AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 1003 notes
« Tu appartiens à cette catégorie d'humains à qui la politique réserve une mort précoce. » (p. 14)

Édouard Louis nous parle de son propre père, cassé par la vie, ou plutôt par sa condition sociale. Après "En finir avec Eddy Bellegueule", cri froid contre l'injustice dont avait souffert sa famille, il s'agit ici pour lui d'expliquer et de construire.

L'affiche est alléchante, mais l'exercice se transforme vite en babillages du samedi soir, qui m'ont fait penser à ceux de Christine Angot, à condition d'imaginer celle-ci tenant un discours de gauche...
Édouard Louis m'a vite perdu à travers ses propos dont le but final est toujours lui-même, sa petite personne, élargie tout de même, mais à une seule chose : son identité sexuelle. Le sujet n'était pas les classes populaires ?

Petit bourgeois de la cause prolétarienne qui voulait défendre les pauvres mais ne s'occupe que lui-même. C'est à cela qu'il me fait penser.
Hormis quelques bonnes phrases bien senties, ce pamphlet me paraît bâclé et surtout extrêmement prétentieux, le comble allant maintenant jusqu'à mettre en avant ses propres livres.

Pourtant, Édouard Louis parle du corps et de la violence sociale qui peut atteindre la chair et le coeur des hommes. Il me touche, m'interpelle et m'intéresse particulièrement. le problème est, je crois que, contrairement à ce qu'il prétend, notamment pendant son intervention dans "La Grande Librairie" récemment, il y a encore chez lui un trop grand écart entre la théorie et l'expérience. le corps lui-même n'est plus qu'une idée.
J'espère qu'il saura un jour relier les deux et donner un peu plus de chair à ses belles théories qui en manquent cruellement.

Lu en mai 2018.
Commenter  J’apprécie          12018
Le nouveau livre d'Edouard Louis est sorti.

Un livre sur le père.

Son père.

On retrouve les tourments de son premier ouvrage, En Finir Avec Eddy Bellegueule. L'auteur s'engage et mêle politique et fragments de souvenirs.
Au dos du livre : « L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. »

Tout est dit, le livre est bel et bien résumé.

Un livre lu en une heure où l'écriture est forte, précise.

Pourtant.

Pourtant, je n'en garderai pas un souvenir extraordinaire personnellement tant le propos m'a semblé ténu. Edouard Louis y raconte son père et les non dits qu'il y a entre eux. Des souvenirs souvent troublants, touchants. Puis une explication rapide du titre pour finir proprement.

Je sais qu'il est de bon ton de crier au génie lorsqu'on évoque ce jeune auteur. Moi, ce livre à le goût du trop peu. Je passe donc à côté.

Et je pense que définitivement, ses livres ne sont pas pour moi. Cette deuxième tentative me le confirme.
Commenter  J’apprécie          11422
Retrouver Édouard Louis est émouvant car la lecture de son premier livre : En finir avec Eddy Bellegueule, m'avait impressionné et ému à la fois. Pourtant, je n'ai pas lu encore Histoire de la violence

Qui a tué mon père, titre de ce recueil de confidences et de souvenirs, ne comporte pas de point d'interrogation car ce n'est pas une question, plutôt une introspection, l'introspection d'un fils qui parle de son père, un père qui ne peut pas répondre puisqu'il n'est plus de ce monde.
Souvenirs douloureux, émouvants parfois se succèdent, sont datés sans ordre chronologique et ce qui me frappe une fois de plus, c'est la terrible hostilité d'un père envers un fils qu'il aime profondément mais dont il ne peut accepter la féminité. Cette féminité, Édouard Louis l'affiche, l'assume et en subit les conséquences à la maison et en dehors.
Il y a aussi l'usure d'un homme brisé par le travail et là, le livre sort de la sphère familiale et du couple que formaient ses parents, couple dont il ne cache pas les échecs et la rupture. Édouard Louis met franchement en cause ces hommes politiques qui remplacent le RMI par le RSA (Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch), pondent une Loi Travail (François Hollande, Myriam El Khomri et Manuel Valls) causant de véritables désastres dans la vie quotidienne des plus humbles.
Les conséquences ont été désastreuses pour la santé de son père et l'auteur insiste pour qu'on cite les noms puis ajoute : « On ne dit jamais fainéant pour nommer un patron qui reste toute la journée assis dans un bureau à donner des ordres aux autres. »
La période actuelle n'y échappe pas puisque, à peine élu, Emmanuel Macron a enlevé cinq euros aux plus faibles pour, en même temps, baisser les impôts des plus riches. Ainsi, l'histoire du corps de son père se calque sur l'histoire politique du pays et c'est bien de le démontrer.
Qui a tué mon père est un écrit plein de sensibilité, d'amour, de ressenti et de regrets. C'est tellement plein d'humanité, de vie, cet amour d'un fils pour son père, malgré les meurtrissures de l'enfance, de l'adolescence puis de l'âge adulte !

Tout cela est conditionné par la vie politique et des décisions qui bouleversent nos vies, prouvant, si cela était nécessaire que François Ruffin a raison de titrer son dernier livre, s'adressant au Président de la République : « Ce pays que tu ne connais pas. »


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          984
Qui a tué mon père est un petit livre de seulement 84 pages - mais ô combien dense et intéressant – dans lequel Édouard Louis s'adresse à son père qui, âgé d'à peine plus de cinquante ans, est quasiment invalide : « Tu appartiens à cette catégorie d'humains à qui la politique réserve une mort précoce. »
Dans la plus grande partie du livre, l'auteur se remémore certains souvenirs d'enfance ou d'adolescence et les réactions de son père qu'il tente de comprendre et d'analyser. Il s'aperçoit que la violence que montrait parfois son père exprimait souvent de la colère sociale et cachait l'amour qu'il avait pour son fils et qu'Édouard Louis n'a pas toujours compris.
Cet homme aurait voulu avoir une autre vie mais il n'a pu échapper au travail de l'usine. C'est là qu'il sera victime d'un accident du travail qui lui broie le dos. Il s'en remettra mais très difficilement, les douleurs ne vont plus le quitter. Pour ne pas perdre son droit aux aides sociales, il a dû accepter un travail de balayeur, toujours penché alors que son dos était détruit.
Édouard Louis, dans la dernière partie du livre, va passer en revue les différents présidents de la République et leurs ministres qui, par leurs lois, ont tué des travailleurs comme son père. Il n'en épargne aucun et nous rappelle précisément les années et les lois ou réformes : « Hollande, Valls, El Khomeri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L'histoire de ta souffrance porte des noms. L'histoire de ta vie est l'histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t'abattre. L'histoire de ton corps est l'histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. »
C'est un bouquin très personnel, intimiste, très pudique aussi et c'est en même temps un texte universel et politique dans lequel Édouard Louis exprime avec force la colère qu'il a vis-à-vis des politiques qui ont brisé son père.
Le titre, Qui a tué mon père, ne comporte pas de point d'interrogation car c'est une réponse que l'auteur apporte dans ce livre, un livre très contemporain, un livre bouleversant !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          824
“I'm not my father's son. I'm not the image, of what he dreamt of”. Cette chanson, composée par Cyndi Lauper pour la célèbre comédie musicale « Kinky Boots » pourrait illustrer la relation père-fils racontée dans ce livre.

En réalité, il y a deux livres en parallèles dans cet ouvrage.

“Chez ceux qui ont tout, je n'ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. (…) un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. (…) Ça aussi c'est étrange, c'est eux qui font la politique alors que la politique n'a presque aucun effet sur leur vie. »

Le premier est résolument politique. Mais au lieu de s'appesantir sous le ciel des Idées, l'auteur normalien part du singulier pour rejoindre le général. Il démontre un fait très simple : l'intime est politique et le politique est intime. Il n'y a pas de muraille de Chine, ni de poste de télévision interposé entre notre quotidien et les décideurs politiques. Il n'y a aucun lieu qui soit hors d'atteinte, hors de portée d'une décision politique (sauf peut-être pour ceux qui font les règles du jeu).

“La profession est plus forte que l'homme” écrivait Aragon. Les mesures économiques, les choix faits en matière de santé publique, de fiscalité, dans les couloirs feutrés des hôtels particuliers de la République meurtrissent dans sa chair un quinquagénaire picard et chaque décret participe à l'érosion de son espérance de vie.

Chaque prime de danger, de pénibilité ça veut dire en clair que le métier peut vous bousiller. Mais il faut retourner travailler, remettre son réveil pour défendre « à coup de dents ton lopin de monde pour t'endormir d'un samedi à l'autre” comme l'écrivait le poète Tristan Tzara. Comme un fait exprès, le nouvel âge pivot de départ à la retraite correspond à celui de l'espérance de vie…en bonne santé.

Ainsi, en économie, il n'y a pas de « meilleur équilibre » pour tous, comme le dénonçait Bernard Maris, le « gagnant-gagnant » est un « attrape nigauds » pour reprendre le mot de Régis Debray.

Là où François Bégaudeau pointe une classe bourgeoise dans un système de domination, Edouard Louis fustige les politiciens, élus du peuple, pour lui les responsables politiques sont par définition « responsables » et doivent être tenus comme tels.
Serait-ce à affirmer, d'une part le libre arbitre total des politiques et d'autre part l'absence d'un rapport de force entre les politiques qui parfois voudraient, et le monde économique qui finance la vie politique et qui décide aussi de la marge de manoeuvre qu'il accorde aux politiciens ? Pour l'auteur, dans une position assez Sartrienne, les politiques sont ou se disent libres d'agir et donc ils devraient (dans le meilleur des mondes, celui de Candide, voire de Dora l'exploratrice…) en assumer les conséquences.

« Il y a ceux à qui la jeunesse est donnée et ceux qui ne peuvent que s'acharner à la voler. » L'auteur, désormais « transclasse » se revendiquant de Bourdieu, Foucault et Eribon, ne délivre pas là un scoop, mais il est borné, têtu : il répètera sans relâche les noms des décideurs politiques, les dates, les coupables… mais une fois qu'on a dit, ça que propose l'auteur ?

***

Chemin vers la tolérance. Puis il y a une seconde histoire. Une histoire de famille. Celle d'un père qui peine à se raconter à son fils et d'un fils qui cherche l'amour de son père. C'est l'histoire d'un père qui n'a pas choisi son fils et d'un fils qui n'a pas choisi son père « and they can't get over it. »
L'homosexualité du fils Edouard Louis, me rappelle les difficultés de l'homosexualité du père, Christophe Honoré, racontée dans « Ton Père » mais là où le père homosexuel subit des agressions extra-familiales, l'enfant homosexuel lui est attaqué par ses propres parents, son propre foyer.

L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne. Plus largement, l'auteur y accuse le poids des préjugés sur la masculinité, ce qu'être un homme. Ainsi les préjugés de ces populations paupérisées autour de ce qui « fait homosexuel » comme être investi dans ses études, s'intéresser à la culture etc peuvent les conduire vers l'impasse et la prison sociale “ta vie prouve que nous ne sommes pas ce que nous faisons, mais qu'au contraire nous sommes ce que nous n'avons pas fait.”
“Familles, je vous hais” écrivait André Gide, pour Edouard Louis il y a désormais l'amour comme moteur de la transformation de cette relation père-fils : “un de mes amis dit que ce sont les enfants qui transforment leurs parents, et pas le contraire. »

Ce livre a ici fait couler beaucoup d'encre numérique. Pour ma part, ce qui m'as dérangé c'est peut-être un problème de classification. Je n'ai pas trouvé de langue particulière. Pas de style littéraire qui puisse me faire dire, c'est un romancier. Pas de jeu avec la langue, au détriment de la langue. Cela relève davantage du récit que du roman. Mais comme le disait Maupassant, invalidant mes bêtises : « le critique qui ose encore écrire : « ceci est un roman et cela n'en est pas un » me parait doué d'une perspicacité qui ressemble fort à de l'incompétence » …aussi il faut aller voir et entendre Edouard Louis au théâtre de la Ville à Montmartre car son bouquin, c'est encore lui qui en parle le mieux !

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          677
J'ai tout entendu sur ce livre : indigent, ni fait ni à faire, simpliste, creux, inutile, un livre qui se moque du monde… Une telle volée de bois vert peut sembler suspecte. Ayant lu et vraiment beaucoup aimé En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, je me devais de jeter un oeil sur le dernier opus qui déchaîne actuellement les passions.
Eh bien... qu'il est beau ce livre !!!!
Complètement essentiel à mes yeux.
Avec des phrases simples, il dit exactement et précisément l'immense douleur du fils qui ne reconnaît pas son père. C'est quand même quelque chose ça ? Ne pas reconnaître son père ! Non ? Ce fils qui voit le corps du père usé jusqu'à la corde, pompé par le boulot, le corps d'un homme qui, à cinquante balais, ne peut plus marcher, ne peut plus respirer. Alors ce fils accuse. Il dit les noms de ceux qui, du haut de leur tour d'ivoire, n'imaginent même pas une seule seconde que leurs décisions politiques puissent avoir des conséquences directes, concrètes et terribles sur les plus démunis. Parce que « La politique ne change pas la vie » de ceux qui la font. « Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question d'esthétique, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c'était vivre ou mourir. » Faut-il rappeler que quelques euros en moins signifient pour certains des fins de mois où l'on ne donne aux gamins que des tartines de pain, le soir ? Au mieux. La cantine du midi a intérêt à être à la hauteur. C'est débile de rappeler des choses comme ça ? Je suis enseignante et je vois des parents d'élèves aux doigts noircis par le gel des compartiments frigorifiques de l'entreprise où ils travaillent toute la nuit, des gens pliés en deux à cause des charges qu'ils transportent toute la journée et ces gens-là me disent : mon gamin faut qu'il fasse autre chose, moi ma vie est pourrie, faites ce que vous pouvez, madame.
Des gens détruits, bousillés, épuisés, bouffés par leur boulot. Pas même besoin d'un accident de travail pour être réduits à néant.
Pourquoi ne pas pointer du doigt les responsables ? Pourquoi ne pas citer des noms ? Pourquoi rester dans l'abstrait ? Encore une fois, les choix politiques ont des répercussions concrètes sur les gens.
« L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique »
Quand je lis que ce livre est simpliste, ça me fait sortir de mes gonds.
Non, ce livre dit clairement que dans notre société, certains ont « une existence négative » : « Tu n'as pas eu d'argent, tu n'as pas pu étudier, tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves. Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer ta vie. »
« Ta vie prouve que nous ne sommes pas ce que nous faisons, mais qu'au contraire nous sommes ce que nous n'avons pas fait, parce que le monde, ou la société, nous en a empêchés. Parce que ce que Didier Eribon appelle des verdicts se sont abattus sur nous, gay, trans, femme, noir, pauvre, et qu'ils nous ont rendu certaines vies, certaines expériences, certains rêves, inaccessibles. »
Sur quelle planète vivent ceux qui jugent ces propos creux ou inutiles ???? N'ont-ils pas entendu ne serait-ce que l'écho de certains combats? Ne savent-ils pas que pour les catégories citées ci-dessus, il faut encore se battre pour être respecté, pour trouver du travail, un logement, pour ne pas se faire cracher dessus ? Rien n'est acquis. Et des livres comme celui d'Édouard Louis le disent. Pas de langue de bois, pas de propos vaseux. Rien de sibyllin. La langue est claire, nette, dépouillée, elle heurte par sa franchise, sa netteté, sa vérité. Elle dérange parce qu'au fond, toute interprétation est devenue inutile. C'est clair comme de l'eau de roche et tellement évident que ça devient gênant !
Peter Handke dans le malheur indifférent (1972), texte qui a beaucoup influencé Édouard Louis, parle de sa mère qui s'est suicidée à l'âge de 51 ans en ces termes : « Naître femme dans ces conditions c'est directement la mort… Fatigue / Épuisement / Maladie / Maladie grave / Mort. » CQFD. Et c'est la rage qui pousse l'auteur à dénoncer ce que la société a fait à sa mère, ce que la société fait aux femmes.
Il y a aussi dans le roman d'Édouard Louis le retour vers le père et c'est magnifique, d'une beauté sidérante dans le dépouillement des mots employés : « Il me semble souvent que je t'aime. » Dans les mots si simples de l'auteur, j'entends la voix du petit garçon « Tu as dit que tu n'avais jamais connu d'enfant aussi intelligent que moi. Je ne savais pas que tu pensais tout ça (que tu m'aimais?). Pourquoi est-ce que tu ne me l'avais jamais dit ? »
Faites ce que vous voulez, moi je pleure.
Magnifique, sublime et indispensable.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          658
Au nom du père, au nom des pauvres. « Qui a tué mon père », remarquez l'absence de point d'interrogation, est une prière marxiste, un “Notre Pére” laïque et une déclaration d'amour d'un fils à son père.

C'est aussi un livre politique radical, Edouard Louis prend la parole et la donne au gens de peu, aux déclassés.

Car ce qui frappe chez Louis, c'est à quel point il réussit à mettre des mots et des noms sur l'injustice qui frappe des hommes et des femmes invisibles, des êtres humains complètement oubliés par la classe dominante.

Le romancier Édouard Louis (2016)


"Le mois dernier, je suis venu te voir dans lapetite ville du Nord où tu habites maintenant.
C'est une ville laide et grise. La mer est à quelques kilomètres à peine mais tu n'y vas jamais. Je ne
t'avais pas vu depuis plusieurs mois – c'était i ly a longtemps. Au moment où tu m'as ouvert la
porte je ne t'ai pas reconnu."

Pas de gras, pas de superflu dans ce texte, Edouard Louis, à corps, à coeur et à cri, devient la voix de son père. C'est l'histoire d'un fils et d'un père qui n'ont plus honte de se regarder.

C'est un véritable pamphlet sur ce monde libéral qui broie les individus...

Un vrai texte touchant et fort sur le quart-monde oublié. On pense parfois à la démarche de J.D Vance et son roman”Hillbilly élégie” bien sur avec le coté rentre dedans de cet Edouard Louis.

"Le matin de mon anniversaire, j'ai trouvé au pied du lit un grand coffret blanc, avec écrit dessus en lettres d'or : Titanic. À l'intérieur il y avait la cassette, mais aussi un album photo sur le film, peut-être une figurine du paquebot. C'était un coffret de collection, sûrement trop cher pour toi, et donc pour nous, mais tu l'avais acheté et déposé près de mon lit, enveloppé dans une feuille de papier. Je t'ai embrassé sur la joue et tu n'as rien dit, tu m'as laissé regarder ce film près d'une dizaine de fois par semaine pendant plus d'un an."

Quatre-vingt pages fulgurantes et nécessaires.

Ne m'en voulez pas , je n'en dirais pas plus plus car , à tout expliquer, on en enlève un peu de la force de la découverte de ce texte ô combien poignant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          500
L'auteur, dans ce court récit autobiographique bouleversant décortique, explore le psychisme de son pére : " Pendant toute mon enfance, p. 15, j'ai espéré ton absence " .
Il n'a appris ,à connaître son géniteur ___ écrit- il "____ Que par accident ou " Par les autres ", il exprime cette douleur avec force et l'a redécouvert méconnaissable à 50 ans , le corps ravagé par un accident de travail qui lui avait tué le dos il y a des années déjà, à l'usine....
Le romancier devient alors la voix de son pére.
Le propos s'élargit presque à chaque page, à une large réflexion , plutôt , à mon sens , un Pamphlet Politique sur la vie de la cité , l'authenticité et la vérité de notre démocratie ....
Comment traite - t- on ces misérables qu'incarne si bien son pére , tous ceux que les gouvernants nomment souvent " les assistés " : handicapés, au chômage , malades ou accidentés ?
Les laissés - pour compte ?
Ce sont les victimes impuissantes de l'injustice , selon l'auteur , de cette société libérale qui exclut indifféremment de loi en loi et étouffe , broie les plus fragiles ......

" Pour les dominants , le plus souvent la politique est une question esthétique , une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne . Pour nous c'était vivre ou mourir ....."
Édouard Louis décode à sa maniére la relation de conflit avec son paternel via les cruautés d'un modèle fou : ce pére méconnu et mal aimé qui nous fait toucher la violence de notre société à travers un déterminisme social cruel générant le malentendu entre les hommes et les tragédies qu'il peut provoquer ....
Cet ouvrage conte aussi et ____c'est pour moi le plus important____ le retour vers le pére, l'histoire lente et longue d'un pardon, d'une réconciliation, d'une tendresse reconquise , d'une ouverture , d'une reconnaissance , l'histoire d'un pére et d'un fils qui n' ont plus honte maintenant de se regarder . Un pére qui l'avait " renié " pour son manque " de masculinité "...un pére qu'il magnifie désormais par l'écriture ...
Entre non - dits et souvenirs touchants ce récit est un long cri contre l'injustice , un pamphlet virulent , cru, d'un fils qui accuse exprimant une violence sociale qui touche et interpelle , mêlant pauvreté et politique .( Etait - ce utile de citer des noms à la fin de l'ouvrage ? )
Je peux me tromper mais c'est gênant pour le lecteur .....



" L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique ".
Son pére à une existence négative: " Tu n'as pas eu d'argent , tu n'as pas pu étudier , tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves . Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer la vie .."
J'ai lu et écrit un commentaire à propos de " En finir avec Eddy Bellegueule " , je n'ai pas encore lu " Histoire de la violence " .
Pas facile d'écrire à propos de ce petit livre...ce n'est que mon avis bien sûr .





Commenter  J’apprécie          452
Eh bien moi cela me rassure qu'une jeunesse ne bêle pas à tout comme des moutons. Parce qu'il faut dire que depuis Balavoine, Coluche, peu d'artiste et écrivain en ont pour dire tout haut aux politiques ce que la plupart pense. Les non-dits et différents entre un fils et un père qui se meurt. Un livre court et autobiographique qui amène peu à peu pourquoi et à cause de qui son père est devenu ainsi, après un accident de travail. Les dernières pages ont une force coup de poing.
Commenter  J’apprécie          330
Ce livre est beaucoup trop court, on a un peu l'impression quand même que l'auteur se fiche de nous à nous donner si peu. Ça se lit en à peine plus d'une heure. La plus grande partie du récit est intéressante, mais, comme d'habitude chez cet auteur, cela se dégrade dès qu'il commence à introduire de la sociologie ou de la politique – ici, à la fin. La vision manichéenne qui en ressort est grotesque. Mais surtout, littérairement, la fin semble être une leçon de ce qui précède, ravalant toute l'histoire – qui est quand même celle de sa vie – à même moins qu'un apologue : une fonction purement illustrative. le schéma de ses « pensées » politiques est si simpliste que malgré la chronologie de l'écriture, tout se passe comme si les idées politiques n'étaient pas déduites de son histoire, mais son histoire plaquée sur elles de façon artificielle. Plutôt que d'essayer de faire entrer sa vie dans ses préjugés politiques, il ferait mieux de la raconter pour elle-même : lorsqu'il le fait, c'est en général réussi (passons sur « pour ne pas qu'ils vous rattrapent » page 43…). Il ne devrait pas instrumentaliser sa vie au service d'une « révolution » plus qu'hypothétique.
Commenter  J’apprécie          291




Lecteurs (2016) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez vous bien lu "En finir avec Eddy Bellegeule" ?

Par combien de garçons Eddy se fait-il brutaliser dans les couloirs du collège ?

2
3
4
5
6

10 questions
255 lecteurs ont répondu
Thème : En finir avec Eddy Bellegueule de Édouard LouisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..