Le Petit chaperon chinois

Voilà un conte européen adapté à la mode asiatique par Marie Sellier et son illustratrice Catherine Louis. Grand-mère Yu se met en route pour aller rendre visite à ses trois petites-filles qui vivent de l'autre côté de la montagne chauve. Dans son panier, elle a déposé des petits pains farcis à la viande et des galettes. Bondissant des fourrés, un vilain loup gris se fait offrir une partie du contenu destiné aux jeunes Tao, Li et Hua. Mis en appétit, il dévore la vieille dame, puis décide de se régaler des trois mignonnes. Bien entendu, aucune d'elles ne se laisse abuser par le gredin, qui essaie d'adopter la voix de la vénérable aïeule. A force d'ingéniosité, elles parviennent à capturer l'animal à l'aide d'une gigantesque corde. Tout est bien qui finit bien, si ce n'est qu'on ne parle plus de la grand-mère qui semble faire désormais partie du loup. Si on retrouve la fantaisie du récit traditionnel « le petit chaperon rouge », cette histoire évoque également « Les trois petits cochons », avec trois gamines qui ne perdent pas leur sang-froid et qui jamais n'ouvrent la porte de leur chaumière à celui qui tente de les avaler toutes crues, mais aussi à « Pierre et le loup » avec une capture homérique du méchant de service à l'aide d'un lasso depuis la plus haute branche d'un arbre vénérable. La fluidité de la narration, l'humour qui filtre de certains dialogues et la magnifique création de dessins originaux font de cet album un plaisir visuel indispensable à partager. Autre originalité : cet ouvrage se déplie comme un accordéon.

Nous connaissions les multiples versions françaises classiques du Petit Chaperon Rouge, un peu moins la version chinoise. Si à l'origine la petite désobéïsante encapuchonnée partait soulager sa grand-mère malade de quelques douceurs dans un panier, ici, c'est la mamie chinoise bien vaillante qui part de l'autre côté de la montagne chauve visiter ces petites-filles (oui précisément trois ! Tao, Li et Hua !) . Rencontrant à son tour le loup sur son chemin elle n'échappe pas au terrible sort d'être croquée. Parée des atours de la vénérable croquée toute crue, il tente de déjouer la vigilance des trois petites et nous rejoue la scène « des sept biquets » devant la porte close. Mais les filles ne sont pas dupes et c'est au bout d'une corde qu'elles penderont le glouton au poil gris la tête en bas ! Plus dure et drôle sera la chute…de cette histoire !
Cette version était, peu être, en partie connue pour les spécialistes du Petit Chaperon avec l'album « LOM PO PO » de Young paru chez Flammarion. Elle est en tout cas encore un poil différent raconté par Marie Sellier, à un poil de loup près, le travail réalisé par Catherine Louis avec ses ombres chinoises est une merveille pour les yeux. Noir sur Rouge ou Rouge sur noir, une ambiance frissonnante recto-verso qui fait aussi froid dans le dos..du livre!

Marie Sellier revisite avec brio le conte de Perrault dans ce magnifique album lopporelo. Elle échange d'abord la place des personnages en proposant une grand-mère qui se fait manger en rendant visite à ses petites filles. Puis elle allie des références au Loup et les sept chevreaux en montrant combien les enfants se méfient de ce personnage dans lequel elles ne reconnaissent pas leur mère-grand. le mélange est étonnant et apporte une vraie originalité.

Les illustrations tout en rouge et noir jouent autour du principe des ombres chinoises (d'où le titre). Les paysages et personnages font eux aussi référence à l'asie avec des symboles facilement reconnaissables : dragons, cerisiers…

Un ouvrage de belle manufacture que je suis heureuse d'avoir dans ma bibliothèque

Un petit chaperon chinois noir et rouge.
Les illustrations noires se découpent sur un fond rouge, profond, apportant ainsi toute la dimension asiatique au célèbre conte.
La grand-mère va voir ses petites filles et c'est elle qui rencontre le loup dans la forêt. Après l'avoir engloutie, l'animal se précipite chez les fillettes pour les dévorer. Les trois petites découvrent vite la supercherie et se montrent plus malines que le grand méchant loup…
Les découpages se déplient dans un livre accordéon et sur chaque page, on peut lire un calligramme chinois traduisant un mot de l'histoire : « loup », « panier » ou bien « porte » et « lit ».
Magnifique objet-livre.

Le Petit Chaperon chinois, de Marie Sellier et Catherine Louis, chez ‎Philippe Picquier, à partir de cinq ans. C'est un très bel objet et c'est un livre qui nous permet d'aborder de façon à la fois très accessible et très lisible le Petit Chaperon rouge chinois, qui ressemble beaucoup plus aux versions du Morvan ou de l'Auvergne que les contes que nous croyions connaître. Dans le Petit Chaperon rouge chinois, c'est aussi une victoire des filles, pas parce que c'est dans l'air du temps, mais parce que la version le dit. Les filles triomphent et on entend leur voix. C'est un livre formidable. le conte, c'est aussi le meilleur moyen de rencontrer l'autre, de rencontrer la différence, d'entrer de plain-pied dans une autre culture.