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sur 3853 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Bienvenue en enfer. "En finir avec Eddy Bellegueule" c'est une plongée sans oxygène dans la misère sociale, intellectuelle, morale. C'est l'interdiction d'être différent sous peine d'en payer le prix fort. C'est aussi comment dire non à un fatalisme ambiant ou l'avenir semble s'arrêter à la sortie du village.
Comment se construire dans un tel environnement ou chômage, violences, alcoolisme, brimades sont le pain quotidien d'Eddy ? On vit au jour le jour, l'argent manque, on reste devant la télé, on picole jusqu'à la syncope, on s'insulte, on profère des injures de toutes sortes (de préférence raciale ou homophobe). Et lorsqu'on s'aperçoit qu'on est différent de ces gens là, une seule échappatoire, la fuite.
On ne peut rester insensible à tant d'horreurs. le récit d'Edouard Louis n'épargne pas le lecteur, du cru, du cul, du malsain, de la bêtise humaine, ces pages en sont remplies, jusqu'à la nausée. On se dit que c'est pas possible, pas autant, le calvaire d'Eddy est impensable. Et pourtant.
Un premier roman coup de poing, dérangeant et malsain qui se lit d'une traite.
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J 'en ai aussi fini avec Eddy Bellegueule...Ouf!

Ce livre qui a fait le buzz à sa parution me laisse partagée entre gêne diffuse et étonnement admiratif. Cette autofiction affirmée et assumée est à la fois fascinante à lire et malsaine par ce coté voyeur imposé au lecteur.
J'ai toujours un peu de mal avec les livres "règlements de comptes familiaux". Ils me placent dans un statut ambigü, entre attirance et répulsion.

Et ici, on oublie poésie et élégance!
Le récit du parcours familial et scolaire d'un jeune homosexuel dans un village de Picardie montre une société inculte, raciste et violente, gangrénée par le chômage et l'alcoolisme, par une pauvreté matérielle et intellectuelle. La "beaufitude" décrite dans ses moindres recoins: agressivité familiale, indigence de langage, attitudes inconvenantes, brutalité sexuelle, brimades scolaires.
C'est une oeuvre romanesque revendiquée comme telle, qui se veut dénoncer une réalité sociale de prolétariat, quitte à en accentuer le trait.

Edouard Louis se roule dans le "trash" avec une certaine complaisance et, toute pudibonderie mise à part, j'ai un peu saturé. Mais je salue néanmoins un premier livre spontané, sans concession, brutal et impudique, rageur et provocateur, toutes qualités d'une oeuvre de jeunesse. Etre capable de mettre en mots ce qui sort des tripes augure du potentiel de l'écrivain que j'espère recroiser dans le futur.
Et un coup de chapeau pour une réussite personnelle méritante.

Une chose me titille quand même: comment peut-on, à l'adolescence, avoir conscience de son milieu social sans jamais en être sorti, et sans en avoir de point de comparaison. Tout ce roman s'apparenterait alors à un canular?

Ce brulot est donc un beau coup de poing et sans doute un beau coup d'édition.
J'imagine aisément la réaction étranglée de la famille concernée!

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Eddy Bellegueule, c'est à coups de brimades qu'il sortira tant bien que mal d'une enfance pourrie jusqu'à la moelle. C'est pas possible une telle misère même 20 ans derrière. Les parents d'Eddy semblent tous deux complètement aliénés, dépravés et aux abonnés absents de l'éducation et de l'amour.
Eddy c'est aussi et surtout ce gosse aux manières efféminées, aux gestes de grande folle, à la voix anormalement aiguë. Avec une telle figure, Eddy va toutes se les ramasser, insultes, violence, harcèlement. La différence coûte cher. La misère sociale se nourrit d'abjection, d'absurdité. Ça tourne comme un disque rayé, ça fait mal à la tête. Eddy, va voir ailleurs, fuis la, ta misère, c'est sûrement mieux loin de chez toi.
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Eddy.

Eddy Bellegueule.

Pas facile de débuter dans la vie avec un nom pareil.

Et c'est bien ce dernier que l'auteur, dans ce roman autobiographique, va tenter de fuir.

Fuir le milieu ouvrier d'où il vient, fuir la pauvreté, fuir le village où il a grandi, moqué car different. Car Il est le pédé.

Un livre touchant. Sans plus. Il m'a manqué quelque chose. Un supplément d'âme peut être.
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« de mon enfance, je n'ai aucun souvenir heureux. » Cette phrase définitive pourrait constituer une provocation – réussie – pour attirer le lecteur (cela me fait arbitrairement penser au « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » de Marcel Proust. Qu'en sait-on en réalité ?). Mais dans le cas d'Edouard Louis, derrière ce constat se niche un désespoir profond, celui d'un enfant qui fait l'expérience trop jeune, trop vite, de la violence parce qu'il se démarque des autres avec ses grands gestes dramatiques, sa voix trop aigue, trop féminine, sa démarche trop chaloupée. Quand on ne trouve pas sa place et qu'on vous le fait durement sentir, que faire d'autre que d'organiser sa propre évasion ? Ce résumé fait très XIXe siècle, alors qu'il se passe dans la Picardie prolétaire des années 1990, où, à en croire l'auteur, la seule ambition, dès lors qu'il est possible de quitter légalement l'école sans voir disparaître les allocations familiales, est de rejoindre l'usine la plus proche pour un travail harassant, mal considéré, mal payé.

Dans ce roman autobiographique très cru, Edouard Louis dresse une espèce de généalogie de la violence, symptôme immédiat d'une pauvreté financière, culturelle et émotionnelle, systémique : « Au village les hommes ne disaient jamais ce mot, il n'existait pas dans leur bouche. Pour un homme la violence était quelque chose de naturel, d'évident. Comme tous les hommes du village, mon père était violent. Comme toutes les femmes, ma mère se plaignait de la violence de son mari. Elle se plaignait surtout du comportement de mon père quand il était saoul ». Cette masculinité toxique effroyable est érigée en modèle, en mode de vie à perpétuer, auquel l'auteur a tenté de se conformer, et ceux qui s'en détachent, à son instar, qui sortent de la norme, prennent le risque d'être traités de « tapette », entre autres adjectifs dévalorisants liés à l'homosexualité. Un terme toujours présent, assimilé à une faiblesse, un défaut, une honte. Et le pire, c'est que les femmes souscrivent à leur manière à ce piège déterministe : « Tout se passe comme si, dans le village, les femmes faisaient des enfants pour devenir des femmes, sinon elles n'en sont pas vraiment. Elles sont considérées comme des lesbiennes, des frigides ». Et celles qui seraient trop libres, comme des « putes ».

Eddy Bellegueule fera donc les frais de cette violence, sous toutes ses formes. A la maison d'abord, ses parents, démunis et il faut le dire, honteux de sa manière d'être, ne réussissent à lui apporter ni amour ni soutien : Jacky, le père, est un ouvrier macho, raciste et violent, bien qu'il ait toujours épargné femme et enfants, traumatisé par son propre père ; Brigitte, la mère, est une femme brisée par ses trop nombreuses grossesses, la première étant survenue à ses dix-sept ans, et qui ne sont pas tellement le résultat d'un choix : « c'était une mère presque malgré elle, ces mères qui ont été mères trop tôt. ». Une femme usée par la vie, le manque d'argent, incapable d'avoir le temps de s'occuper, et par là, d'aimer son fils ; à l'école, puisqu'il se fera harceler et frapper tous les jours par deux garçons plus âgés, qui ont identifié en lui la « tapette » ; par son village enfin, qui le trouve bizarre et se moquent de lui dans son dos, comme sa mère l'en informe un jour : « Tu sais, Eddy, tu devrais arrêter de faire des manières, les gens se moquent de toi derrière ton dos, moi je les entends […]) ».

Quelque chose dans la description de ces « gens de peu » avec des mots simples, l'emploi de l'italique, m'a fait penser à Annie Ernaux et notamment à son roman « La Place », puisqu'Edouard Louis parle lui aussi de son départ de la classe prolétaire par le biais des études. On retrouve dans « En finir avec Eddy Bellegueule » cette absence de place pour les sentiments, due au labeur de ces personnes de la classe ouvrière, qui n'ont pas de temps pour le superflu. Il y a une certaine envie sociologique, de la part d'Édouard Louis, d'expliquer les raisons de la misère (à tous les niveaux) de sa famille, de leur colère et de la violence aussi, nées dès la pauvreté, de la soumission à un ordre établi sans possibilité de se rebeller. Mais c'est là où la comparaison avec Annie Ernaux s'arrête, car Edouard Louis est bien plus punk, plus trash, plus nihiliste, dans ses descriptions au lance-flammes de ses voisins et de sa famille, dont il met surtout en avant la violence brute, la bêtise, la saleté même, tandis qu'il se décrit à l'inverse comme un « bourgeois » en devenir, au point que certains critiques l'ont taxé de prolophobie. Edouard Louis a subi la violence, mais la retourne avec ce roman en une tentative cathartique contre le lecteur, qui se retrouve à la fois voyeur et victime malgré lui.

« En finir avec Eddy Bellegueule » est ainsi une oeuvre dérangeante dans sa franchise, dans ce qu'elle exige du lecteur. Je ne sais pas si j'ai aimé ce roman, qui m'a prise aux tripes et m'a paru parfois assez insoutenable ; mais pour sûr, il s'agit d'un texte qui me sera difficile à oublier.
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Edouard Louis ose un thème ardu. Il se prend un peu les pieds dans le tapis et se tient parfois au bord du mélodrame, mais se redresse avec son style minimaliste et un grand sens du détail. Dans ce roman rien n'est trop normal, et sous nos yeux de voyeurs gênés, il devient un miroir hautement autobiographique. Comme si on regardait par-dessus l'épaule du petit Eddy Bellegueule.

C'est parfois brouillon et naïf mais j'ai retenu l'énergie explosive, la résilience, l'humour incorrect et la volonté d'en découdre avec son passé en lançant le pavé dans la mare.
C'est un roman âpre comme la réalité de ceux qui désirent exister différemment des normes sociales et qui cherchent leur chemin vers la clarté et la sérénité.
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Depuis le temps que j'entendais parler d'Edouard Louis, j'ai enfin eu l'occasion de lire son roman résolument autobiographique.
Pas une révélation pour moi. le style m'a paru ni bon ni mauvais, je n'y ai pas discerné de "patte" véritable. Par contre, la griffe est là, et bien acérée ! Quelle critique acerbe de sa famille, de tout son entourage ! Il semble bien que son enfance n'ait pas été bercée dans du coton ouaté, mais tout de même, je l'ai trouvé très dur, tranché dans ses avis, sans aucune empathie ni tentative de se mettre à la place des autres. Alors qu'il ne cesse de les critiquer et de les mépriser dans les portraits qu'il dresse de ses parents, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion pour cet homme à l'enfance difficile, qui a eu l'énorme mérite de se décider "non violent" à l'égard de ses enfants, refusant se répéter son schéma familial, qui se retrouve invalide, souffrant d'un mal de dos chronique du à des conditions de travail trop dures, à sa mère, qui s'est totalement sacrifiée pour sa famille, pour ses enfants. Alors, certes, ce n'est pas un milieu très cultivé et intellectuel, mais les efforts sont là.
Concernant l'homophobie ambiante, il y a une trentaine d'années, le reste de la France, les autres familles étaient-ils si différents ? Plus tolérants, plus ouverts?
J'ai trouvé non indispensable et choquants les récits des séances sexuelles. Pourquoi ce ton si cru ? Penser qu'un enfant si jeune ait ressenti de réel désir physique, aussi violent, cela me perturbe (quelle que soit son orientation sexuelle, là n'est pas la question).
Bref, je partage la douleur de son ressenti de victime d'homophobie, je comprends son enfance difficile, mais j'aurais apprécié une prise de recul et une certaine compréhension d'autrui.
Un peu plus d'humanité dont il semble avoir tant manqué...
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Je suis arrivée à la fin de cette lecture, éprouvante certes. C'est une lecture qui m'interroge : d'un côté, la répulsion, de l'autre la compassion.
Répulsion face aux épreuves qu'a dû subir Eddy Bellegueule, face à cette misère sociale, familiale, culturelle, financière. Répulsion face à ses choix, ses faiblesses. Face à ce qu'on pourrait prendre pour de l'étalage condescendant.
Compassion pour ce jeune garçon stigmatisé dans ce microcosme de la société. Pour sa fuite en avant, malgré lui. Juste pour pouvoir vivre tel qu'il est. Compassion pour sa famille, condamnés malgré eux et soumis à un éternel recommencement. Compassion pour cette fatalité.

Est-ce une autobiographie pure et dure ? Ou une fiction fondée sur une histoire vraie ? Je ne saurai le dire. Je n'y ai pas ressenti de mensonge, ni de complaisance. Juste un état de fait : la vie d'Eddy Bellegueule, version brut. Je n'y ai pas vu de rejet de sa famille, juste une froide analyse. Je n'y ai pas vu non plus de sensationnalisme, juste une réalité difficilement « lisible ».

Ai-je aimé cette lecture ? Je ne saurai pas le dire non plus. En tous cas, une lecture qui ne laisse pas indifférente.
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TABOUS

J'ai été surprise par la dureté de ce roman, de la vie chaotique d'Eddy durant ses premières années et son adolescence.
Ce fut une lecture attachante, émouvante qui permet de prendre conscience qu'avec de la volonté on peut s'en sortir...

A découvrir.
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Les aveugles, les sourds, les muets, les boiteux, enfin les infirmes quoi et qui sais-je encore ont tous leur place dans la société, tous sauf « Eddy Bellegueule » Il est pourtant bien plus proche que les autres de la normale telle que la dite-société l'entend sauf que son « défaut » à lui est intolérable ! Même par ses proches qui vont lui vouer une haine féroce face à son état d'individu qu'il n'a pourtant pas choisi.
Eddie a bien cherché la clef pour enfin intégrer cette société qui ne veut pas de lui mais rien à faire. Alors il a décidé ce qu'il croit finalement comme la seule solution ; lui écrire à cette société.
Lisez, car même si comme moi vous vous sentez mal à l'aise comme envahi le sentiment d'être là tel un voyeur, ce qui est important est la leçon que l'on tire de cet ouvrage bouleversant sur tout simplement… l'intolérance.
A travers une écriture âpre et violente Edouard Louis signe un premier roman autobiographique révélant un auteur très prometteur.
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