Le lycée était pour lui certitude et liberté, ses livres l'échappatoire divine.
- Comment dit-on impasse ? demanda Lola.
- Dead-end.
- ...Le mot français est plus poétique.
Deux plis se formèrent au coin des lèvres de Desmond.
- C'est effectivement plus poétique de penser qu'une route ne mène pas forcément à la mort.
Quoique la définition convienne assez bien à la Route 66.
On ne sait rien de la barbarie tant qu'elle n'a pas frappé nos proches.
Les affaires criminelles, que l'on soit flic, procureur ou journaliste, ça peut vous mener sur des chemins de solitude profonde, générer des nuits blanches. C'est une lutte permanente contre la violence des sentiments qui envahissent votre inconscient. Très vite, on quitte la normalité et l'on se retrouve devant le cadavre mutilé d'une femme ou d'un enfant sans ressentir la moindre émotion. En cela nous sommes aussi effrayants que le crime, aussi infréquentables que le tueur.
(p. 85-86)
De part et d'autre du bungalow, les buissons de créosotiers secs et fournis dardaient leurs fleurs jaunes sous l'embrasement du soleil, comme ensorcelés par les stridulations des sauterelles.
Il était des hommes qui, à rester seuls, finissaient par disparaître, à se défaire comme des courants d'air.
Le directeur à tendu mon dossier tout honteux. Je savais à peine lire et écrire. Rien à faire, ça ne voulait pas rentrer dans ma caboche. C'était comme essayer de faire pousser des chaussures sur un arbre. Elle m'a sorti du pensionnat avec des pincettes. J'étais couvert de poux. Généreux en corrections, radin en eau et savon.
Lola rejeta la couette sur le lit, attrapa rageusement un gilet et sortit de la pièce. Une douleur enfouie en elle se dépliait soudain comme une carte routière.
...Tout chemin est une déviation qui mène à la même route.
OK, dit elle. Il faudrait peut être que je change de chaussures…
Desmond regarda les seins de Lola.
-Pourquoi ? Vous êtes très sexy en baskets.