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EAN : SIE18597_4337
(30/11/-1)
2.92/5   40 notes
Résumé :
Dans Les beaux draps, l'un des trois pamphlets qu'il faudra bien un jour rééditer, il annonce le Smic, les trente-cinq heures et la civilisation du dessin animé... Bien sûr que Céline est impardonnable. Mais le monde est mal fait : il est rare que les braves types chaleureux, sexuellement équilibrés et moralement irréprochables, fassent de grands écrivains aux visions fulgurantes.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les beaux Draps est le dernier des trois pamphlets antisémites de Céline, et celui qui est le plus pénible à lire. D'un part, l'effet de « surprise » est passé depuis bien longtemps, l'auteur a déjà clairement exposé son point de vue dans les livres précédents, et ne fait ici que radoter péniblement. Céline a beau multiplier les vociférations et les insultes les plus outrageantes, on n'échappe pas à la sensation de tourner en rond. Alors qu'on devait reconnaître, quels que soient nos avis sur les idées de l'auteur, une certaine percussion et éloquence dans ses écrits dans Bagatelles dans un massacre, ici on a juste envie de lui mettre une couverture sur les épaules et de le raccompagner à la maison.

Il finit tout de même par se rendre compte qu'il s'essouffle à force de hurler en vain. On a alors droit à un curieux changement de direction, assez abrupt et inattendu : Céline se met à faire de la politique. Mais de la vraie cette fois-ci : instauration des 35 heures, revenu minimal pour tous, … les propositions s'enchaînent mais ne provoquent que de la perplexité. Un peu comme si le type bourré qui insulte tout le monde depuis vingt minutes sur la Grand'Place se calmait d'un coup pour dire « Non, mais sérieusement, si on travaille tous ensemble, on peut bâtir un monde meilleur ».

Lire tous les écrits de Céline, même les « maudits », me semblait indispensable pour comprendre pleinement le personnage. Même si je les ai entamés pour lui trouver des excuses au départ, j'ai bien été forcé de me rendre à l'évidence quant au racisme et à l'antisémitisme crasse du personnage. Ça ne me fait pas changer d'avis sur la qualité de ses romans, mais je préfère décidément le romancier au polémiste..
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Dernier des pamphlets antisémites de Céline. le plus lisible et de fait le plus ambigu. Plus de torrents d'injures, plus d'appels interminables au pogrom, plus ce flot de haine si violent de Bagatelles pour un massacres et de L'école des cadavres. Mais toujours de l'antisémitisme. Pas caché du tout, mais plus retenu, plus policé.

Le racisme de Céline évolue, se structure, apparaît moins pulsionnel -non qu'il le soit en réalité. Son antisémitisme retrouve son fondement : d'une part la volonté de pacifier l'Europe, d'autre part la croyance que les juifs sont responsables du conflit mondial. Avec Les beaux draps, Céline précise cette pensée ; pour que l'Europe devienne ou reste une civilisation, elle doit se pacifier en devenant homogène, c'est-à-dire « racis[t]e d'exaltation, de perfection, de grandeur », « un racisme d'âme et de corps ». Une Europe fermée qui renvoie les juifs en Palestine. Au passage, Céline défend sa vision du communisme, sa vision d'une France comme grande famille unie (« C'est ça le bonheur d'un pays, le vrai bouleversement social, c'est des papas mamans partout »). Cette vision encore partagée par de nombreux partis politiques extrémistes d'aujourd'hui est ce qui rend ce pamphlet, à la fois le plus actuel et le plus ambigu.

Ambigu aussi, car se côtoient racisme, cynisme et humanité. A l'inverse de L'école des cadavres, de nombreuses pages sont écrites sans référence aux juifs. L'épisode de la fuite de l'armée française est traitée avec ironie : « Moi j'ai fait la retraite comme bien d'autres, j'ai pourchassé l'Armée Française de Bezons jusqu'à La Rochelle, j'ai jamais pu la rattraper ». Plus inattendu, Céline aborde des questions de justice sociale : plafonnement du temps de travail à 35 heures et des salaires à 100F. Il juge que l'argent c'est la pomme de la discorde (« Tout ce que vous lui direz au peuple à l'époque actuelle, si vous lui parlez pas des ronds, d'abord, envers, par-dessus tout, ça tombera à plat »). Il faut vider l'argent de sa substance, le désincarner, réglementer sa répartition, d'où le salaire maximum. Les dernières pages, comme toujours réussies chez Céline, décrivent la misère du peuple exsangue, malade du froid et de la pénurie de denrées alimentaires et de charbon.

Les pages qui me semblent les plus intéressantes, abordent la volonté de Céline de rénover l'école : « L'enfance notre seul salut. L'École. ». Selon lui, l'école désintéresse les enfants « du goût, de l'enthousiasme, de la passion, des seules choses utiles dans la vie » pour leur apprendre « que des sottises raisonnantes, anémiantes, médiocrisantes ». L'école fait « tourner en plomb leur vif argent », « ne crée pas des hommes ailés, des âmes qui dansent, elle fabrique des sous-hommes rampants ». Céline revient ainsi à sa critique du matérialisme : « La ferveur pour le gratuit, ce qui manque le plus aujourd'hui, effroyablement ». Il appel de ses voeux le progrès mais pas à n'importe quel prix : « je vois l'homme d'autant plus inquiet qu'il a perdu le goût des fables, du fabuleux, des Légendes, inquiet à hurler, qu'il adule, vénère le précis, le prosaïque, le chronomètre, le pondérable ».

Certainement, le pamphlet qui parle le plus au racisme qui traverse nos sociétés actuelles.
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Le comble de l'abjection. Céline, dans ce pamphlet publié en 1941 aux Nouvelles éditions françaises, se vautre dans l'antisémitisme et le collaborationnisme comme nul n'a osé le faire avant lui. Chaque page dégouline de ressentiment et de haine rancie, et cette haine a le pouvoir effroyable de se communiquer au lecteur, qui ressort de sa lecture avec le féroce regret que Céline ait échappé au peloton d'exécution.
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il y'a de tout chez nous tous... le blanc, le noir, la
nuance et la caricature... le beau et le laid ...la
méchanceté et la tendresse.....l'ambiguïté et la
clarté ...le calme et la tempête ... le désespoir et
l'humour... la frime et la honte ...l'exibitionnisme et
la pudeur... la joie et la souffrance... la cruauté et la
douceur ..la haine et l'amour ... l'hypocrisie et la
cohérence...
Les beaux draps est de ce point de vue une oeuvre
capitale du XXème siècle et toute son oeuvre c'est
notre vie LA VIE.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Bien sûr on peut pas supprimer, l'usine dès lors étant admise, combien d'heures faut-il y passer dans votre baratin tourbillant pour que le boulot soye accompli ? toutes les goupilles dans leurs trous , que vous emmerdiez plus personne ? et que le tâcheron pourtant crève pas, que ça tourne pas à sa torture, au broye-homme, au vide-moelle ?...
Ah ! C'est la question si ardue... toute délicate au possible. S'il m'est permis de risquer un mot d'expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c'est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique.
Y a pas que le vacarme des machines, partout où sévit la contrainte c'est du kif au même, entreprises, bureaux, magasins, la jacasserie des clientes c'est aussi casse-crâne écoeurant qu'une essoreuse-broyeuse à bennes, partout où on obnubile l'homme pour en faire un aide-matériel, un pompeur à bénéfice, tout de suite c'est l'Enfer qui commence, 35 heures c'est déjà joli.
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La Cité future pour Popu c'est son pavillon personnel avec 500 mètres de terrain, clos soigneusement sur quatre faces, canalisé si possible, et que personne vienne l'emmerder. Tout ça enregistré devant notaire. C'est un rêve de ménagère, un rêve de peuple décadent, un rêve de femme. quand les femmes dominent à ce point, que tous les hommes rêvent comme elles, on peut dire que les jeux sont faits, que grandeur est morte, que ce pays tourné gonzesse, dans la guerre comme dans la paix, peut plus se défendre qu'en petites manières, que les mâles ont plus qu'à entrer faire leur office de casseurs, saillir toutes ces mièvreries, abolir toutes ces prévoyances.
Ça sera-t-y des jaunes ? des blancs ? des noirs ? des purs ? des compliqués ?
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Élection égal Baratin, égal achat des ahuris, égal flagornerie des foules, égal Bistrot empereur des Rots, égal Français "premier du monde", égal noyade en vinasse, égal Grande Presse et Ratata, grande radio, égal grande ribote des votants, égal la folle foire d'empoigne, égal viande saoule à discrétion, égal Parlement de Laquais, commissionnaires de cantons, laquais d'enchères, laquais de Loges, laquais de juifs, laquais à toutes sauces, laquais éperdus d'astuce, à ramper, bramer, farfouiller, boîtes et ordures en tous genres, [...] toutes hécatombes en tous genres, la France en tige, en fleur, en herbe, fauchée selon la méthode, les clauses du véritable pacte, le seul qui importe, le seul respecté : Vote aux Aryens, Urnes aux juifs.
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Pour finir la révolution faudrait qu'on leur offre le moulin, la petite crécelle à prières, et que c'est tout écrit dessus, les doléances en noir sur blanc, les espoirs, les exigences... comme au Congrés du Lama... Ils tourneraient ça tout en marchant, en processionnant pour que ça tombe... Chacun son petit moulin d'éternelle revendication... ça ferait un barouf effroyable, on pourrait plus penser qu'à eux...
"Je suis l'Homme conscient !... j'ai des droits !... j'ai des droits !..." Rrrrrrr ! Rrrrrrr! Rrrrrr !... "Je suis opprimé !... Je veux tout !..." Rrooouuuu !... RrOOOUUUU !...
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Le monde est matérialiste, le plus menu peuple compris. Il croit plus à rien qu'au tangible. C'est comme ça l'Instruction Publique, l'évaporation des Légendes. [...]
C'est la base qu'est vermoulue, qu'étant bâtie sur l'espoir, ils en veulent plus du tout de l'espoir, ça ressemble trop aux courants d'air, ils veulent du "tout de suite et confort".
C'est plus des hommes de Légende, c'est plus des imaginatifs, c'est des hommes de la mécanique. Pascal ça l'étonnait aussi les espaces infinis des cieux, il aimait mieux la brouette.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
F : 0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné 0:15 - FOU - Delphine Gay 0:25 - FOULE - George Sand
G : 0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet 0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
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I : 2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol 2:17 - IDÉE - Anne Barratin 2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos 2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline 2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin 3:05 - INJURE - Vauvenargues 3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort 3:25 - INTELLIGENCE - Alain 3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J : 3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly 3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard 4:09 - JOIE - Martin Lemesle 4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L : 4:33 - LARME - Georges Courteline 4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson 4:57 - LIT - Paul Éluard
M : 5:05 - MALADIE - Boris Vian 5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/ Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/ Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/ Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994 Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855 Charles Pinot Duclos
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