France, de nos jours.
Marie vit en maison de retraite. Son quotidien s'égrène tranquillement, baigné de rituels, de soins infirmiers, des visites de sa fille cadette. Marie perd la tête ; elle se réfugie de plus en plus dans ses souvenirs d'enfance, au point de ne plus parler en français. Elle communique désormais naturellement en espagnol, sa langue maternelle, et précise à qui veut l'entendre qu'elle se prénomme
Dolorès.
Ses proches s'étonnent. Personne ne lui connaissait des origines hispaniques d'ailleurs, personne ne connait réellement son passé. Sa fille décide donc de profiter de ses vacances pour partir sur les traces de sa mère. Direction l'Espagne.
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Seul aux commandes de cet album,
Bruno Loth (« Apprenti« , « Ouvrier« …) revient ici sur un thème et une période chers à son coeur : la guerre civile espagnole. Après Ermo, jeune orphelin qui était au coeur des événements, place à
Dolorès. D'ailleurs,
Dolorès est née grâce à Ermo… un travail de commande expliqué par
Bruno Loth en postface : « il y a deux ans,
Santiago Mendieta, de la revue Gibraltar, connaissant mon travail sur la guerre d'Espagne avec la série Ermo, me demandait de réaliser une BD en dix pages maximum sur le thème de la mémoire à vif ». L'impulsion de donner vie à
Dolorès était prise, l'auteur a eu ensuite l'envie d'étoffer ce personnage ainsi que le thème. Cette dernière incarne la peur du peuple espagnol face au régime franquiste et le choix, résigné, que beaucoup ont fait de fuir l'Espagne et cette guerre fratricide. le scénario se resserrera finalement sur la plage d'Alicante (1939).
Dans les deux oeuvres, on perçoit bien cette volonté de témoigner des événements qui ont animés l'Espagne au milieu du siècle dernier, comme un devoir de mémoire. Contrairement à « Ermo« , je n'ai pas ressenti le même degré d'affection et d'attentions de l'auteur à l'égard de ses personnages. Dans «
Dolorès« , les personnages principaux (
Dolorès et sa fille cadette) semblent n'être qu'un prétexte, une « porte d'entrée », qui permet d'aborder le fond du sujet.
La particularité de cet album est de pouvoir aborder dans un même temps deux périodes différentes : celle de l'Espagne franquiste et celle a fait notre actualité beaucoup plus récemment puisque
Bruno Loth suit les élections qui ont eu lieu en 2015 (l'auteur ne manque pas de faire des liens entre les deux périodes).
Concrètement, nous voilà face à un album didactique qui relève plus du documentaire ; peut-être d'ailleurs aurait-il été plus pertinent d'assumer pleinement cette part de recherches documentaires et de rester dans la pure veine du documentaire. On ressent un peu trop le fait que les personnages sont instrumentalisés aux besoins de la narration, même s'il y a ici une part d'autofiction : « Au printemps 2015, je partais vivre quelques mois à Madrid pour écrire la suite du récit de
Dolorès. Je me suis glissé dans la peau de mon personnage, la fille de
Dolorès, et ce sont mes propres rencontres qui ont structuré et enrichi le scénario initial » (
Bruno Loth).
Pour le reste, la présence de ces deux femmes a l'avantage de permettre d'imbriquer une destinée individuelle à la grande Histoire de l'humanité.
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