
Mention spéciale au graphisme du livre. La première de couverture montre quatre photos en couleur de Marceline Loridan-Ivens prises peu de temps avant sa mort. La quatrième de couverture montre huit photos d'elle, en noir et blanc, prises en 1961. Arrêtez-vous sur ces photos et admirez-la avant de la lire ou de la découvrir.
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