Pas vraiment passionnée par la tauromachie,mais ayant assisté dans ma jeunesse à plusieurs férias, corridas et ferrades entre Nimes,Béziers et Madrid, j'ai toutefois désiré découvrir à travers les treize textes de Pas de deux: Et autres nouvelles du prix
Hémingway 2011 les différentes sensibilités des auteurs récompensés.
Je n'ai pas été déçue, au contraire. Les différentes nationalités et cultures des nouvellistes primés (France, Etats Unis,Argentine,Colombie) donne une richesse de tons et de sujets exceptionnelle à ce recueil.
Bravo aux jurés qui n'ont pas privilégié la mise à mort mais une puissance émotionnelle identique à celle de
Les Bestiaires de
Montherlant.
Certains, comme
Robert Louison, le lauréat (Pas de deux), s'axent sur la sublimation chez l'enfant de la violence née du désamour maternel; d'autres comme
Lydia Lunch (Motherfucker) ou
Rozenn Guilcher (Vivre ne suffit pas) se mettent dans la tête d'un taureau; Antoine Deschamps (Violette et..) relate les fantasmes, empreints de bestialité, d'une épouse de matador passionnée mais frustrée; on retrouve des anti-corridas chez Marc Thorel (Echelle 7,5) ou Caïn Marques (Les astéroïdes troyens); on passe successivement du rêve à la réalité avec Wena Poon (Dialogue entre novillera et Minotaure); on philosophe d'après Tao avec Philippe Laideberie (Le livre de la corne et la vertu), on s'évade d'une bien étrange manière pour fuir les siens avec Nadège Vidal (La porte de sable);on boit plus que de raison en classe d'espagnol chez
Jacques Bruyère (Le papachuelo);on cherche la fierté dans les yeux des siens chez Philippe Soudée (Tienta), on se souvient du mentor de jadis, ami à présent mort avec Jorge Andres Acévédo (Souvenir pour un ami); on aime jusqu'à en mourir chez Marcelo Galliano (Les mains de Rachel).
Originalité,éciture sans failles,multitudes d'émotions,styles divers du cru à l'imagé en passant par du plus poétique,des téléportations de ci de là même dans le fantastique, les signatures sont souvent déjà connues des lecteurs; je me suis sentie revivre la fête du goût maximoise de l'an dernier, passant successivement de l'épicé au sucré,puis de l'alcoolisé au poivré; ce qui donne un mélange détonnant mais fort divertissant.