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3,78

sur 171 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Paru pour la première fois en 1944 ce roman relate avec précision la vie de la famille Alt et la vie à Vienne de 1888 jusqu'à l'Anschluss en 1938.
L'auteur est viennois, metteur en scène et juif. Il sait donc de quoi il parle.
La famille Alt occupe, depuis sa construction, la maison sise au n° 10 de la Seiterstätte à Vienne. Chaque membre y a son appartement.Ce sont des fabricants de pianos réputés, utilisés par les plus grands interprètes comme Mozart, Beethoven et Brahms. Compte-tenu de leur statut, ils s'astreignent à peu près tous à respecter les règles strictes qui régissent leur milieu.
A travers leurs vies parsemées de drames, se dessine le destin de l'Autriche également ponctué de drames qui mèneront à la guerre 14-18 puis au nazisme. Une chose m'a frappée : la comparaison forte de la croix gammée à une toile d'araignée.
Parfois un peu ardu ( pour moi ), ce livre, extrêmement bien écrit, bien documenté ( et pour cause ), très intéressant, me semble incontournable pour comprendre ce qu'il est advenu de l'Autriche, pour comprendre l'état d'esprit des Viennois pendant ces périodes troublées.
J'ai beaucoup appris, ce que j'aime, et j'ai passé un agréable moment de lecture.
« Les meilleurs romans sont ceux dans lesquels l'impardonnable brutalité de l'Histoire se reflète dans les destins individuels »
Literarische Welt
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Un peu ridiculement affublé d'un bandeau Downtown Abbey, quelle idée, voici le formidable et fourmillant roman saga d'Ernst Lothar, chantre de la Mitteleuropa que j'ignorais jusquà ce jour. le titre Mélodie de Vienne n'est pas beaucoup plus adroit,qui semble lorgner sur l'opérette viennoise qui devait singulièrement changer de ton dans les quelques décennies ici contées. le titre original der Engel mit der Posaune-Roman eines Hauses, L'ange à la trompette-Roman d'une maison, enseigne de la fabrique de pianos de la famille Alt, est plus approprié. le livre est d'un classicisme absolu. C'est l'histoire d'une maison, d'une famille, d'une ville et d'un pays. D'un pays qui devait changer de statut en quelques années. Mais quelles années, 14-18, quatre ans qui ont changé le monde.
1888. La famille Alt occupe tous les étages de cet immeuble cossu de la capitale de l'Empire d'Autriche-Hongrie. Une nouvelle venue, la belle Henriette Stein, d'origine juive, doit intégrer cette famille prestigieuse qui fabriqua un siècle plus tôt le piano sur lequel joua Mozart. Amorce d'un déclassement, d'une débâcle. Bien sûr on connait la suite. La connait-on vraiment? Peu de choses sont pourtant aussi importantes que L Histoire.

La chute des Habsbourg a maintes fois été évoquée, racontée, exploitée. C'est un thème royal, impérial, que la ruine des empires. Ernst Lothar lui même juif quitta l'Autriche en 1938 comme tant d'autres. Il sait de quoi il parle. Et la Vienne vieillissante de François-Joseph, le suicide de Rodolphe à Mayerling, l'assassinat de Sissi, et Sarajevo 1914 vont conduire l'Autriche à sa perte, transformant la grande puissance continentale en un petit état coincé au milieu de l'Europe (bon d'accord, Mozart, Haydn, Schubert, Freud, Zweig, Lang entre autres).

Mélodie de Vienne est un roman. Mais l'un de ces romans qui prend à bras le corps L Histoire et nous fait pénétrer dans cette maison Alt et vivre avec ses membres les émotions, les joies, les chagrins et les soubresauts d'une fin de siècle et d'un tournant. Zweig déjà cité parlait du Monde d'hier. Et c'est absolument passionnant. Comme toute famille en littérature les Alt se dèchirent, haines et rancoeurs. D'amour, finalement, pas tant que ça. Mais tous les symptômes de l'épuisement. Cette période et cette Mitteleuropa m'ont de tout temps passionné. Il faudrait citer tout le livre. Ou, plus simplement, le lire.

Ernst Lothar, contrairement à certains, retrouva l'Autriche après guerre, où il fut en charge des épineux dossiers de la dénazification et où écrivit Retour à Vienne que Liana Levi (piccolo) publie dans le même format..
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Une lecture fabuleuse, un livre étonnant, détonant.
Je m'explique : j'aime beaucoup les romans non pas historiques mais ancrés dans une réalité historico-politico-socio-culturelle (rien que cela) précise (et que je vérifie en général). Ici, que du bonheur. Une plongée dans cet empire austro-hongrois de la fin du XIXème siècle à sa dislocation et puis sa triste suite. Sur le plan historique, ce roman est un nectar. Il nous ramène à ce qu'on nous a appris, les Habsbourg, Sissi, ah que c'est beau, et Lothar nous présente ce passé avec un humour, un regard critique emprunt d'ironie bienveillante malgré tout.
Sur le plan de l'écriture, quel bonheur de lire dans un registre soutenu, une belle langue, musicale, riche, subtile, rare, trop rare. Une agréable dégustation.
Les personnages romanesques sont d'une richesse époustouflante, et si peu manichéens. Ils portent tous un peu le bien et un peu le mal. Ils essayent de vivre et de survivre au carcan de l'empire, puis de sa dislocation, puis dans cette petite Autriche miniaturisée.
J'ai lu avec une délectation, alors que Lothar ne m'est pas contemporain, des pages sublimes sur qu'est ce qu'être Autrichien. Qu'est ce que le sentiment national, le patriotisme. Ces pages sont d'une actualité décoiffante.
J'ai lu avec délectation les pages où Lothar ayant bien décrit cet empire multinational (magyar, slovène, ruthène etc...) et se moque des spécificités autrichiennes, entre le viennois et le tyrolien, et le styrien, et l'accent allemand ou l'italien. Avec un demi siècle au moins, il nous fait rire, jaune ou pas, de ce qu'est l'Europe ou de ce qu'elle ne réussit pas à être. Quelle intelligence anticipative !
J'ai ri souvent, car l'écriture riche et subtile est drôle et légère pour des thèmes sérieux voire sombres.
Le début n'est pas facile car l'auteur nous fait entrer d'emblée dans le vif sujet, la maison numéro 10 qui abrite et donc raconte la saga... de multiples personnages à mémoriser immédiatement. Passés ces premiers chapitres, l'histoire se resserre et se recentre sur peu de personnages, les autres deviennent secondaires, on y gagne en clarté. Et à partir de là, on lit en continu avec avidité.
Ernst Lothar nous fait comprendre ce petit bout de terre appelée Autriche après avoir représenté presque l'ensemble de l'Europe centrale et orientale. Il nous fait comprendre que le sentiment national est une construction. Il nous fait comprendre la futilité de bien de nos croyances. Et pour conclure, cela avec des personnages magnifiques, aimables ou repoussants, mais tous dignes, et dans une non moins magnifique écriture.
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Une fresque magnifique de la transformation de Vienne et de l'Autriche de la fin du XVIIIè siècle à la seconde guerre mondiale à travers une maison et la famille qui l'a bâti et l'habite. Pour tous les amoureUx de Vienne et de l'Autriche, un chant d'amour qui fait revivre "l'"esprit autrichien" hélas depuis longtemps englouti par les tourbillons de l'Histoire. Nostalgie...
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Cette magnifique fresque familiale raconte aussi l'histoire d'une maison. Les Alt, une famille bourgeoise « obligée » d'habiter dans la demeure construite par leur aïeul, fondateur de la célèbre fabrique des pianos C. Alt, fournisseur de l'empereur. le roman démarre lorsque Franz, l'héritier qui a repris la direction de la manufacture, décide d'agrandir la maison pour épouser la belle Henriette, une jeune femme qui veut croquer la vie à pleines dents. Or, en s'installant avec cette famille un peu trop guindée, conservatrice et un poil antisémite (son père est juif), Henriette ne se laisse pas faire et profite de la Vienne de la Belle époque, protégée par ce mari qui l'adore, mais qu'elle n'aime pas. Ils auront 4 enfants, parmi lesquels Hans, un idéaliste à l'ère du changement (idées révolutionnaires, contestations prolétaires et le déclin de l'Empire austro-hongrois avec l'arrivée de la Première Guerre mondiale). Lorsque son époux et ses fils reviennent à la fin de la guerre, rien ne sera plus comme avant. Chaque membre de la famille affrontera à sa manière l'avènement du nazisme et l'endoctrinement d'une société qui a perdu ses repères.

Quel roman ! J'ai adoré ce passionnant petit pavé (un peu plus 600 pages) trouvé dans les « livres à donner » dans ma bibliothèque ! C'est drôle, puisque je l'ai aussi aperçu en vitrine chez mon libraire, avec un bandeau rouge le « Downtown Abbey viennois ». Je n'ai jamais regardé cette série, mais je pense qu'il n'y a rien à comparer. N'y faites pas attention. Cette saga se focalise uniquement sur quelques membres de la famille (Henriette et Hans essentiellement, les deux esprits rebelles à leur façon). N'ayez pas peur de la musique (le titre peut prêter à confusion) ni de la longueur, franchement on n'a pas envie de le laisser ! La Vienne de l'époque nous est fidèlement présentée par l'auteur. Plus qu'une fiction, c'est un témoignage des bouleversements qui ont touché l'ensemble de la population. C'est aussi un hommage à la ville et à la culture viennoises, tout comme aux actions de ceux qui ont combattu des idées haineuses. le livre a été publié en 1944, cela permet de voir l'histoire au plus près des événements. le style est magnifique, certes, c'est une traduction, je note juste que le narrateur omniscient peut déboussoler certains. Ce qui pourrait être considéré comme un changement de point de vue « sauvage » n'en est pas un, puisque c'est le narrateur qui « raconte » l'histoire et lui seul connaît les pensées de tous les personnages.

Si vous aimez Vienne, les sagas familiales et la Belle époque, ce livre va certainement vous plaire !
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Ernst Lothar était un écrivain viennois, proche de Zweig. Il était aussi connu pour ses mises en scène de théâtre. Dès 1938, en raison de ses origines juives, il a trouvé refuge à New York où ce roman paraît en 1944.

La traduction française du titre, qui nous fait aussitôt penser à une valse viennoise, ne rend pas justice à la profondeur de ce roman.

Le personnage central de livre est une maison construite en 1788 à l'angle de la Seilerstätte et de l'Angasse, en plein coeur de la ville de Vienne.

Cette maison abrite depuis plus d'un siècle la famille Alt, célèbre dynastie de fabriquants de pianos. le célèbre Mozart a joué peu de temps avant sa mort sur l'un de leurs pianos qui est conservé précieusement depuis .

La particularité de cette maison de trois étages et comprenant plusieurs appartements, c'est qu'il a été expressément stipulé dans le testament de son bâtisseur qu'aucun de ses descendants ne serait autorisé à vivre ailleurs et que la succession ne peut se faire qu'entre membres directs de ladite famille.

Quand en 1888, Franz Alt décide d'épouser Henriette Stein, bien plus jeune que lui et dont le père est juif, c'est à toute la maisonnée qu'il doit en demander l'autorisation.

Du suicide de Rodolphe, prince héritier, ami proche d'Henriette ; de l'assassinat de l'Archiduc à la Grande Guerre qui entraînera l'effondrement de l'empire austro-hongrois ; de l'apparition du mouvement ouvrier à l'annexion de l'Autriche par Hitler, nous suivons les soubresauts de ce pays pas bien grand en taille mais qui a donné au monde de nombreux génies.

Dans la maison Alt cohabitent et se croisent des individus qui, en dépit des liens du sang, ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde. D'autres, les pièces rapportées, ne sont que tolérés.

La maison est la métaphore de l'Autriche. Les Viennois sont confrontés aux soubresauts de l'Histoire. Ils peinent à savoir qu'elle est leur véritable identité en tant que peuple. Bien que n'ayant jamais beaucoup aimé l'Allemagne, dont ils veulent se démarquer, le nazisme va toutefois y trouver un nid accueillant.

J'ai particulièrement apprécié la lecture de ce pavé de 665 pages car j'ai énormément appris sur ce pays.

Merci donc aux Editions Liana Levi de l'avoir réédité en France.

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Tout d'abord, contrairement à ce qu'affiche l'éditeur, rien à voir avec Downtown Abbey, donc ne vous mettez surtout pas cela en tête ! Cette saga retrace en fait l'évolution de l'Autriche entre la fin du 19ème siècle et l'invasion de l'Autriche par Hitler. Au travers de personnages plus complexes les uns que les autres, mais aussi très attachants, on découvre l'histoire de ce pays, le fondement de sa culture et sa grande différence avec l'Allemagne. On découvre que le conservatisme à outrance des pro François-Joseph et des nostalgiques de la grandeur des Habsbourg a entraîné l'Autriche dans les bras d'Hitler. Ce roman, écrit par quelqu'un qui a vécu cela de l'intérieur, est fascinant et l'écriture fluide permet de s'y plonger pleinement. C'est à la fois une saga formidable et un livre "d'histoire", certes romancée, mais qui fait comprendre un pan de l'Histoire mondiale et l'Histoire d'une période cruciale d'un pays. En résumé un livre à lire sans hésiter
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Magnifique !
Écriture et histoire, un pur régal digne d'un certain Zweig.
Je vais aller explorer cet auteur.
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Bien sûr, qu'il s'agit d'un roman historique ! Puisque c'est un véritable condensé de l'histoire de Vienne dans la première partie du 20ème siècle qui nous est donné à voir: il va de la brillante, joyeuse et raffinée Vienne impériale des premières années du siècle au pathétique démantèlement de l'empire austro-hongrois après la première guerre mondiale, pour se conclure sur les années sombres de la nazification.
Et puisque c'est pour ainsi dire tout le Bottin politique, artistique et mondain, et quasiment toutes les grandes figures autrichiennes de l'avant, puis de l'entre-deux guerres qui de façon plus ou moins furtive circulent dans ces pages: du prince héritier Rodolphe ( le suicidé de Mayerling) à Sigmund Freud et Stefan Zweig, en passant par Mahler et même Adolf Hitler ...
Mais attention, il ne s'agit pas QUE de cela: c'est aussi un vrai roman, dense, charnu, superbement "ficelé" autour d'une maison patricienne et d'une vibrante jeune femme que l'on voit peu à peu vieillir. D'ailleurs tous les personnages sont beaux, intéressants, fouillés ( parmi eux, Franz - le mari mal aimé ; Hans, le fils aîné, enfermé dans un deuil inguérissable...).
Bref, un grand roman, que l'on ne saurait trop recommander.







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Excellente saga qui illustre parfaitement à partir de 1888 et pendant cinquante la vie agitée mais passionnante de la famille Alt, à la tête d'une fabrique de pianos renommée, la fin de l'empire austro-hongrois, l'éclatement de tous les peuples et les nations diverses qui le composaient. Puis bien plus tard, surviendra l'arrivée des cohortes nazis avec leurs horribles exactions à l'égard des autrichiens d'origine juive mais la guerre finie, en 1946 renaîtra l'Autriche, pays des plus grands musiciens, des écrivains de renommée internationale et des artistes au talent immortel, l'Autriche maillon essentiel de l'Europe unie. Ernst Lothar est avec Zweig, le remarquable écrivain à la grande sensibilité et au talent précieux qu'il fallait à ce beau pays.

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