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sur 171 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« On eût aisément pris le numéro 10 de la Seilerstätte pour le palais de ville d'un aristocrate. le blason de pierre qui surmontait l'entrée ne faisait que renforcer cette impression. IL n'était pas constitué d'une couronne, d'un drapeau ou d'un gantelet à l'instar des demeures princières ou comtales du voisinage mais d'un de ces angelots nus qu'on nommait à Vienne les putti joufflus. »


« Mélodie de Vienne » fut un véritable plaisir de lecture. L'écriture est très agréable, fluide, et ne tombe jamais dans la facilité des sagas du style série télé de l'été. Je cherchais un livre sans prise de tête et c'est sur les conseils d'un jeune libraire que je me suis mise à cette lecture, toujours dans l'idée de continuer ma découverte de ces auteurs de la Mitteleuropa qui me procure toujours autant de satisfaction.

D'origine juive, Ernst Lothar a dû fuir son pays, l'Autriche, au moment de l'Anschluss pour se réfugier aux Etats-Unis. IL y est revenu ensuite, après la seconde guerre mondiale, comme conseiller auprès du gouvernement américain afin de participer à la dénazification culturelle de l'Autriche. Cette période donnera naissance à son second roman « Retour à Vienne ».

La construction de ce roman s'élabore avec rigueur autour de l'Histoire de la monarchie Autriche-Hongrie et de sa disparition jusqu'à l'arrivée des nazis. La grande histoire s'impose comme pilier central de la narration. L'auteur, par le biais de l'histoire d'une grande demeure bourgeoise et de ses habitants, la famille Alt, entrecroise le destin de la dynastie autrichienne avec cette saga familiale sur une grande partie du récit, puis succinctement 14/18 et ensuite l'inéluctable descente vers le précipice qu'est l'Anschluss. L'auteur sait maintenir son lecteur en haleine ! On s'immerge dans le mythe de cette Vienne habsbourgeoise avec plaisir d'autant plus si l'on est passionné par l'Histoire !

L'origine de cette belle demeure se confond avec la création, par son fondateur, d'une entreprise de fabrication de pianos. Illustre entreprise qui au fil des décennies, de père en fils, aura reçu les félicitations des plus grands musiciens tel l'immortel Mozart. Tout au long de ce récit, nous faisons connaissance avec les membres de cette famille dont chaque branche réside à chacun des étages de cette demeure. Ernst Lothar entrecroise avec virtuosité la comédie humaine de chacun des personnages avec la grande Histoire.

« Henriette Stein, cantatrice d'origine juive, grande héroïne de ce roman, se mariera avec Franz Alt par dépit. L'auteur imagine une relation amoureuse avec son Altesse royale, le prince Rodolphe qui, devant l'impossibilité de vivre au grand jour cet amour, serait quelque peu un des facteurs de son suicide* (suicide : depuis certains historiens avancent l'hypothèse qu'il aurait été suicidé). Aucun de ses personnages n'est « inodore et sans saveur ». Ils ont tous des personnalités consistantes et divergentes dans cette demeure qui ressemble à son Empereur, François-Joseph, austère, comme figée dans les conventions jusqu'à l'effondrement de la dynastie en 1916. Et les divergences s'accentueront devant l'ampleur du cataclysme historique qui s'annonce.

J'ai retrouvé un même constat de cette Vienne fin et début de siècle que j'avais relevé dans « Mémoires d'un européen » de Stefan Zweig. La défaite, l'inflation, la crise sociale, l'antisémitisme, tout ce qui représentait la stabilité, s'effondre et c'est avec beaucoup d'émotions que j'ai refermé ce livre. Ernst Lothar est autrichien du plus profond de son âme. de cette lecture se dégage une douleur, la souffrance de voir ce que va devenir ce pays tant aimé. Il affirme sa foi inébranlable dans son pays, il cherchera à lui redonner de l'éclat après la période terrible. Il écrit dans sa postface en 1962 « L'âme de l'Autriche aurait été façonnée : Joseph II où la religion de la tolérance, Mozart où l'élévation de l'âme, La forêt viennoise où les bienfaits de la beauté ».

J'ai eu tellement de plaisir à lire cette fiction que je vais de ce pas m'offrir "Retour à Vienne"!

NDL : il y a un bandeau sur la couverture du livre qui m'a surprise. "Le Downton Abbey" de Vienne. Je ne vois pas la relation!


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Mélodie de Vienne, le titre du roman pourrait s'associer à une valse à quatre temps comme le chantait Brel.
Ce roman est avant tout et essentiellement l'histoire de l'empire Austro-Hongrois jusqu'à sa réduction en 1918 à la petite Autriche.
Ernst Lothar est passionnément autrichien, après avoir fui l'Autriche en 1938 pour échapper aux nazis, il y reviendra après guerre.
Ce roman pour qui aime L Histoire est fascinant. On découvre toutes les fissures de cet empire figé en la personne de l'empereur lui-même qui refusera d'entendre et de comprendre que :
" L'Autriche est une communauté obligée, une cohabitation d'éléments disparates"
Peu à peu, cet empire sera voué à exploser.
Mélodie de Vienne s'incarne à travers une famille bourgeoise, facteur de pianos résidant dans un immeuble cossu de la Vienne impériale.
La petite histoire s'insinue dans la grande avec l'épisode où Hitler est recalé à l'examen des Beaux arts jusqu'à son entrée hélas triomphale à Vienne en 1938.
Cet homme dont l'auteur dira " Même quand c'est un clown qui met le feu au monde, le monde brûle"

J'ai bcp aimé ce roman que je rattacherai aux autres auteurs de la Mitteleuropa dont fait partie Lotar, comme ses amis Stefan Zweig avec : le monde d'hier et Josef Roth avec la marche de Radestsky.
Chacun à sa manière nous parle de ce monde d'avant.
Je vous invite si le sujet vous intéresse à lire aussi : le fantôme de TRIESTE d'Enzo Bettiza que j'ai lu l'été dernier et vous aurez une vision complète.
Dommage qu'il y ait ce bandeau racoleur sur ce livre avec la référence à Donwton Abbey qui n'a rien à voir avec ce roman.
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Ce roman, Mélodie de Vienne, écrit par un certain Ernst Lothar que je ne connaissais pas avant qu'une amie ne me pose ce livre dans les mains, traite de la saga d'une famille autrichienne de 1888 à 1938.
Je voudrais vous parler du personnage principal et je suis un peu gêné car si je vous dis que celui-ci est une maison, vous n'allez pas me prendre au sérieux. Alors, tant pis, allons-y sur place pour faire l'état des lieux et nous en rendre compte. L'adresse se situe dans le centre de Vienne, au 10 de la Seilerstätte, précisément. Donc, nous sommes en 1888 et cette maison a été érigée quatre-vingt-dix sept ans auparavant par un certain Christopher Alt, fondateur d'une entreprise fabriquant des pianos, avec notamment un client plutôt renommé, excusez du peu, un certain Wolfgang Amadeus Mozart.
En 1888, la maison existe toujours, plutôt bien tenue. Austère cependant, à moins que l'austérité ne vienne de ses occupants. Elle héberge la famille Alt au sens large. Une vieille tante au rez-de-chaussée, Sophie Alt, la seule enfant encore vivante du bâtisseur. Un peu partout dans les différents étages, nous voyons ici et là, un frère, des cousins, des cousines, des oncles, etc… Un des petits-fils de son fondateur, Franz Alt songe au mariage. La famille s'apprête à grandir. Donc, quoi de plus naturel que d'ajouter un quatrième étage à une maison un peu serrée entre les autres maisons du quartier.
Car Franz Alt convole en mariage avec Henriette Stein, dite Hettie. Ce n'est pas du goût de tout le monde. Quand on parle de tout le monde, il s'agit bien entendu de la famille Alt. En particulier, le frère de Franz, un certain Otto Eberhard, premier procureur d'une loyauté sans faille à son métier. Pourquoi n'aime-t-on pas cette charmante Hettie, pétillante femme qui aime la joie, apportant un peu de fraîcheur à cette maison sombre, ancienne, figée dans son IXème siècle, voire presque le siècle précédent ...?
Construire un quatrième étage sur un tel édifice est presque une révolution de palais. C'est une pensée audacieuse. Les résidents de cette maison sont de bons viennois, bien comme il faut, c'est-à-dire ennemis farouches du changement. Or donc, ajouter un quatrième étage à une demeure ancienne, faire entrer à l'intérieur de ces murs tout ce qui incarne la différence, n'est-ce pas quand même un peu bousculer les choses si bien en place depuis quatre-vingt-dix sept ans ?
De cette bourgeoisie un peu figée dans ces codes étroits, nous plongeons aussi de plein pied dans l'empire finissant des Habsbourg, dynastie vacillante aux destins multiples tragiques. Il y eut tout d'abord Ferdinand Maximilien Joseph, empereur du Mexique, condamné à mort et exécuté en 1867. Puis, Rodolphe François Charles Joseph, héritier du trône, qui se suicide en 1889. Comme par hasard, le jour du mariage d'Henriette avec Franz. Mais est-ce un vraiment un hasard… ? Puis, Élisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière, assassinée en 1898 à Genève. Mais oui, rappelez-vous : plus connu sous le pseudonyme de Sissi. Ah oui… Enfin, pour clore cette série macabre, l'une des morts les plus célèbres qui finira par donner le dernier coup de semonce à cet empire usé et entraîner le monde dans une des plus sanglantes guerres, sera l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand…
Donc, vous voyez, l'histoire de cette maison et de ses occupants croise la Grande Histoire de Vienne, de l'Autriche, du monde presque. C'est une maison contradictoire, ambigüe, tortueuse, qui ressemble à l'Autriche. Dans cette maison qui tente de tenir debout en dépit des soubresauts de l'Histoire, la grandeur et la décadence de l'Autriche, nous voyons peu à peu ce personnage d'Henriette grandir, s'affirmer. C'est un personnage magnifique, qui a sans doute épousé son mari par méprise, bousculée sans cesse, mais qui résiste. Elle voit bien que cette maison ne peut pas apporter le bien-être à ses occupants, elle qui vient de la lumière, respire l'insouciance, veut vivre, cette femme qui a toujours cherché à trouver sa place dans cette maison trop grande pour elle.
L'auteur nous fait entrer derrière les façades baroques des maisons viennoises pour comprendre cela de l'intérieur. C'est une maison où ses occupants, les membres d'une seule famille, ne se sont pas aimés en définitive. Peu à peu, la maison se vide au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la guerre, de l'horreur, de la barbarie à visage humain. Cela devient une maison de fantômes. Comment quitter cette maison pour tenter d'échapper aux souvenirs, cette maison qui a désappris à cette femme libre, à savoir agir.
Henriette est une femme délicatement insolente, face à l'ordre, au pouvoir, face à la police secrète d'Etat, face aux préjugés, face à la rue, face à la barbarie qui monte peu à peu, comme une gangrène et qui installera le national-socialisme aux commandes, unifiant le IIIème Reich. Mais comment résister à la bête immonde… ?
Il y a d'autres beaux personnages. Selma Rosner, comédienne de son métier, révoltée comme elle, qui croisera la vie du fils d'Henriette et de Franz, ils s'aimeront d'un amour fou.
Il y a aussi la cousine Chris, mystique, devenue sœur Agathe, qui vient de temps en temps au gré de l'histoire fermer les yeux de ceux qui s'en vont.
Parfois Henriette se demande, « de quels malheurs ne suis-je coupable » ? Il ne suffit pas de rajouter un quatrième étage à une maison pour ne plus se sentir à l'étroit, dans une maison figée dans son conformisme à l'odeur de naphtaline. Mais la peur des conventions, n'est-ce pas pourtant cela qui a guidé Hettie vers son destin...?
Ce livre est noir, forcément, mais d'une beauté qui ne m'a pas laissé indifférent, tant dans les phrases que dans les personnages. Pourtant l'espoir demeure là en filigrane. Il est notamment écrit « ne pas douter que l'impasse actuelle doit un jour prendre fin et qu'il y eût un avenir après ».
A la fin du livre, l'auteur prend la parole. Nous sommes en 1944. La seconde guerre mondiale s'achève douloureusement. Les Alliés viennent de proclamer une Autriche nouvelle et libre. Je voudrais savoir ce qu'est devenue cette maison. Euh ! Non finalement, pas forcément cette maison… Mais plutôt celles et ceux qui y ont vécu, qui ont peut-être survécu à cette barbarie… Les fantômes du 10 de la Seilerstätte...
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Vienne 1944, Ernst Lothar ne pouvait mieux exprimer sa nostalgie d'une Autriche tolérante et multiculturelle qu'en choisissant le milieux bourgeois de la fabrique de pianos Alt.

Aux côtés de la trop belle Henriette, on y vit le suicide de l'héritier Rodolphe, la défaite de 1918 et la déchirante abdication de l'Empereur, l'assassinat du Chancelier Dollfuss, la naissance du socialisme, du fascisme et de l'antisémitisme.

Quoique certains passages volent un peu haut pour moi, je me suis attaché aux personnages, la grandeur d'âme de Franz, le mari trompé, et d'Henriette à la fin de sa vie.
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Sur certaines éditions un bandeau interpelle le lecteur “Le Downton Abbey de Vienne” ce qui égare le lecteur potentiel, il me semble que Downton Abbey a pour particularité de présenter de façon égale la vie de la famille Crawley et celle des domestiques, ce qui n'est absolument pas le cas de ce roman. Quant au titre original der Engel mit der Posaune : Roman eines Hauses, il est plus explicite que le titre français car il s'agit bien du roman d'une maison. Les premières pages sont d'ailleurs consacrées à la présentation des différents étages et de leurs habitants. J'ai pris note du nom des habitants et de leurs liens de parenté afin de m'y retrouver.
Les Alt ont pour titre de gloire que leur ancêtre ait fondé une entreprise de facteur de piano et d'avoir eu pour client des musiciens aussi prestigieux que Mozart. Franz choisit bientôt pour épouse la fille du professeur Stein, Henriette. Mais Henriette a pour la famille Alt un passé douteux, elle a passé beaucoup de temps avec le prince Rodolphe. Elle aura beaucoup de mal à s'habituer à cette maison et ses habitants.

L'histoire de cette famille bourgeoise se mêle à celle de l'Autriche-Hongrie depuis les années 1880 jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Nous y voyons le suicide de Rodolphe, le meurtre de François Ferdinand, la montée du nazisme,...

J'ai aimé cette saga familiale qui permet de découvrir Vienne.
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Mélodie de Vienne est un roman difficile à présenter. Je commencerais en disant franchement : ne vous fiez pas à la publicité de l'éditeur. le résumé n'est pas tout à fait exact et le bandeau « le Downton Abbey de Vienne » entretient la confusion.

Tout commence par des fiançailles. le fiancé est très amoureux, la fiancée en aime un autre, la famille du futur marié n'est pas très enthousiaste, pour ne pas dire qu'elle désapprouve totalement cette union ; c'est un scénario bien connu. Ce pavé nous propose de suivre le destin de ce couple, de leurs enfants, des membres de leur famille et, point non négligeable, de l'Autriche.
Car c'est vraiment de l'Autriche qu'il s'agit. Une Autriche comme on la connaît peu, bien loin des images qu'elle évoque habituellement. Nous sommes à Vienne, l'empereur est respecté, pour ne pas dire vénéré, on s'enferme dans le carcan des bonnes manières et on s'aveugle délibérément à la réalité en défendant haut et fort les traditions. Mais l'empire Habsbourg touche à son terme, et sa fin ne sera vraiment pas belle.

Il m'a fallu du temps pour lire ce pavé, surtout parce que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Je ne m'attendais pas vraiment à ce genre de roman et les personnages principaux ne sont pas mes héros favoris
Le résumé m'a fait penser à une grande saga familiale mais, même si nous rencontrons tous les membres de la famille Alt, nous suivons surtout Henriette, la fiancée dont je vous parlais plus haut, et son fils aîné, Hans. le point commun de ces deux personnages est leur tendance à l'excès ; ce sont vraiment des personnages romantiques, au sens premier du terme, toujours plongés dans des transports extrêmes, séparés des autres par une vision qu'eux seuls perçoivent, peu aimés et à peine tolérés par la famille Alt.
On assiste, certes, aux grands événements de la fin du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle, mais Henriette ne comprend rien à la politique et Hans est enfermé dans son idée de l'homme autrichien. Autant dire que, s'il ne connaît pas un minimum de l'histoire moderne, le lecteur est totalement perdu.
De plus, je dois avouer que le personnage d'Henriette m'ennuyait horriblement. J'ai toujours du mal avec les femmes aussi insouciantes et légères, qui se complaisent dans leur égoïsme sans s'en rendre compte. Avec Mme Fran Alt, j'étais servie.

Verdict : c'est une lecture intéressante, ne serait-ce que pour l'image de Vienne qui nous est proposée mais je ne suis pas sûre que tous les lecteurs, même les plus aguerris, apprécieront. Mélodie de Vienne me semble finalement être l'un de ces classiques toujours encensés par le grand public mais dont très peu ont sincèrement apprécié la lecture.
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Mélodie de Vienne raconte le destin mouvementé de la famille Alt qui va suivre les soubresauts de l'Histoire autrichienne pendant plusieurs décennies.

Du suicide de Rodolphe de Habsbourg, l'héritier du trône austro-hongrois au meurtre de sa mère Sissi, en passant par la chute de l'empire et la montée du nazisme, Ernst Lothar balaie les soubresauts qui vont bouleverser l'empire austro-hongrois à travers la famille Alt et l'immeuble dans laquelle elle loge.

La famille Alt vit dans une grande maison de trois étages, au 10, Seilerstätte, en plein coeur de Vienne. le fondateur de la dynastie, Christophe Alt, était facteur de piano et sa renommée a pris un essor jamais démenti depuis, le soir où un certain Wolfgang Amadeus Mozart, quelques mois avant sa mort, a joué sur un instrument sorti des ateliers Alt.

C'est au même Christophe que l'on doit l'installation de la famille dans cette maison. Et, par testament, il a imposé à ses descendants d'y demeurer et d'y cohabiter, génération après génération. Un siècle plus tard, on ressent un certain confinement.

Ce roman relate la vie d'une famille aisée, proche de la cour de François-Joseph, la famille Alt est fournisseur des pianos de la cour depuis le règne de Marie-Thérèse, une centaine d'années auparavant.

L'auteur nous fait côtoyer personnages de papier et historiques et fait rencontrer la petite et la grande histoire, c'est un procédé que j'aime beaucoup et qui bien maitrisé par Ernst Lothar.

Ernst Lothar revient donc sur les évènements marquants que vit l'Autriche et mêle les destins de ses personnages à ceux des grandes figures historiques, c'est assez passionnant même si le roman n'est pas exempt de longueurs.

Entre drames personnels et événements historiques majeurs, les Alt se déchirent dans une fresque bien documentée d'un point de vue historique. L'histoire est intéressante mais exigeante car les personnages sont nombreux et se côtoient de génération en génération.

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une saga familiale comme je les aime. je l'ai lu en étant en voyage à Vienne, ce qui a d'autant plus augmenté ma facilité à le lire, en reconnaissant les noms de lieux et en étant plongée dans l'histoire de l'Autriche.

à écouter en lisant : une playlist de valses viennoises bien entendu.
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C'est de New York où il a trouvé refuge que Ernst Lothar publie en 1944 "Mélodie de Vienne", une immense fresque romanesque qui retrace cinquante ans d'histoire autrichienne à travers la destinée de la famille Alt, riches bourgeois à la tête d'une prestigieuse fabrique de pianos.
Le but affiché par l'écrivain est de donner au lecteur étranger une vision globale de son pays décryptant l'âme autrichienne faite de tolérance, de fantaisie et d'amour de la beauté à travers d'une belle galerie de personnages.
La figure centrale du roman reste la très belle Henriette Stein, follement amoureuse du Prince Rodolphe héritier de la couronne, mais qui se résoudra à un mariage de raison avec Franz Alt l'homme d'affaire avisé mais dépourvu de sensibilité.
En imposant à son épouse la cohabitation avec une famille au mode de vie rigoriste, dans une maison qu'elle considérera toujours comme une prison, Franz ne donnera aucune chance à son mariage et, de mensonges en trahisons, les époux ne pourront jamais trouver le bonheur.
La génération des enfants connaîtra l'effondrement de l'empire, la montée de l'antisémitisme, la première guerre mondiale puis le nazisme et le rattachement à l'Allemagne hitlérienne.
Les mentalités auront bien du mal à évoluer au sein de la famille Alt qui continuera à rejeter ceux de ses membres qui ne se conforment pas au mode de vie obsolète qu'elle ne cessera de prôner. Une génération après Henriette, Selma la femme adorée de son fils aîné Hans, connaîtra bien des difficultés pour se faire accepter...
La légèreté viennoise ne tardera pas à être ébranlée par les conflits sociaux avant d'être écrasée sous la botte nazie.
Le romancier en exil a su faire naître sous sa plume la Vienne éternelle entrainée dans le tourbillon d'une valse de Strauss.
Même si on peut parfois regretter que la psychologie des personnages ne soit pas davantage approfondie et que le jaillissement artistique et culturel de la Vienne fin de siècle ne soit que trop peu développé, j'ai néanmoins dévoré ce roman de 650 pages avec plaisir, retrouvant au fil des déambulations des membres de la famille Alt dans la capitale autrichienne, le souvenir enchanté de mes propres séjours dans une ville à la beauté majestueuse et intemporelle.
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A travers l'histoire, à Vienne, d'une maison et de ses propriétaires, la famille Alt, de 1888 jusqu'à l'entrée d'Hitler dans la ville, l'auteur nous décrit les soubresauts de la Grande Histoire : l'Histoire de la monarchie Autriche-Hongrie, le suicide du prince héritier Rodolphe, la rigidité de l'Empereur François-Joseph I, l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc François-Ferdinand suivi de la première Guerre mondiale, des mouvements ouvriers, de l'antisémitisme et la montée du nazisme.
La famille Alt, habite dans un bel immeuble bourgeois, au 10 de la Seilerstätte. le fondateur d'une entreprise de fabrication de pianos, Christopher Alt, a imaginé et construit un piano sur lequel a joué Mozart. Depuis, les ateliers produisent des pièces exceptionnelles et leur réputation a permis à la famille toute entière d'accéder à la haute société viennoise.
L'un de ses descendants, Franz, malgré la réprobation de la famille, se mariera avec la très belle Henriette Stein, d'origine juive à qui l'auteur prête une relation amoureuse avec le prince Rodolphe ; Est-ce la rupture de cette relation qui provoqua le suicide du prince ? Cette jeune femme intelligente, aimant la vie et les plaisirs, va semer le trouble dans cette famille austère et rigide qui subira les secousses et le basculement d'un monde jusqu'à la immuable.
A l'instar des" Buddenbrook", ce magnifique roman de six cent soixante pages nous décrit le déclin d'une famille bourgeoise et d'une Autriche insouciante plongée au coeur d'un véritable maelstrom politique qui va provoqué le déchirement de la civilisation Européenne. Ce livre m'a procuré un réel plaisir de lecture et je plonge dès maintenant dans la lecture de « Revenir à Vienne » la suite du même auteur . Ad-Vienne que pourra (bof……)
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