- Tu es un génie! hurla Séraphim en étreignant un Vassia légèrement embarrassé. Un génie génialissime!
- En effet; approuva Vassili. Et c'est dommage qu'on n'ait pas pensé plus tôt. Ma femme aurait pas eu à se pendre.
Comprenez, malheureux, que nous cherchons ailleurs quelque chose que nous pourrions avoir ici. Ici même, en Moldavie ! Nous pouvons nettoyer nous-mêmes nos maisons, refaire nous-mêmes nos routes. Nous pouvons tailler nos arbustes et cultiver nos champs. Nous pouvons cesser de médire, de nous saouler, de fainéanter. [...] Arrêter de truander ! Commencer à vivre honnêtement ! L'Italie, la véritable Italie se trouve en nous-mêmes ! (p.217/218)
Seraphim se faisait l'impression d'être un ver à pomme qui a enfin trouvé son fruit. (p.17)
Mais il fut bientôt envahi d'un sentiment d'allégresse provoqué par la sensation inoubliable de voler, avant de se désoler parce qu'il volait en fait à la rencontre de sa mort et qu'au-delà du trait qui la séparait de la vie, rien de mémorable ne vous attendait. En vieux Bolchévique, Koval le savait bien. (p.101)
Autrement dit, le glaive de l'Empereur Trajan n'avait jamais appartenu à l'empereur. (p.147)
Ils continuèrent donc à dégénérer puis à mourir.
Transformant ce faisant Eurograd en Moldavie. (p.232)
« Que Lupu, le président du Parlement, gouverne notre partie. Il est jeune, il se débrouillera, raisonnait toujours Voronine. De toute façon, aucun dirigeant de la Moldavie n’arrivera jamais à améliorer la vie de nos concitoyens. Ce pays est ensorcelé, voilà tout ! Qu’il aille au diable ! »
On n'a plus de force! s'exclama Postolaki, l'ancien président du kolkhoze. On bosse comme des damnés, on gratte la terre du matin au soir à la façon des lombrics, et qu'est ce qu'on y gagne? Que dalle! On voit jamais l'ombre d'un piécette.[...]
Cet endroit nous sort par les yeux! On est prêts à tout pour s'en aller! Mais comment faire? Expliquez nous!
Je mappelle Vladimir Lortchenkov et je ne conserve aucun souvenir de moi avant que je commence à écrire des livres.
Un jour, tout bétement, j'ai compris en me réveillant que jétais écrivain, et je me suis aperçu aussi que je vivais dans un pays fantasmagorique.
Ce pays, cest la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe, pays dont les habitants, d'après les chiffres de l'OMS, boivent plus de vin que partout ailleurs dans le monde.
Dans le ciel de ce pays, je vis passer des tracteurs volants et des oiseaux parlants. Pour dissimuler son émigration clandestine en Europe, le président de ce pays fit croire à sa disparition dans un Crash aérien. Pays de l'absurde et de l'amour, pays dont un habitant sur quatre a émigré, pays organisant une croisade moderne vers l'Europe. Moldavie..
Dans les eaux de ses fleuves, je vis des divinités aquatiques et, dans les arbres moldaves, des pendues sur lesquelles on faisait sécher des chapelets d'ail.
Si javais été François Villon, j'aurais composé La Ballade des pendus.
Comme je suis Vladimir Lortchenkov, jai écrit ce roman.
Des mille et une façons de quitter la Moldavie.
Quand le pays aura touché le fond, déclare la guerre à quelqu'un.